REGRETS

5 | Un peu

   Encore et toujours pareils, les cours ne changeront pas. Ils sont d'un ennui répétitif qu'Adam n'arrive plus à supporter. Mais s'il a pu jusqu'ici tolérer l'encombrante présence de ses amis, il peut tenir encore des années ; enfin, c'est ce qu'il se dit à chaque fois qu'il y repense.
   Mr pounto le sort de ses rêveries en l'interpellant.
   – Adam, tiens ! Peux-tu me dire qui s'est faites guillotinée le 16 octobre 1793 à Paris ?
   Adam lève la tête vers le professeur et lui répond sur un ton sarcastique :
   – Monsieur, je sais que vous ne doutez point de ma grande intelligence, et c'est pourquoi il vaudrait mieux interroger un élève en difficulté... Comme Antoine, par exemple !
   Il se retourne avec un sourire moqueur vers son camarade.
   – Eh ! C'est pas moi qui me tape des huit sur vingt en histoire.
   Le professeur ne peut s'empêcher de lâcher un petit ricanement et toute la classe fait de même. Adam, humilié, rétorque :
   – Ah ah ah... C'est très amusant ça, Marie-Antoinette, dit Adam en faisant référence au prénom de son ami.
   Mr pounto, se trouvant stupéfait mais fier, fait taire la classe et félicite Adam pour sa bonne réponse.
   Une trentaine de minutes plus tard, Adam se retrouve enfin dehors.
   Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de personnes que d'habitude. Les bancs sont tous utilisés, mais ses yeux s'accrochent tout de suite à ceux qui le regardent. Elle.
   Le visage sévère d'Adam s'adoucit et il baisse la tête en frottant le dessous de sa chaussure contre le sol.
   En quelques secondes, il trouve le courage de relever son minois vers la jeune fille, qui fait déjà autre chose. Elle tient son sac sur ses genoux et fouille à l'intérieur. Elle en sort un petit livre avec une couverture vert et noir. C'est un nouveau livre, pense Adam.
   Tony et Antoine viennent s'accouder sur lui. Ils se mettent à observer dans la même direction.
   – C'est qui ? demande Tony.
   – Sa sœur, rétorque Antoine.
   Adam écarquille les yeux et repousse Antoine en grimaçant. Tony se met à ricaner comme un enfant.
   – Vous êtes sérieux là ? Je suis pas consanguin, abrutis.
   Adam lance un regard gêné vers la fille.
   – Elle a fini le livre qu'elle lisait les semaines passées, souffle Adam.
   – Super intéressant ça. Maintenant, va lui parler pour lui demander ce qu'elle en a pensé, dit Tony en le poussant vers les bancs.
   – Mais arrête putain, hurle Adam en reculant.
   Sam et Matt se rajoutent à cette querelle et poussent encore plus fort leur ami vers les bancs. Leurs jambes s'entremêlent et ils finissent par tous se retrouver par terre. Adam balance sa tête en arrière et regarde, les joues rougies, la fille aux cheveux colorés qui rigole. Il se relève d'un coup, puis s'enfuit à toute vitesse pour se cacher dans les couloirs du lycée, suivi par Tony.