Segment-79

35 1 2
                                    

J'étouffe
Je respire mais je sens ce poids sur ma poitrine
Mes jambes bougent toutes seules
Je ne me pose même plus la question de comment elles tiennent mon pas de course habituel
Cela tellement de fois où mon esprit s'écroule et qu'elles continuent d'avancer
"Je crois qu'on l'a vexée"
Je ne sais même pas ce que vous disiez
Mais si tu crois ça, pourquoi tu ne fais rien d'autre connard ?
"Vous avez fait quoi ? J'ai entendu le mot vexé"
Pourtant tu ne fais pas non plus grand chose
Vous semblez vous inquiéter mais aucun ne m'empêche de vous distancer de mon mystérieux pas de course

Tant pis

Je ressasse les sales pensées que m'a filé cette intervention stupide

Je me sens immonde à fantasmer à être soumise contre mon gré
C'est presque si je ne rêve pas à me faire violer par un ami
Je me sens tellement sale...
Mes fantasmes ne sont au fond que le fruit de la culture du viol poussée à son paroxysme
Ça me dégoûte tellement...
Ça me rend malade
Un sentiment tellement nocif croît en moi et envers moi
Je me sens dégoûtante

Ensuite cette honte de ne savoir vivre pour moi
"Demandez vous si ce que vous faîtes c'est pour vous ou pour les autres"
"Faîtes ce que vous avez envie, pas ce qui plaît aux autres"
Est-ce vraiment si grave de ne pouvoir se séparer du regard des autres ?
De ne pouvoir être heureuse sans plaire, être adorée de tous ces gens que je hais ?

Au fond je sais que je ne serais jamais heureuse
Et ça me détruit
Parce que je ne pourrais jamais être moi pour plaire aux autres, ou même à moi
Seulement je ne peux supporter d'être deux moitiés d'une personne différente
À moitié joyeuse, enfantine, extraverti et tellement d'autre chose que j'adore
Et à moitié tellement détestable
Et je ne peux supporter de vivre à demi-mots

Je pourrais peut-être être heureuse si je me laissais sombrer dans ce côté que malgré tout je ne peux m'empêcher d'adorer
Mais je suis trop lâche pour abandonner ces belles paroles que sont les restes de ma lumière
Et puis est-ce vraiment une vie que de chuter de ce côté ?
J'en doute.
...
Ce côté aussi noir que répréhensible...

Mais ma couleur préférée n'est-elle pas le noir ?

Recueil de mes sombres penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant