jusqu'à mon dernier Jour

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- Vous avez le même caractère que votre mère, n'est-ce pas ? Et ce n'est sûrement pas de la fierté écossaise de votre père qui a pu vous rendre soumise et docile . Cependant vous faites partie maintenant de ma maison et j'aimerais que vous repoussiez votre décision de nous quitter au moins jusqu'au mariage de votre cousine. À ce moment-là, nous pourrons parler de votre avenir de manière un peu plus approfondie.

Emma le contempla avec un peu de surprise et hocha la tête affirmativement.
Elle n'aurait jamais soupçonné qu'il puisse à ce point se sentir concerné par ses problèmes à elle.
Après tout, qu'importaient  quelques jours de plus ou de moins ?
Elle savait, de toute façon, qu'elle quitterait le service de sa cousine dès que cela serait possible.
Les Adashev avait suffisamment de relations pour qu'elle puisse trouver un emploi où elle serait bien payée et bien considérée.

Les domaines des Adashev était situé à mi-chemin entre le palais du tsar à  Oranienbaum  et le palais d'été de Peterhof.

Le voyage, à travers un paysage pétrifié par la neige et le froid, s'était déroulé sans incident de manière relativement confortable. Les domestiques étaient partis avec une journée d'avance afin que tout soit prêt pour leur arrivée et les deux troïkas étaient en train de traverser une épaisse forêt de sapins et de bouleaux, lorsque soudain les arbres se firent plus clairsemés et firent place bientôt à une plaine cultivée où apparaissaient ça et là des petits villages de bois et quelques isbas isolées.

Le traîneau qui précédait celui où se trouve et Emma et Irène, et dans lequel avaient pris place le prince Dimitri, le prince Nicolas et Anne, emprunta une grande allée bordée d'arbres centenaires au fond de laquelle se profilait une immense demeure de brique environnée de nombreux bâtiments de ferme et dépendances diverses et, quelques minutes plus tard deux véhicules firent halte devant un majestueux perron de marbre.

Il faisait un froid mordant et le prince Nicolas entraîna tout de suite Anne à l'intérieur tandis qu'Emma  s'attardait pendant quelques secondes à contempler l'immensité morne et désolée qui les entourait.

Un vent glacial soufflait au nord-est et, involontairement, ses souvenir la ramenèrent  15 ans en arrière.
Elle avait 4 ans alors que son père la portait dans ses bras. Il galopaient sur une lande déserte dont sa mère lui avait révélé plus tard qu'elle s'appelait Culloden moor. Cela se passait quelques jours seulement avant que l'armée du prince Charles ne fut écrasée et que son père.... elle frissonna et détourna la tête malgré elle.

-Vous savez, au printemps tout est très différent, remarqua le prince Dimitri qui se tenait juste derrière elle et l'observait d'un regard curieux.

-C'est également très beau en ce moment.

-Alors, pourquoi avez vous frissonné ? Un mauvais souvenir peut-être ?

Elle hocha brièvement la tête, mais ne répondit rien tandis que deux larmes roulaient lentement sur ses joues.

-Entrez et venez vous réchauffer, conseilla t-il en la apprenant avec sollicitude par les épaules.

Un grand feu crépitait joyeusement dans la cheminée monumentale dans laquelle on pouvait se tenir debout.
Les murs de l'immense salle était tendus de riche tapisseries des Gobelins et au carrelage de marbre était recouvert d'épais tapis persans aux couleurs chaudes et confortables.

Ici, aussi, tout respirait  le luxe et l'opulence, et Emma remarqua que sa cousine, qui s'était mise le dos aux flammes, souriait d'un air satisfait en faisant le tour du mobilier somptueux qui les entourait.

La jeune fille d'une quinzaine d'années à la silhouette frêle et au très fins et délicats vins aussitôt à leur rencontre.
Elle était d'une beauté éblouissante et sa robe de velours réhaussée de zibeline lui donner ce charme et cette classe que seules les femmes slaves sont capables de posséder.

- vous êtes Emma, sans doute s'écria-t-elle en lui tendre une main ou briller un magnifique solitaire. Dimitri m'avait fait une description si précise de vous que je vous aurais reconnu entre mille. Je suis Macha Adasheva, la sœur de Nicolas et de Dimitri. Bienvenue à Malayevka !

Ses yeux étaient pleins de gentillesse, si bleus que ceux de Dimitri mais avec un éclat un peu moins dur, un peu moins intense.

Un serviteur la débarrassa de son manteau et elle suivit Macha près de l'âtre. Elle aussi, comme le prince Dimitri, l'avait d'emblée considéré comme faisant partie de la famille .

Une petite table basse couverte de biscuits et de gâteaux avait été disposée devant le feu et un samovar de chocolat chaud laissait échapper une alléchante odeur.

La princesse lui en servit une tasse et tandis qu'elle buvait avec délice le liquide onctueux est brûlant, la jeune fille alla s'asseoir auprès de son frère sur le sofa et lui posa aussitôt une foule de questions à propos des funérailles de la tsarine , des dernières nouvelles de la cour et enfin sur le mariage très proche d'Anne et de son frère.

- je suis si impatiente de retourner à Saint-Pétersbourg !
On est vraiment trop isolé dans cette maison. Il n'y a pour ainsi dire jamais de visite. Quand est-ce que la cérémonie aura lieu ? J'ai hâte de voir enfin un peu de monde !

- après demain répondit Dimitri en souriant de l'exubérance de sa petite sœur et, en tant que maîtresse de maison, tu vas avoir beaucoup de travail pour recevoir dignement Sa Majesté, sans compter tous les autres invités... tu ne vas pas avoir de quoi t'ennuyer je te l'assure !