Partie 9 - Luna

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Pizza, larmes et chocolat


« On se voit plus tard. »

Ces mots furent les dernières paroles que j'eus adressé à Vito après l'avoir sauvagement attrapé par le col pour l'embrasser, sous les regards abasourdis du concerné et de ses amis. Et bien que je réussis à faire bonne figure jusqu'à ne plus être dans leur champ de vision, une fois arrivée dans l'amphithéâtre vide où Inaya m'attendait comme à chaque fin de semaine, mes jambes vacillèrent subitement et je manquai de peu de perdre l'équilibre.

Je n'avais pas réalisé que j'avais vraiment fait ça.

« J'ai embrassé Vito.

-        Attends.... quoi ? lança ma meilleure amie les yeux ronds en sautant brusquement de la table où elle était allongée à regarder son téléphone. Luna... j'ai bien entendu tu as... attends, quoi ? »

Un peu plus tôt, j'avais quitté Inaya sur un coup de tête en lisant le sms de Vito alors que l'on marchait en direction de l'amphithéâtre, et je lui avais vaguement crié de m'attendre dans la grande salle. En me retrouvant face à elle, ce fut les seuls mots que je pus lui adresser. « Je l'ai embrassé ».

Je sentis un vertige me prendre subitement, tandis que la belle brune semblait vouloir s'arracher les cheveux.

« Mais pourquoi tu...

-        Je ne sais pas... »

Ma meilleure amie se figea brusquement en voyant mes yeux brouillés de larmes. Mes poings étaient si serrés que mes ongles transperçaient presque ma paume.

« Je ne sais pas... lançai-je en bégayant, les larmes me montant aux yeux. Je... j'étais obligée... mais pourquoi c'est toujours moi qui dois me faire humiliée... »

Me voyant complètement lâcher prise et ouvrir les vannes de mes pleures, le visage d'Inaya s'adoucit subitement, adoptant un air profondément désolé. Elle me prit alors lentement dans ses bras afin de m'apaiser, me caressant tendrement les cheveux en me serrant contre elle pour que mes larmes cessent comme le ferait une mère.

Je sentais son cœur battre contre ma poitrine, et sa douce odeur de shampoing au monoï me chatouiller les narines.

« Tu sais... je ne sais même pas pourquoi je pleure, avais-je balbutié sur un ton las. J'avais juste les nerfs contre lui il y a trente minutes, mais... j'ai senti ses lèvres contre les miennes et ça m'a rappelée combien... quand il m'avait embrassée, c'était tellement... j'étais tellement contente que, là, ça rend la chose encore pire... c'est comme si j'avais repris mon humiliation en pleine face... tu comprends ? »

Inaya continua de me caresser la tête sans dire un mot en hochant lentement la tête à plusieurs reprises. Puis elle prit une inspiration avant de me dire :

« ... tu as fait ça à cause de ce que t'as dit Michael à l'hôpital, Luna ? C'est parce qu'il t'a avoué que Vito avait besoin de l'argent de ce pari pour soigner sa mère, hein ? »

Je serrai un peu plus ma meilleure amie contre moi en fourrant ma tête davantage dans son cou.

« Quel idiot, celui-là... soupira-t-elle. Tu as vraiment un cœur trop grand. »

Elle s'écarta un peu de moi pour pouvoir me regarder dans les yeux, et me faire un grand sourire en essuyant mes larmes de son pouce. Qu'est-ce que je la trouvais jolie, avec son sourire, sa peau caramel, ses lèvres pulpeuses, ses boucles.

Je m'en voulus infiniment à cet instant de me demander si Vito serait tombé amoureux et aurait laissé tomber ce pari, si ça avait été elle au lieu de moi.

Combien pèse l'amour ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant