chapitre 32

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Je me réveille en même temps qu'Elys ce matin. Festus reconnait notre voix et s'allume également, et émet un son caractéristique. Intrigué, je vais voir le tableau de commandes de son cou.
  - Nous sommes aux Pays-Bas! Je m'exclame.
  - Je ne pensais pas qu'on avait fait autant de chemin, s'étonne Elys en enfilant ses vêtements.
  - Dire qu'on ne peut même pas visiter Amsterdam...
  - N'y pense même pas.

Je soupire en montant sur le dos de Festus. Nous passons toute la journée sur son dos, sans même nous arrêter. Elys a été claire: pas de pause tant que nous ne sommes pas au Danemark.
Le soleil indique approximativement 16h quand le chien mécanique nous informe d'un danger en approche. Nous consultons les radars, mais rien de notable n'est visible, à part que nous allons bientôt franchir la frontière. C'est en baissant la tête vers la côte que nous comprenons: Nous sommes aujourd'hui le 14 février, soit la Saint Valentin!

Je me pose sur une plage abritée pour qu'on ne se fasse pas repérer par les habitants.  La ville de Belgrum (je trouve le nom sur le GPS) semble prendre très à cœur cette fête; ça tombe bien, moi aussi.
Elys descend et me suit en direction des bruits de fête, l'air dubitatif et énervé.
  - Qu'est-ce que tu fais? On doit repartir si...

Je me rapproche d'elle et la fait taire en l'embrassant. Je la porte de force jusqu'à la ville.
  - Maintenant, c'est moi qui commande! Je m'esclaffe.

Dans un premier temps, Elys semble totalement appeurée mais finit par prendre goût au jeu. Nous regardons autour de nous et nous melons à la foule. Tous les habitants dansent sur l'entrainante musique néerlandaise, l'ambiance est au bonheur.
Toute la place est décorée de rouge, et des stands de confiseries traditionnelles et de cadeaux sont ouverts. Les bars sont remplis par ce beau temps pour un mois de février, et les gens rient et échangent; Je commence à apprendre quelques mots, à force de les écouter.
Elys semble partager ce sentiment heureux, de ne pas être considérés comme des étrangers, je dois avouer que je n'ai pas l'habitude. Elle m'entraîne sur la petite piste de danse au centre et nous dansons avec les habitants.
  - Si j'avais su qu'on se retrouverait ici quand on est partis du manoir, j'aurai sauté de joie, je plaisante en la faisant tourner.
  - Si on m'avait dit que je m'amuserait autant avec d'autres personnes, je n'y aurait pas cru, renchérit Elys en riant.
À la fin de la chanson, je l'embrasse. Au moins aujourd'hui, nous ne sommes pas seuls.
Je nous achète des pommes d'amour, que nous dégustons sur un banc décoré de roses rouges pour l'occasion. Soudain, elle se retourne et pousse un cri de surprise. Quand je suis son regard, je constate que Festus est occupé à gravir la colline pour nous rejoindre. Brave chien!
Malheureusement, nous sommes obligés de repartir pour éviter que des gens ne le voient. Nous comtemplons depuis les airs la fête de la St Valentin, puis nous nous éloignons rapidement.
Festus vole encore jusqu'à la tombée de la nuit, Nous arrivons sur les terres allemandes.
Nous montons la tente de plus en plus rapidement, par habitude: il nous faut maintenant cinq minutes pour être installés à l'intérieur.
Le lendemain, nous plions les couvertures en hâte pour repartir. Après des jours de voyage, l'envie d'arriver se fait ressentir.
  - Si on coupe par la mer, on sera plus vite arrivés, avance Elys, à peine réveillée.
  - Je suis d'accord, je réponds en m'étirant. En route!

Le trajet est long, mais nous parvenons au Danemark au coucher du soleil. Il était temps, car les rouages de Festus commencent à grincer et ont grand besoin d'être huilés.
  - Maintenant, il ne reste plus qu'à localiser Phineas! Lance t-elle en sortant la carte de son sac à dos. 
  - On cherche une grande ville, au Nord du pays, dis-je en pianotant sur le GPS. Trouvé! Pile sur le point de la carte se trouve une ville nommée Aalborg.
  - Parfait, allons-y, tuons-le et rentrons.

Le ton brut de sa voix me surprend encore, mais je n'y fait pas attention. Après quelques dernières longues heures de vol, nous atteignons Aalborg en soupirant de joie.
À l'atterrissage, nous constatons avec étonnement que la température au sol a chuté, et remettons nos manteaux.
Nous installons la tente dans une baie, au bord du fleuve Limfjord, et allumons un feu discret avec des branchages. L'eau de la baie, après purification à la teinture d'iode, nous permet de nous laver convenablement.
La nuit, l'idée que nous soyons dans la même ville que Phineas me rend nerveux et je peine à dormir. Je me demande si nous n'aurions pas mieux fait de rester loin de lui.
"Si je n'avais pas trempé la carte du monde au manoir, nous ne serions pas si proches de celui qui a tué ses parents" je songe en m'endormant.

Le secret du manoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant