chapitre 19

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Le lendemain, je suis réveillé par les rayons du soleil à travers les planches de la fenêtre. Je regarde Elys dormir sur mon bras. Ses cheveux bruns-roux tombent en cascade sur ses épaules, et lui donnent un air angélique.
Me levant sans faire de bruit, je marche à pas de loup vers l'établi. Mon regard tombe sur un dessin au crayon étrange; intrigué, je prends la feuille dans ma main.
Le dessin représente un arbre en floraison, entouré d'un cœur. Au dessus est tracé un rond, relié aux branches de l'arbre par un trait.
Elys se relève derrière moi.
  - Ne me dis pas que tu ne sais pas ce que c'est, dit-elle en riant.
  - Eh bien... Je réponds, penaud.
  - Approche.

Je pose le dessin sur le lit. Amusée, elle le retourne et je commence à comprendre.
  - C'est un des dessins de mon père sur les schémas émotionnels, explique t-elle. Ça, c'est l'arbre de la vie, avec les racines et les fleurs. Le milieu est entouré d'un cœur pour représenter le moment où on trouve l'amour véritable.
  - C'est l'arbre jungien de l'autoréalisation! Je m'exclame. Donc au dessus, dis-je désignant le rond, c'est une représentation de la stabilité.
  - Il pensait qu'on ne peut pas s'autoréaliser totalement avant d'avoir trouvé l'amour, m'explique t-elle.
  - Dans ce cas, je peux m'autoréaliser, je réplique en l'embrassant.
Dans un sens, je n'ai pas tout à fait tort: je me sens plus complet au manoir que dans ma propre maison. "Le manoir est devenu ma maison" je songe en souriant à Elys.
Soudain, elle se lève d'un bond et prend la veste qu'elle a quitté la veille au soir, avant de l'enfiler en dévalant les escaliers.

  - la stabilité... On peut peut-être ouvrir l'armoire! S'écrie t-elle en évitant l'avant-dernière marche. Vas me chercher un verre d'eau!
  - Tout de suite! dis-je en m'élançant dans la cuisine.
Le temps qu'il faut pour trouver un verre et le remplir, et je la rejoint au laboratoire.
  - Pose-le au dessus, s'il te plait.
Je m'exécute et tente de trouver quel plan ingénieux elle a bien pu inventer. Lorsque je la vois revenir avec un morceau de métal, je commence à comprendre.
  - Quand le morceau de métal touchera le verrou, il va se débloquer, et le mécanisme va osciller légèrement : le niveau d'eau va trembler...
  - Donc, je m'enthousiasme, quand l'eau tremble, c'est que le métal reproduit correctement la forme de la clé!
- Exactement!

Concentrés, nous nous mettons au travail. Même si l'ouverture de ce placard est un pas important pour élucider ce mystère, je ne nie pas que travailler serré contre Elys est agréable.
Après plusieurs minutes de travail, un craquement se fait entendre. Surpris, je lâche le morceau de métal que j'ai dans la main et elle chuchote:
  - Regarde, les oscillations se font plus fortes.

La porte semble être encore bloquée; frustré, je la frappe du poing.
  - eh, fais attention!
Sous nos yeux ébahis, le placard s'ouvre dans un craquement sinistre. Nous sortons et inspectons son contenu minutieusement: pour la plupart, se sont des ingrédients dans des boites hermétiques et des fioles de liquide, tous étiquetés.
Je monte sur le plan de travail pour vérifier qu'il n'y a rien et trouve un papier plié, au fond.
- Qu'est-ce que c'est? Demande Elys en le dépliant.
  - Je ne sais pas... Lis-le, je lui suggère.

"Cher George,
L'État de Maria a empiré, et je crains qu'elle ne me revoie jamais sous ma forme humaine, et ce par votre faute.
Je viendrai chercher l'antidote d'ici le printemps. Si il n'est pas prêt d'ici là... "

Le secret du manoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant