steal my girl piratée ! oh mon Dieu ! elle est géniale !
- Harry ? mumurais-je en trotinant jusqu'à lui pour rétrécir l'espace qu'il a avait creusé suite à son enjambées démesurées.
- Courtlyn, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase "Je ne veux pas te parler" ? demande-t-il visiblement agacé avant d'extraire la clef de sa poche et de l'enfoncer dans la serrure.
- Tu es pas croyable. Tu te plains car je ne te parle pas, et la seule fois où je veux te parler, tu refuses ? demandais-je en faisant une moue boudeuse et m'assois sur les petites marches devant la massive porte d'entrée.
- Allons-y. Dis-moi ce que tu as à me dire, accepte-t-il avec désinvolture avant de prendre place à côté de moi. Malgré l'étroitesse des marches, il se met suffisamment loin de moi pour ne pas me toucher.
- Bien, soufflais-je. Une question me tracasse depuis plusieurs jours mais j'ignore totalement comment la formuler devant Harry pour que ça ne paraisse pas aussi méprisant. J'ai pensé à comment tu pourrais résoudre ton problème.
- Putain. De quoi tu parles ?
Il commence à s'impatienter. Il passe nerveusement sa main dans ses cheveux et fait sautiller sa jambe.
- Tu sais, tes pulsions sexuelles, ta violence constamment présente, ton impulsivité et tout.
Ça m'arrache le coeur d'avouer à Harry ses quatre vérités de cette façon, mais il faut qu'il apprenne à se gérer, et je veux l'aider à trouver une solution pour que je puisse me sentir en sécurité.
- Je- sa lèvre inférieure tremble avant qu'il enfouisse son visage écarlate entre ses mains frêles. C'est n'importe quoi. Je n'ai pas besoin de ton aide, merci.
Il tente de se lever brusquement mais je m'accroche à son bras et il se laisse retomber sur le granit des petits escaliers puis il se détache de moi.
- Harry, tu n'as pas besoin de mon aide. Mais sûrement celui d'un professionnel : tu devrais aller dans un hôpital psychiatrique, ou consulter un psychiatre assez régulièrement.
Son visage d'ange semble se décomposer quand il boit mes paroles : la commissure de ses lèvres pend vers le bas, et ses yeux émeraude luisent à la lumière. Il cligne frénétiquement des yeux comme pour se reprendre en main puis il s'approche de moi de façon à ce que nos visages soient proches, trop proches :
- C'est parce que tu te crois plus maligne que tu me prends pour attardé ? crie-t-il avant de se lever et de se diriger vers la porte puis il agrippe mon bras et me lève violement avec lui. Tu me rends fou. Je devrais te laisser crever enfermée dans la chambre.
Il m'entraîne avec lui quand il escalade les escaliers qui mènent au premier étage avant de me jeter dans la chambre. Je hurle de douleur quand ma tête vient cogner la commode mais Harry ne semble pas s'en préoccuper alors qu'il se rue dans la pièce au fond du couloir, celle dont je me souviens être le bureau ; une grande pièce vide et terne possédant juste une table et une chaise en paille inconfortable.
Après une longue méditation, je décide de le rejoindre. La lumière est éteinte et les stores bateaux sont tirés vers le bas. Je tâtonne pour trouver l'interrupteur et quand la pièce s'éclaire enfin, je découvre un tas de boucle brune sur le bureau. En m'approchant, j'aperçois Harry, la tête posée sur le bureau.
- Harry ? murmurais-je en secouant son bras. Il relève brusquement la tête et ses yeux sont rouges et gonflés.
Le voir ainsi me fait jubiler intérieurement alors que je l'imagine culpabiliser.
- Pars Courtlyn. Dégage. Prends ces putains de clefs et tire-toi, ses hurlements se contiennent en un souffle.
Sa poitrine battante et sa respiration irrégulière souligne la rage alors qu'il me jette les clefs à la figure, ces clefs qui me permettent de reprendre ma liberté.
Au moment où je tiens le trousseau de clefs au bout de mon index, des milliers de pensées brouillent mon esprit. Puis enfin, l'idée de m'évader maintenant se dissipe quand la voix de ma mère défunte résonne dans me tête :
« Soigne le premier malade qui croise ta route et héberge le pauvre qui fait la quête. Aide tes prochains en besoin comme si c'étaient tes frères. Ne gâche par leur chance d'avoir une vie aussi paisible que la tienne en les laissant sur le bord de la route, considère-les et aime-les.»
Ma mère était l'une de ses femmes qui absorbait des tonnes et des tonnes de citations philosophiques dans les livres. Citations qu'elle me ressortait quand j'allais à l'école, mon sac sur mon épaule. C'était une mère aimante et extrêmement spirituelle, et d'après elle, le hasard n'est pas du hasard, tout arrive pour une raison et tout était déjà prévu.
Alors c'est les larmes aux yeux que je tends les clefs à Harry, celles qui me permettent d'ouvrir la porte de la liberté. Mais je sais que ce ne serait pas la liberté idéale, celle dont je rêve chaque nuit entre ses bras trop protecteurs. Non. Ce serait une liberté théorique, mais la peur qu'il me surveille et qu'il me surprene à nouveau sera omniprésente. Je douterai de chaque personne, les soupçonnant d'être ses complices fidèles.
- Je n'en veux pas Harry, affirmais-je en frottant énergiquement son dos. Je veux t'aider, et je vais t'aider.
Puis je retourne dans ma chambre et me laisse tomber en étoile sur le matelas confortable avant qu'Harry n'apparaisse dans l'encadrement de la porte.
- Tu ne devrais pas faire ça, il pose les clefs sur le matelas. Je te laisse une dernière chance de partir, son ton est réprobateur alors qu'il fronce les sourcils et brandit son doigt vers l'avant.
- Oh, je n'en ai pas besoin Harry, dis-je en m'asseyant sur le lit.
Il se passe un court laps de temps où il reste stoïque dans l'embrasure de la porte à me fixer avant de s'éclipser je ne sais où. Puis il revient quelques minutes plus tard, son téléphone à la main ainsi qu'un énorme annuaire dans l'autre.
- Vas-y dit-il en mordillant anxieusement sa lèvre.
- De quoi ? demandais-je en m'emparant du téléphone et en feuilletant distraitement les pages de l'énorme répertoire.
- Appelle un hôpital psychiatrique ou je ne sais quelle connerie du genre.