25. Petits problèmes insignifiants

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PDV Haru

-Oh. Mon. Dieu. Mais c'est super! s'exclama Kane, et elle avait raison.

En effet, le refuge LGBTQ+ était... Je sais même pas s'il y a des mots qui peuvent exprimer ce que l'on ressent en y entrant.

Quand on passait la porte, on arrivait dans une grande pièce, où il y avait un canapé avec quelques coussins dignes des revues de rénovation près du mur droit. À ses côtés, il y avait une petite bibliothèque avec une lampe sur le meuble. Plus au millieu de la pièce se trouvait une grande table avec quelques chaises autour, et au mur gauche, il y avait un tout petit frigo.

Au mur du fond, il y avait une porte, et un genre de câdrage, comme s'il était supposé y avoir une porte, mais qu'on l'avait enlevé. La porte donnait sur des toilettes simples, avec une toilette et un évier.

Le "trou" donnait sur une pièce plus petite que la première, mais plus grande que les toilettes. Il y avait une petite table, où il y avait un stéréo, le style qui lit des disques. Il y avait aussi un ordinateur portable posé dessus, probablement celui de Sekai.

-C'est juste énorme, lâcha Luka en s'adressant à elle.

-Hihi! Mais j'ai pas pu avoir tout ça gratuitement, j'ai un arrangement avec mes parents. Je vais devoir avoir des meilleures notes, je devais m'en tenir au budjet qu'ils m'avaient donné, et c'est seulement moi qui va s'occuper de l'entretien de cet endroit. Mais pour vous, et tout le monde, tout est gratuit, vous pouvez venir quand vous voulez. Je veux vraiment que ce soit ici un havre de paix, de bonté, de respect, et d'entraide.

-Hé bah, t'as vachement réussi à faire quelque chose de bien.

Sekai remercia Kane, fière de son travail.

-Ouah, mais c'est super beau, en fait, dit une voix dans l'entrée.

On y alla, se demandant c'était qui. Il y avait un adulte, dans la trentaine environ. Il avait les cheveux aux épaules, et ils étaient noirs. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu à quelque part, et pourtant, je ne me rappellais plus où...

-Bonjour, le salua Sekai.

Elle commençait à lui expliquer le concept du refuge quand il l'arrêta net d'un geste de la main.

-Mais je sais déjà tout ça! Oh... Vous ne me reconnaissez pas, c'est ça?

-Désolé, mais non, dit Mio avec un petit rire nerveux.

-Je suis Aoi!

Il y eut un "Aaaah" général, puis Aoi nous expliqua qu'iel est genderfluid, donc que parfois, iel se sent homme, et d'autre fois femme. J'étais surpris sur le coup, mais après je me suis habitué. C'est pas plus pire que moi, ou Luka!

Sekai nous expliqua que si on voulait, on pouvait apporter des choses au refuge, puisqu'on peut aussi venir juste pour passer du temps, s'amuser. C'est ce qu'elle, elle fait, après tout.

C'est comme ça que le lendemain apparut un kit de broderie, parce que broder était un des passe-temps de Sachi, et puis un cahier à dessins et des crayons que Chihiro apporta, le jour suivant.

-Tu dessines? lui demandais-je.

-Oui.

Je regardai son dessin. C'était un personnage dans un style mi-manga, mi-réaliste. C'était vraiment beau...

-Ouah, tu dessines vraiment bien! C'est qui?

-Personne.

-Comment ça, personne?

-Je sais pas. Je viens de l'inventer.

-Ah bon...

Je m'en allai plus loin, puisque mes efforts à créer une conversation ne servaient apparemment à rien. Une douce ballade de guitare monta jusqu'à mes oreilles. Aoi avait mis de la musique dans le stéréo, je suppose. Je m'affalai dans le canapé, aux côtés de Sekai, qui lisait.

Tout est si calme, ici...

-Bon! s'exclama Sekai soudainement.

Elle ferma son livre, et alla le poser dans la bibliothèque, avant de dire à tout le monde que la rencontre commençait, et certains s'assirent dans le canapé et d'autres à des chaises. Sekai nous annonça que la thématique d'aujourd'hui était les problèmes qu'ont peut avoir à cause que notre orientation, genre...

-J'en ai un rayon, de ça, soupira Aoi.

-Moi aussi, compatit Chihiro.

-Par exemple, quand je suis arrivé.e à mon premier jour de travail en homme, puis le lendemain, en femme. Faut dire que personne ne me comprenais... Mais avec le temps, les personnes se sont un peu plus habitués, et maintenant, c'est juste une blague selon eux, genre "Hé, regarde, Aoi est redevenue une fille! Hahaha!" mais moi, ça me convient comme ça. C'est à prendre ou à laisser, hein!

-C'est sûr que ça doit pas être super, fit Mio.

-Après je peux parler des uniformes, lâcha Chihiro. J'envie les non-binaires qui n'ont pas à mettre d'uniformes. Ils ont juste à s'habiller avec un look androgyne, et voilà, le tour est joué. Certains les appelleront "elle", d'autres "il"... Mais nous, avec les uniformes scolaires, je suis toujours "elle", "la fille". C'en est désespérant. Ou sinon, la plupart du temps, on fait juste pas ne me comprendre.

-Ils pensent que c'est juste un style, une mode, dit Aoi. Que tu dis juste ça pour te rendre intéressante.

-Oui...

-Je vis la même chose, fit-iel avec un petit sourire.

Sekai prit la parole.

-Quand j'essaie d'expliquer que je suis aro, les gens ne comprennent pas. Ils me disent que "T'as juste pas trouvé la bonne personne", alors je dois encore subir les "Et, t'as un petit copain?" de mes proches quand je les revois, et toujours leur répondre que non, et de leur re-expliquer que je suis aro, et qu'ils me répondent "Ah oui, c'est vrai que tu dis ça... Mais je pensais que tu aurais oublié ces bêtises, enfin". C'est... Déprimant.

En entendant tous leurs problèmes, je me sentis bien petit et insignifiant, tout d'un coup.

Loreim: Je sais. Je publie tard. Mais bon. On est encore samedi.

Il. Reste. Seulement. Deux. Autres. Chapitres. À. Ai. Shite. Iru.

Mon dieu.

Booooooooon, bin beubye alors!

Ai shite iru (Je t'aime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant