Chapitre 10.2

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21 h 35, Emma se retrouve devant la grande bâtisse de style néo-classique coincée entre deux imposants immeubles. Les vitraux, qui ornaient autrefois la façade, sont masqués par des planches de contre plaquées. L'église semble à l'abandon, pourtant une affiche placardée sur la grande porte annonce les prochaines messes.

Emma empreinte la porte verte centrale puisque les deux autres l'entourant sont condamnées. La lourde porte résiste face à la force d'Emma. Elle doit s'y reprendre à plusieurs reprises pour en venir à bout sous des grincements retentissants dans ce lieu de prière.

Son arme à la main, elle pénètre à l'intérieur. Elle avance lentement à l'affût du moindre bruit. La vue dans toutes les directions confirme les doutes qu'elle avait. Cette paroisse tombe en ruines. Les vitraux sont ébréchés, des bassines sont disposées ici et là pour recueillir la pluie d'un toit parsemé de trous.

Emma n'est pas une adepte de la religion, entrer dans ce lieu lui provoque des sueurs froides. Elle avance, prenant soin de ne pas heurter les débris jonchant le sol en pierre noircie. La saleté est omniprésente. Tout semble figé dans le temps, les toiles d'araignée ornent les statues. La poussière épaisse blanchit les bancs de prière et les tableaux. Quelques bougies diffusantes une faible lumière résistent parmi les nombreuses éteintes. La cire sèche recouvre en grande partie les présentoirs en bois piqués par les vers.

La fraîcheur du site associée à l'odeur de la moisissure enlève tout le charme répandu de ce berceau de la religion chrétienne.

Se cachant le nez et la bouche avec son cache-cou de moto, Emma cherche du regard le confessionnal.

Elle espère ne pas être tombée dans un piège. Que risque-t-elle finalement, rien. Elle n'a personne dans sa vie, la seule comptant le plus pour elle est entre les mains de ce psychopathe qui s'avère être son conjoint.

Elle doit trouver cette clé ainsi que l'endroit où il lui a donné rendez-vous. Elle n'a aucun indice, il lui a simplement précisé qu'elle connaissait ce lieu.

— Chaque chose en son temps ! se dit-elle. Je dois déjà mettre la main sur la clé !

Arrivée devant le fameux confessionnal aux rideaux rouges virant vers le rose, Emma se place sur le côté, son arme prête à tirer elle retient son souffle et ouvre la porte posément puis en l'espace de quelques secondes, elle inspecte l'intérieur en pointant son arme sur chaque espace scruté par ses yeux.

— RAS ! crie-t-elle machinalement.

Elle vérifie que personne ne l'ait entendu en étudiant les alentours, en se reprochant mentalement son manque de discrétion.

À peine sa phrase terminée, son téléphone sonne, résonnant dans cette église quasiment vide. Emma sursaute, s'en veut de s'être laissée effrayée, elle jure entre ses dents. Le numéro est masqué, elle n'a aucun doute sur l'identité du correspondant.

— Jack !

— Bonne déduction ma chère !

Emma l'entend ricaner au bout du fil, il se moque ouvertement d'elle.

— Avez-vous trouvé la clé ? reprit-il avec mépris.

— Non !

— Quelle déception ! Une policière si brillante ! Les réputations sont parfois usurpées... Est-ce votre cas ? Allez Emma ! Vite ! Vous n'avez pas toute la nuit. Il fait froid là où nous sommes et votre amie n'est pas apprêtée pour les soirées d'automne. Un peu de jugeote. Je vous ai déjà bien assez aidé.

— On n'y voit presque rien ! Je fais ce que je peux !

— Vous manquez de motivation ! Vous allez le regretter, croyez-moi !

Sa voix siffle, menaçante. Emma perçoit le son d'un coup suivi d'un cri de douleur.

— Vous me prenez pour un imbécile, mais l'idiote ici, c'est vous. Vous avez oublié que je détiens la femme que vous baisez derrière mon dos ! hurle-t-il cette fois.

Emma regrette ses paroles, ses yeux brûlant de rage fixent l'isoloir, plus jamais elle n'acceptera que l'on s'en prenne à Regina. Pourtant, elle reste là, raide, sans dire un mot. Adossée contre la paroi, elle se concentre sur sa mission. Ses yeux vagabondent à la recherche de l'objet précieux. Elle remarque une pièce en bois particulière. Elle s'en approche, caressant la surface quadrillée du bout des doigts. Elle glisse son index dans l'un des trous, d'une légère pression, elle l'ouvre. Ses yeux s'écarquillent lorsqu'elle remarque cette maudite clé.

— J'ai la clé ! annonce-t-elle au téléphone.

— Parfait ! Vous savez ce qui vous reste à faire ! raille-t-il.

Où doit-elle se rendre ? Elle n'en a aucune idée. Nombreuses sont les possibilités. Elle ne peut pas écumer tous les sites qu'elle connait. Une idée lui vient à l'esprit. Elle accourt vers la sortie, elle a besoin de respirer l'air frais et pur de dehors.

Une fois devant sa moto, elle prend soin de ranger la clé dans la poche intérieure de son blouson.

Crime à New York ( terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant