La guerre du mensongeEn me réveillant le lendemain matin, j'eus l'impression de sortir d'un très long rêve. Même après m'être lavé le visage à l'eau gelée, brossé les dents avec mon dentifrice le plus fort, et fixée dans le miroir pendant ce qui m'avait semblé une éternité, je n'arrivais pas à réaliser que tout ce que j'avais vécu la veille était réel.
Lorsqu'Inaya m'avait harcelée pour me maquiller, me coiffer et me trouver une tenue, j'avais longuement soupiré, parce qu'en ce qui me concernait, je n'avais cultivé (presque) aucun espoir quant à cette soirée. J'avais tant l'habitude des faux espoirs que c'était un mécanisme automatique chez moi. Lorsqu'elle m'avait montrée le fruit de ses deux heures de préparation à travers le miroir à pied de ma chambre, fière comme tout de son travail, je m'étais dit que je n'assumerais jamais de me montrer à Vito... comme ça. Ça empestait la tentative de drague inavouée et ça m'embarrassait énormément. Mais je pense que la seule raison pour laquelle je n'avais pas davantage protesté, c'était parce qu'au fond, vraiment au fond, en dessous de tout ce manque d'assurance et de cette peur inconditionnelle d'être blessée, je crois que Vito me plaisait un peu. En tout cas, assez pour que j'ai peut-être envie de lui plaire, quelque part. Ce n'était pas des espoirs, je n'y allais définitivement pas en espérant obtenir quelque chose de lui. Je voulais juste apprendre à le connaître.
Et je voulais qu'il me trouve jolie. Bon, un peu contradictoire, c'est vrai.
Alors après être rentrée de notre dîner, après qu'il m'ait embrassée, j'ai longuement regardé ma main en repensant au moment où il me l'avait saisie. Il avait les mains froides, mais douces. Leur contact avait électrifié mon corps tout entier, et je n'arrivais pas à me le sortir de la tête depuis. Ni cette sensation, ni son visage, ni ses beaux yeux clairs, ni sa voix calme et posée. Ça m'énervait presque d'avoir été si facile à mettre dans sa poche, mais je n'avais pas l'expérience nécessaire pour pouvoir jouer la femme difficile.
Je n'avais eu que deux copains dans ma vie. Le premier, c'était au collège : il s'appelait William. Un petit garçon aux yeux noirs et aux cheveux bruns, gentil comme tout et avec qui je m'entendais très bien. A l'époque, nous n'accordions que peu d'importance à nos physiques respectifs, et ni mes joues dodues ni sa petite taille ne nous avaient empêchés de sortir ensemble. Cependant, au bout d'à peine un mois, nous avons réalisé que nous étions peut-être mieux en tant qu'amis, et notre relation s'est terminée. Peu après, il a déménagé dans une autre région, et les aléas de la vie nous ont conduit à nous perdre de vue.
Le second, et par ailleurs le dernier en date, s'appelait Nour. Ma première vraie déception amoureuse. Durant le lycée, je n'étais pas très féminine et, avec la puberté, mes poignets d'amour et ma poitrine ont grossi de manière significative, de sorte à ce que je ne rentrais pas réellement dans les critères de la fille spécialement attirante pour cette tranche d'âge. Au fond, je pensais que la seule raison pour laquelle nous avions terminé ensemble, c'était peut-être que j'étais « gentille et drôle ». Enfin, c'était ce qu'il m'avait dit en me quittant pour une fille bien plus fine et belle que moi, une colombienne. Il habitait dans mon bâtiment et nous rentrions souvent ensemble, ça avait peut-être aidé à le rapprocher de moi. J'aimais toujours dire que c'était du passé et que fort heureusement il avait également déménagé juste après la fin de notre relation de presque six mois, mais je pensais au fond que son manque de sincérité envers moi, et le fait que je ne lui plaisais pas vraiment en définitive, ça m'avait vraiment blessée. Nous étions en fin de première lorsqu'il avait décidé de rompre. A ma rentrée en terminale, j'avais encore grossi : les contre-coups du stress et de la déception. J'étais soulagée qu'il soit parti durant l'été, car je pense que je me serais sentie humiliée s'il m'avait vue dans cet état.
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Combien pèse l'amour ?
Romance"Je te paris 200 euros que t'es pas capable de sortir avec elle !" Vito a terriblement besoin d'argent. Luna vient de se faire jeter à cause de son poids. Et une bande d'idiots bourrés vient de lancer un pari absurde.