chapitre 45

1 0 0
                                    

C'est dingue comme les choses les plus simples sont parfois les plus belles sources de bonheur. Le soleil me donne juste envie de soupirer d'aise, pour respirer un peu l'odeur d'Elys qui flotte autour de nous.
Entre les hauts arbres de la rue piétonne, quelques annoncent publicitaires annoncent fièrement "des promotions dans votre magasin pour le mois de mars!".
Elys prend un air enfantin que je ne lui ai jamais vu.
Elle est soudainement attirée par la vitrine haute en couleurs d'un fabriquant de bonbons.
  - Ce sont des friandises?! S'écrie t-elle. Incroyable!

Le peu de personnes présentes à proximité nous regarde étrangement; je la pousse dans la boutique en espérant que personne ne me reconnaisse.
Émerveillée par les étalages de bonbons, elle prend un sachet et entreprend de le remplir, tout en goutant pour s'assurer de son choix.
  - Puis-je vous aider? Demande le propriétaire, tout joyeux.

Sa moustache proéminente trahit son âge, et lui donne un air chaleureux et agréable, digne de confiance.
  - Nous allons prendre un peu de tout, pour que je lui fasse goûter, je fais en souriant.
  - Vous avez compris comment combler votre chérie, n'est ce pas? Répond le vendeur avec un clin d'œil.
Ne vous en faites pas, elle ne va pas le regretter.

J'entame une bonne partie de mes économies, largement compensé par le sourire d'Elys. Elle semble avoir oublié toutes les menaces qui pèsent sur nous, alors je décide d'en faire autant.

Elle sort de l'argent de sa poche et balaie du regard les magasins de vêtements, visiblement résolue à les dévaliser.
  - Comment tu as eu ça? Je questionne en regardant les billets.
  - Je trouvais injuste que tu paies tout, commente t-elle. Ça m'a convaincu d'ouvrir la boite à économies que mes parents m'ont laissé.
  - Dans ce cas, profitons-en!

Nous entrons dans un magasin dont la vitrine ressemble à un défilé de filles anorexiques. Une vendeuse nous tend un sourire pincé en guise de salutations.
Elys flashe presque immédiatement sur une robe grise et je la suit vers les cabines en trainant des pieds.
  - Tu sais que c'est un gros effort de ma part de te suivre dans les boutiques de vêtements, j'avance.
  - Tu es gonflé, fait-elle à travers le rideau. C'est toi qui a voulu venir. Aide-moi à l'attacher au lieu de te plaindre.

Elle ouvre le tissu d'un geste de la main, et je retiens un sifflement digne de ceux de Festus. La robe fait ressortir tout ce qu'il y a de plus attrayant chez elle.
  - Qu'est ce que tu en penses?
  - Tu es magnifique.
  - N'exagère pas!
- Et j'ai hâte de te l'enlever, j'ajoute plus bas.

Elle pouffe de rire et m'embrasse rapidement pour me faire taire.
Nous papillonons toute l'après-midi de boutique en boutique puis, fatigués, nous nous arrêtons prendre une glace.
  - Un cornet citron, s'il vous plait, je demande au vendeur avec un sourire complice à Elys.
  - Et un vanille noix de pécan, renchérit-elle.

Il nous tend les glaces que nous avons demandé avant de sortir. Une fois dehors, nous nous regardons en éclatant de rire, et nous échangeons les cornets.

Quand nous nous éloignons de la rue piétonne, je reviens brusquement à la réalité et pousse Elys en direction des bois. Elle prend un air grave et tient ma main.
Il fait plutôt sombre, mais l'air chargé d'odeur de pin est plutôt agréable. Nous mettons quelques minutes à retrouver le grillage du manoir et nous engouffrons à l'intérieur, nos sacs à la main.

Le secret du manoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant