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Je recule d'un pas, je l'interroge du regard. Pourquoi autant de manières pour dire bonjour putain ? Aaron finit par réapparaître, accompagné d'une femelle vêtue d'une robe mauve qui épouse parfaitement ses formes, évidemment ça m'aurait étonné. Il me regarde d'un mauvais œil, moi de même en définitive. La soirée commence très bien, ma foi. J'ai cette foutue impression d'être une enfant qui fait une erreur, se fait gronder, pendant que son père reproduit la même chose mais l'erreur n'est reconnue que d'un côté.
- Bon et sinon ça va avec ton père, Lucie ? Demanda-t-il avec hésitation.
Les regards de mon entourage se font de nouveau mauvais, mais contre Georges cette fois. Je sens que celui de Jones est posé sur moi, attentif, prêt à enregistrer chaque détail et à s'en servir par la suite. Je suis d'un naturel méfiant, d'autant plus que la demande d'Aaron retentit dans mon esprit comme une alerte.
- Ça n'a pas changé, et toi, du coup ça a l'air de s'être amélioré ? Je décide de communiquer une réponse assez claire pour qu'il comprenne, mais pas assez pour laisser Jones dans le flou total, suivi d'un changement de sujet afin que Georges ne pose pas plus de questions.
De toute façon, même si on était seuls, j'apprécie Georges mais pas au point de détailler des événements sinistres et privés de ma vie. Je pars dans l'optique que les gens se servent de tes faiblesses, de tes erreurs passées ou de ton passé tout court pour plus tard, qu'ils gardent ses choses enfouies dans leur mémoire, jusqu'au bon moment. J'en ai beaucoup, de défauts, mais certainement pas la naïveté.
- Oui, bien vu l'aveugle, rigole-t-il.
-Excuse-moi, je commence à manquer d'eau dans mon corps, dis-je tout en m'éclipsant.
« D'eau ou bien d'alcool » ressort dans tout ce raffut. Je me faufile entre toutes ces personnes saoulent, qui se draguent, qui dansent, qui crient ou qui s'amusent tout simplement. Quelques pieds atterrissent sur les miens sur le chemin, les lumières colorées s'agitent au plafond blanc et donnent une ambiance de boîte de nuit ainsi que la playlist electro qui fait profiter toute la maison et sûrement les voisins. Je me retrouve enfin dans la cuisine, les gobelets écrasés ornent la pièce, deux personne ivres s'avalent la bouche sur le comptoir, pendant que moi j'essaie tant bien que mal de trouver un gobelet vide afin d'y mettre de l'eau, du robinet. Des petits rigolos peuvent très bien remplir les bouteilles d'eau avec d'autres choses et je ne prends pas ce risque.
- Tu t'enfuis comme ça, sachant qu'on a pas terminé notre conversation ? Lance Jones derrière mon épaule
- Quelle conversation ?
- Celle qu'on entamait.
- Celle que tu entamais, je rectifies.
- Madame est joueuse, très bien, monsieur est joueur aussi, dit-il comme s'il imposait un défi.
- De quoi tu veux parler ? Je lui demande avant de commencer à avaler rapidement mon verre d'eau.
- Quelles relations t'as avec tes parents ? M'interroge-t-il sans passer par 4 chemins.
Mes yeux s'écarquillent, ma gorge a du mal à accepter la dernière gorgée tellement la question m'irrite. Est-ce-que c'est ça alors ? C'est de ça dont il souhaite parler ? Parce qu'il n'obtiendra rien, bordel mais qu'est ce que ça peut lui foutre.
- Tu crois réellement que ça te regarde ? Dis-je accompagné d'un rire jaune.
- Étant donné qu'on va vivre sous le même toit, à priori, il serait peut-être plus agréable pour nous deux de se connaître un peu plus.
- Très bien, pose moi d'autres questions.
- Tu n'es pas si joueuse que ça, finalement, affirme-t-il essayant de me provoquer.
- Fort probable, dis-je en souriant.
Il est facile à cerner pour le moment, Georges a éveillé sa curiosité, il m'a suivi jusqu'ici pour poursuivre la discussion de mes parents en privé, je viens de lui confirmer que le sujet était délicat sans directement le dire et il tente une provocation afin que je dévoile tout, il me prend sérieusement pour une débutante.
- Tu es pucelle ? Un sourire vicelard se dessine sur son visage avant de plonger ses yeux dans les miens comme pour me déchiffrer.
-Putain, t'es vraiment un connard de beauf, dis-je en posant mon gobelet sur le plan de travail.
- Ça n'a pas l'air de te déranger, sous tes airs de sainte, tu ne cherches que ça. Je comprends mieux pourquoi Aaron s'accroche à toi et dans quel pieu tu vas bientôt finir.
- Tu insinues que je vais baiser avec lui?
- J'ai aucunement mentionné de prénom.
- Si tu vois la complicité entre lui et moi, moi je ne vois pas vraiment le vôtre, j'assure froidement, avec comme pour sous-entendu le fait que je ne voyais pas pourquoi il l'hébergeait.
La discussion s'arrête nette lorsque le concerné fait son apparition dans la pièce, qui se trouvait être vide avant son arrivée, je n'ai même pas remarqué que les deux tourtereaux s'étaient barrés.
- Enfin je te trouve, Lucie, tu m'accompagnes ? Lance Aaron sûr de lui.
- Avec plaisir, dis-je tout en plantant Jones au beau milieu de la pièce.
Il me prend la main pour qu'on puisse sortir sans se perdre dans cette foule de jeunes déchaînés. Une grande bouffée d'air frais parcoure mon visage et mes cheveux, j'essuie ma nuque qui commençait à transpirer avec toute cette chaleur corporelle accumulée en si peu d'espace. La chair de poule se répand sur mon corps, pendant qu'Aaron s'assoit sur le muret beige et tâché d'alcool, je le regarde attentivement allumer son joint qu'il avait soigneusement préparé avant la fête, sans daigner dire un mot. Un silence s'installe quelques minutes.
- Il t'a dit quoi ?
- Rien de spécial, il a tenté de m'interroger sur mes parents, je n'ai rien dit. Il ne s'est pas passé grand chose d'autre, tu es vite arrivé.
- Je t'ai mise en garde, tais ta curiosité un peu.
- Tu sais, je suis assez grande. Passe moi quelques taffes.
Il obéit, sans me répondre. Ça me crève le cœur de ne pas tout lui dire, mais j'ai l'impression qu'étant donné que tout le monde me cache des choses, je ferai mieux de faire de même. Juste quelques précautions, je sais qu'Aaron ne me cache quasiment jamais rien et j'ai ce sale pressentiment qui me dit que ça me concerne indirectement. C'est un très bon menteur, mais moi contrairement à lui, je sais lui mentir ,tandis que lui il en est incapable avec moi. Ma curiosité me perdra.
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D'après toi, Jones est-il simplement insolent ou cache-t-il autre chose?
J'espère que ce chapitre te plaît ma biche, vote, commente et abonne-toi, tu m'feras plaisir. =)