Les lundis sont tous les mêmes. Toujours. Deux heures de français, une heure d'anglais, une heure d'espagnol, une heure pour manger, une heure d'histoire, une heure de libre - la miraculeuse - puis une heure de science. Les routines, c'est la chose que déteste le plus Adam. Quoi de pire que de revivre sans cesse la même chose, sans changement ni rien. Surtout quelque chose qui n'est même pas divertissant.
Adam attend impatiemment que le cours d'histoire se termine. Il vient de sortir de la cantine et pourtant, il meurt de faim. Les grondements de son ventre cassent le silence de plomb dans la salle, et les élèves ont du mal à masquer leurs rires. Le professeur désespère, même en pleine évaluation, Adam arrive à déconcentrer ses camarades de classe.
Mr. Pounto se racle la gorge de façon à attirer l'attention du jeune homme. Adam relève la tête et le professeur fronce les sourcils pour lui faire comprendre son agacement.
– C'est pas de ma faute monsieur... À la cantine, ils nous nourrissent pas assez.
Adam roule des yeux et replonge sa tête entre ses bras pour dormir. Il ne peut quand même pas contrôler les bruits de son corps, c'est insensé. Il entend maintenant le bruit des aiguilles de sa montre, son oreille est collée dessus. Tic. Tic. Tic. Tic. Tic. Le bruit est strict et régulier. Adam est de plus en plus apaisé, pensant à la chambre de sa grand-mère où il dormait chaque week-end quand il était plus petit, s'endormant avec la musique des aiguilles du réveil posé sur la table de chevet à côté du lit.– Adam. ADAM !
Ce n'est pas l'écho du réveille-matin qui sonne, mais la merveilleuse voix du prof d'histoire qui tend la main en désignant la feuille d'évaluation. Il a répondu à toutes les questions, mais est peu sûr d'y avoir mis les bonnes réponses. Il se lève difficilement de sa chaise en la faisant grincer sur le sol et s'approche du bureau pour donner sa feuille.
Il finit par rejoindre ses potes dans le couloir et ils descendent dans la cour. Il fait mauvais temps, le ciel est gris et il y a quelques coups de vent.
En s'éloignant de plus en plus dans la cour, il l'aperçoit enfin. Elle. Elle lit encore et toujours le même livre. Adam reconnaît la première de couverture. Il l'examine de loin. Elle lit plutôt vite, vu l'épaisseur, le bouquin doit avoir plus de six-cent pages. Adam ignore comment la fille fait pour porter son sac quand elle le range à l'intérieur, il doit peser une tonne pour un si petit corps et de fines épaules.
Elle ferme son livre d'un coup et lève la tête vers le ciel, il commence à pleuvoir. Elle attrape son sac et se met debout pour y disposer son ouvrage. Elle se retourne, balaye des yeux la cour et s'en va.
Adam a un doute sur le fait que leurs regards se soient croisés, et cela l'embête tout de même un peu qu'elle parte se réfugier à l'abri dans le lycée, loin de lui. Il ne sait pas ce qu'il ressent au fond de lui, mais il a le sentiment étrange de vouloir la connaître, de pouvoir lui poser mille-et-une questions. Une main se pose sur son bras.
– Tu viens mec, il commence à pleuvoir. On va se mettre sous l'arbre là-bas, avertit Matt.

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REGRETS
Fiksi UmumS'il lui avait suffi d'un seul regard pour faire naître des sentiments, il lui aurait fallu des paroles pour sauver son propre châtiment... Toutes copies est punissable par la loi.