Chapitre 5

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Pdv Emma

Malgré le fait que j'avais tous fait durant le Week-end pour éviter que le lundi arrive vite, ce dernier était pourtant bel et bien là. L'idée de revoir Tyler après la soirée et le message qu'il m'avait envoyé, me terrifiait. Comment allait-il agir aujourd'hui? Peut-être qu'il allait venir me parler comme à la soirée. Ou bien m'ignorer pouvait être une autre possibilité. Beaucoup trop de questions tournaient dans ma tête et je ne pouvais me concentrer sur autre chose. Tout le Week-end, je n'avais pas arrêté de penser au moment où je le verrais et le stress que j'avais ressenti était désormais beaucoup plus grand.

En arrivant dans la cours du lycée, le moins qu'on puisse dire c'est que j'étais aussi blanche qu'un cachet d'aspirine. Pendant le trajet de ma maison jusqu'au lycée, seule Clémence avait parlé. De mon coté, je me contentais de lui répondre avec des simples hochements de tête ou alors par des réponses brèves telles que "oui", "non" ou "hum". Elle avait remarqué mon manque de conversation mais n'avait pas daigné y prêter attention. La connaissant, elle pensait sans doute que c'était normal et qu'il valait mieux me laisser tranquille au lieu de me noyer de questions. Et cette décision me convenait parfaitement. J'observais attentivement la cour à la recherche de Tyler afin de pouvoir l'éviter si je devais avoir à le faire, mais il ne se trouvait nul part. Ne le voyant pas, mon stress redescendait petit à petit et le calme revenait en moi. Il ne fallait pas non plus que je me détende trop, car je pouvais le voir arriver à tous moments et là ça serait la crise cardiaque assurée. C'est ainsi que cette nouvelle semaine de cours commença, je pris alors le chemin pour aller en cour d'espagnol. Eh merde j'avais pas pensé à ça... Tyler est à côté de moi en espagnol et j'avais complètement oublié ce détail... mon cœur se remit à battre plus fort et le calme qui était en moi quelques secondes auparavant, était désormais inexistant et avait laissé place à une boule dans mon ventre. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir lui dire ? Je ne sais pas faire la conversation aux personnes que je ne connais pas. Une fois de plus je me posais encore trop de questions, c'est vraiment un défaut chez moi. En me dépêchant pour rentrer dans les premiers, quelques personnes sur mon passage furent bousculées par ma faute et me lancèrent des regards noirs. Mais je n'avais pas le temps de m'excuser, je voulais être arrivée avant Tyler pour ne pas avoir à le regarder. Un léger sourire se dessina sur mon visage lorsque je vu que Tyler n'était pas là, bien sûr c'était évident puisque que Tyler arrivait toujours en dernier. Je suppose que c'était une réputation à tenir. Je pris donc le soin de sortir mes affaires mais tout en guettant la porte pour ne pas être surprise par l'arrivée de ce garçon qui me perturbait tant.
Toute notre classe était maintenant rentrée et s'installait tranquillement, mais lui il n'était pas là. Peut être arriverait-il en retard comme le premier jour...

Pdv Tyler
Je déteste le lundi. Il faut reprendre une semaine de cours et pendant ce temps je dois garder ma réputation, bienvenue dans la vie typique d'un populaire. Cependant aujourd'hui je n'irais pas en cours, le décider sur un coup de tête m'aurait bien plu mais ce n'était pas la vraie raison. La vérité c'est que ma mère est atteinte d'un cancer et aujourd'hui c'était le jour de sa première séance de chimiothérapie. Nous avions appris il y a seulement un mois qu'elle avait un cancer du poumon, or celui-ci était déjà arrivé à un stade bien avancé et ne s'était pas manifesté avant. Le jour de mon anniversaire le 13 août, j'étais au restaurant avec mes parents pour fêter mes 17ans. Mais en milieu de repas, ma mère était soudainement tombée de sa chaise et avait du mal à respirer à cause d'une très forte douleur à la poitrine . Le patron du restaurant avait directement appelé les urgences et après un enchaînement d'examen, le résultat était tombé. Si nous voulions avoir une chance de la sauver il fallait se dépêcher. Voilà ce que les médecins nous avaient  dis à mon père et moi,mais moi je n'y croyais pas. De jour en jour je voyais que l'état de ma mère se détériorait et j'étais impuissant face à cela.
Je me surpris à sourire en regardant ma mère se préparer, c'était la personne que j'aimais le plus dans ce monde. Elle m'avait tellement apporté lorsque j'étais jeune et elle continuait toujours de le faire malgré tout. Mon père était aussi présent pour moi et j'étais aussi proche de lui, mais moins que ma mère car il était plus souvent au travail. Il travaille dans un cabinet d'expert comptable et c'est grâce à lui que nous avons une bonne situation financière. Évidemment il ne pouvait pas accompagner ma mère aujourd'hui à cause de son boulot, alors c'était moi qui avait décidé de venir avec elle. De toute façon, dans tous le cas je serais venu car louper une journée de cours était le cadet de mes soucis. J'étais perdu dans mes pensées, quand la voix de ma mère me disant que nous devions y aller, me ramena rapidement à la réalité.
Bien que le trajet jusqu'à l'hôpital était rapide il se fit en silence et plus on se rapprochait de l'hôpital plus le visage de ma mère se fermait ce qui devait être lié au stress. Quant à moi, je ne savais pas quoi dire. En temps normal je raconte tout à ma mère un peu comme si c'était une pote, sauf que là je n'arrivais pas à trouver mes mots. Plusieurs fois j'ai pensé que je devais la réconforter et lui faire penser à autre chose mais je n'ai pas eu le cran de le faire. Tout le monde pourrait avoir du mal à le croire puisque j'ai toujours une confiance incroyable en moi et un fort caractère, mais face à ma mère je ne suis plus que le petit garçon que j'étais il y a 10ans. Il faut dire qu'avant quand elle allait mieux, c'était toujours elle qui avait le dernier mot avec moi car elle a un caractère encore plus fort quand elle veut.
En arrivant à l'hôpital une sensation étrange s'empara de moi, mon cœur se resserrait petit à petit et ma respiration devenait de plus en plus rapide. À côté de moi, ma mère était aussi blanche que les murs de l'entrée, alors pour éviter qu'elle tombe je la pris par le bras. Elle ne remarqua pas mon geste mais je ne pouvais pas lui en vouloir car c'était tout à fait compréhensible qu'elle soit comme ça, à la place elle se contenta de suivre l'infirmière qui était venu nous chercher pour nous diriger vers la salle d'attente de la chimiothérapie. A l'intérieur de la salle se trouvait quelques personnes et elles avaient toutes une tête d'enterrement. J'avais l'impression que cette salle était la salle d'attente vers la mort, comme si chacun avait pris son ticket pour embarquer sur la barque de Charon avant de passer au jugement.
Après une demi-heure d'attente, un jeune infirmier appela ma mère et nous incita à le suivre. La salle de chimiothérapie se trouvait juste en face de la salle d'attente et avant d'entrer ma mère me lança un regard inquiet. Pour la rassurer, je me pencha et lui fit un bisou sur la joue ce qui la fit légèrement sourire. Ma mère alla s'installer sur le fauteuil que lui indiquait le médecin et moi je me mis dans un coin un peu plus à l'écart pour ne pas gêner. Le temps que le médecin explique à ma mère  comment les séances allaient se passer, je me mis à observer ma mère car après cette séance je ne la verrais plus pendant une semaine. Elle devait rester sous surveillance à l'hôpital au cas où il y avait un soucis suite aux réactions que son corps pouvait avoir. Je ne supportais pas le fait de devoir laisser ma mère seule pendant une semaine mais je viendrais tout de même la voir un soir sur deux si j'en avais l'occasion et sinon je l'appellerais.
Durant tout le long de la séance, ma mère me regardait toujours avec son air inquiet. Avec les infirmiers et les médecins nous avons essayé de raconter quelques petites blagues et de parler un peu mais cela n'avait pas réussit à la détendre. Toutefois ma mère semblait résister à la douleur et cela ne m'étonnait guère car je savais qu'elle était très forte. Bien sûr je remarquais les frémissements de sa peau au niveau de la poitrine, mais elle ne se plaignait pas et continuait de répondre qu'elle allait bien lorsqu'on lui posait la question. Une fois la séance finit, ma mère fût installer dans une chambre individuelle et le moment était venu pour moi de lui dire au revoir. Je la pris une dernière fois dans mes bras et lui chuchota que tout irait bien.
N'ayant pas 18ans je n'avais pas encore le permis alors je me dirigeai vers la station de bus pour rentrer chez moi où mon père devait m'attendre vu l'heure. En attendant le bus, une pensée soudaine me vint à l'esprit. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi, il me fallait juste un remontant après cette journée compliquée. Deux options s'offraient à moi : la première était l'alcool et la deuxième était Ambre car elle n'habitait pas très loin d'ici. Mon choix se fit rapidement et se porta sur Ambre, après tout j'étais toujours avec elle pour l'instant même si ce n'était plus longtemps et je savais qu'elle ne refuserait jamais de me voir. Et puis je pourrais peut être même voir Emma en même temps. Depuis le petit message que je lui avais envoyé samedi soir, elle m'était un peu sortie de la tête parce que j'avais juste pensé à ma mère ce qui était normal.
J'écris un message à mon père pour ne pas qu'il s'inquiète et je me mis alors en route tranquillement vers ma destination, automatiquement mon esprit se concentra sur Emma. Je me demandais comment je pourrais bien l'avoir et combien de temps ce petit jeu allait durer. La meilleure technique pour l'amadouer était dans un premier temps devenir ami avec elle, ce qui me permettrait de gagner sa confiance plus facilement.
Dix minutes plus tard, je me trouvais sur le portique de la maison d'Ambre et Emma. J'attendis quelques secondes après avoir sonné, puis un bruit de serrure se fit retentir. La porte s'ouvrît juste après et la personne qui m'accueillait n'était autre que Emma. Bingo ! Je souriais tout content de la voir mais elle ne semblait pas partager le même sentiment que moi à en croire sa tête. Son visage était pâle et elle se contenta juste de me faire entrer en silence après quelques secondes de réflexion. Ah bah super l'accueil avec elle, mais bon ce n'est pas ça qui va m'arrêter dans mon objectif.

On se ressemble sans le vouloirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant