Avec ce froid glacial, elle était à la limite de l inanition et ne se fit pas prier pour accepter. Le poulet était tendre et fondant et dès qu'elle eut fini il lui remplit son assiette et son verre à nouveau. Si elle devait être traitée ainsi, elle serait beaucoup mieux en Russie qu'en Angleterre chez Lord et Lady Tarrant.
Emma n'avait pas la moindre idée du contrat qui avait été soudainement proposé aux parents de sa cousine. On lui avait dit simplement que Anne avait été remarquée à la cour de France par le frère aîné du prince Nicolas Adashev et que celui ci avait été tellement séduit qu'il s'était immédiatement renseigné sur son identité.
Lorsqu elles étaient revenues de Londres, il avait déjà rendu visite aux Tarrant afin de leur demander la main de leur fille pour le compte de son frère et ceux-ci s'étaient laissé convaincre.
Emma s'était souvent demandé pourquoi Lord et Lady Tarrant avaient accepté une telle offre. Depuis un certain temps déjà, elle s'était rendu compte qu'ils étaient presque ruinés et ne pouvaient donc se permettre de donner à Anne une dot suffisante pour qu'elle puisse épouser l'un des jeunes Lord fortunés avec lesquels elle dansait et sortait, mais était ce vraiment une raison suffisante pour signer un pareil contrat? A moins que les conditions financières aient été particulièrement avantageuses...
Anne quand à elle, n'avait rien compris à cette brusque décision de ses parents de la marier à un prince russe. Bien sûr, elle avait tout fait pour les en dissuader en essayant d'abord par le charme, puis voyant que ses efforts étaient inutiles, en leur faisant des scènes épouvantable, mais il n'y avait rien eu à faire.
Les préparatifs pour son départ étaient allés bon train et Emma avait appris qu'elle devait accompagner sa cousine. Lord et Lady Tarrant, en revanche devaient rester en Angleterre et n assisteraient donc pas au mariage de leur fille. La santé de Lady Tarrant était le prétexte officiel de cette étrange absence, mais en fait le manque d argent avait pensé Emma était la raison beaucoup plus vraisemblable.
Dimitri se pencha pour remplir son verre à nouveau, mais elle l arrêta d'un geste.
- Non, merci. Je commence à avoir sommeil, je crois que je vais monter me coucher.
Dormir... mais où? Si Anne n'avait pas voulu partager sa table avec elle, il était probable qu'elle ne voudrait pas non plus partager son lit et cela même si elle avait été contrainte de le faire plusieurs fois depuis leur départ d Angleterre.
Son compagnon se leva et s étira avec un long soupir.
- Sommes nous encore loin de Saint Pétersbourg ?
- Avec ce temps là, il nous faudra un jour, peut-être deux. Les routes sont meilleures en approchant de la ville.
Vous semblez impatiente de découvrir votre nouveau foyer.- Mon nouveau foyer? A vrai dire, je n'est guère eu le temps d'y penser...
- Vous avez accepté bien facilement que votre vie soit d'un seul coup bouleversée, observa Dimitri d'une voix un peu coupante. Vous êtes partie sans regret? Sans laisser derrière vous un être qui pleure votre départ et se désespère?
- Je ne suis qu'une domestique, comme vous et je vais là où on m ordonne d'aller, répliqua t elle en faisant demi-tour.
Elle commençait à se sentir bien et voila qu'en quelques mots malheureux, il venait de gâcher tout le plaisir qu'elle avait eu de rester en sa compagnie!
Elle se dirigea vers l'escalier avec précipitation et il la suivit de sa démarche tranquille, mais devant la porte de sa cousine, il posa sa main sur son épaule et murmura :
- Non, venez. Il l entraîna à l'autre bout du couloir et lui ouvrit la porte d'une petite pièces meublée d'un lit étroit et d'une chaise.
- Il n'y a rien d'autre que ce réduit dans cette auberge, mais au moins vous pourrez dormir.
- Mais...mais, c'est votre chambre! s exclama Emma en apercevant sa toque de fourrure et son manteau jetés en travers du lit. C'est très aimable à vous, mais je ne puis tout de même pas ...
- Si. J'irai en bas. Il y fait chaud et j'ai été soldat assez longtemps pour ne pas craindre de dormir à la dure. Bonne nuit mademoiselle.
Sans lui laisser le temps de protester, il ressortit et referma la porte derrière lui. Le matelas était dur, mais elle était trop fatiguée pour y prêter attention. Elle tira sur ses épaules l'épais manteau de Dimitri et quelques minutes plus tard, elle sombrait dans un profond sommeil.
Le lendemain matin, le voyage se poursuivit dans de superbes traîneaux entièrement matelassés de peaux d'ours pour se protéger du froid glacial qui régnait à l'extérieur. Il y avait deux troïkas c'est ainsi que l'on appelait ces véhicules tirés chacun par trois chevaux dont les harnais étaient ornés de minuscules clochettes en argent.
Irène et Jan montrèrent dans la première avec les bagages, tandis qu Anne, Emma et Dimitri montaient dans la deuxième. C'était bien plus confortable que la malleposte et très vite Emma se rendit compte que ce moyen de locomotion était parfaitement adapté aux routes enneigées et verglacées, mais Anne, bien entendu ne manqua pas de se plaindre de la lenteur avec laquelle ils progressaient.
Ils passèrent la nuit dans une auberge à quelques kilomètres seulement de Saint Pétersbourg où ils furent reçus avec de larges sourires. Un repas chaud leur fut servi devant une grande cheminée et Emma apprécia tout spécialement le bortsch, la soupe aux choux traditionnelle, et l'énorme pièces de bœuf que l'on fit rôtir sur la broche devant eux. Ensuite l hôtelier les conduisit avec une exquisse politesse dans des chambres séparées, bien chauffées et pourvues chacune d'un lit aux draps et aux couvertures immaculées.
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jusqu'à mon dernier Jour
Romancequand son oncle et sa tante ordonnent à Emma d'accompagner en Russie leurs fille Anne , promise au riche prince , quelle surprise l attend a st Pétersbourg celui qu'elle a pris pour l intendant du prince n'est autre que Dimitri , l héritier des Adas...