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Son sourire a disparu, à présent il me fixe avec un regard me défiant, effleurant son verre sur ses lèvres charnues. Autour de moi, personne ne prête attention à ce qu'il se passe entre nous deux, le bruit dans la pièce se retrouve comme atténué, l'eau s'échappe par tous les pores de ma peau, ma réflexion se retrouve embuée. Je décide de commencer à jouer la fille timide en triturant mes cheveux du bout des doigts, évitant son regard. Ce jeu est une occasion pour lui, que je réponde à ses questions sans qu'il ne me les pose réellement directement. Putain, il est malin, "joueuse" m'avait-il dit, alors jouons. Je ne fais rien d'autre, il n'y a que le blond à la barbe inexistante qui ingère une gorgée de liquide alcoolisé. Je repose rapidement le regard sur Jones, il confirme mes pensées et avale enfin le contenu de son gobelet comme pour se récompenser de la réponse que j'ai apporté à sa question qui n'est rien d'autre que le silence. A vrai dire, j'aurais préféré fumer ses 2 putains de taffes. Mon rôle de fille timide aurait peut-être marché? Peut-être qu'il pense dur comme fer que je n'ai rien voulu avouer devant tant de gens, ou bien il m'a cerné à son tour. Cette deuxième option me paraît tellement peu probable, mais moi et la probabilité ça fait 2. Arrête de réfléchir. Un "Je n'ai jamais..." me brûle les lèvres, mais si je le pose, il aura une autre réponse à ses questions et si je réfléchis trop longtemps, ils vont le remarquer et ça pourrait sembler anormal.
- Je n'ai jamais eu de relation sérieuse.
- Plus prude que toi, tu meurs, me pique Georges.
- Être dévergondée ne me dérange pas, mais être prude c'est cool aussi de temps en temps, je réponds, convaincue. Dans la vie il n'y a pas que le sexe et l'alcool, j'ajoute pour répondre au rouquin qui se moquait juste avant.
J'ai posé la deuxième question qui me venait en tête, sans arrière pensée cette fois-ci. A ma plus grande surprise, Jones s'empare du joint encore fumant, du briquet, le porte à ses lèvres à l'aide de ses deux doigts et l'allume en me fixant droit dans les yeux. J'essaie de prêcher le vrai du faux au fond ses pupilles dilatées, je verrouille mon regard sur ses gestes qui deviennent lents au fur et à mesure du temps. Un membre notre groupe de jeu se joint à lui en prenant un verre de shooter, quant à moi... Je lui fais signe de me passer l'objet fumant et imite ce qu'il vient de faire à l'instant puis je le repose sur le bord du cendrier. Nos regards se croisent à nouveau, une immense bouffée de chaleur envahit tout mon corps, mes 5 sens commencent à me quitter. Il faut que j'arrête là, j'ai atteint mes limites. Les signaux d'alerte ne trompent pas.
- Bon, j'arrête ici, désolée mais j'suis pas une grande fumeuse non plus, dis-je les yeux virevoltants dans toute la pièce.
- Sage décision, répond le mec dénué de cheveux.
Le temps que je réussisse à me lever en m'aidant d'une main, un tour est déjà joué. Mes méninges fonctionnent au ralenti, j'ai d'ailleurs probablement dépassé mes limites. Je déteste ça, j'aime garder le contrôle sur moi, sur ma réflexion rapide en temps normal, sur mes gestes vifs. Je vérifie mon téléphone, 1h17. Tant que ça, déjà? J'ai l'impression d'avoir débuté ce jeu il n'y a que quelques minutes. Je titube entre les jeunes qui dansent, des mains mal placées m'accompagnent. J'ai besoin d'eau, j'ai besoin d'air. Je trouve la première personne qui me vient, un gars d'une vingtaine d'année, peut-être plus âgé que moi? Non, je n'sais plus. Il me semble qu'il porte une chemise bleu, mais avec la lumière artificielle c'est difficile à dire, il a une légère barbe de 3 jours. Je me mets doucement à rigoler. Reprends tes esprits, bordel.
