Encore ?
Que voulait-il dire par là ?
Qui est cet homme ? Qu'a-t-il fait ? Pourquoi a-t-il fait ça ?
Ces trois questions émergent et s'entrechoquent dans mon esprit, brouillant ainsi la moindre réflexion sensée.
Naomi était tout ce que j'avais, la seule que j'aimais et qui m'aimait en retour. La seule en qui j'avais confiance mais à présent, je me retrouve sans personne mais surtout sans elle.
Il suffit que je tourne la tête pour faire face au meurtrier, pour découvrir son visage sans émotion à part la cruauté qui rongeait ses traits sans doute, mais la position que j'avais adopté ne me le permettait tout simplement pas, et j'étais condamnée à rester ainsi.
Pourtant je voulais tellement le voir, voir l'individu, ou plutôt cet animal, capable de tuer.
Nous étions dans le silence, contemplant le désordre dans lequel se trouvait la chambre : lui la fixait fière de son oeuvre sanglante et moi je reste écoeurée à rabâcher les récents événements dans mon cerveau.
Je veux crier, gueuler sur cet assassin mais j'en suis tout bonnement incapable, trop effrayée par le sort qu'il pourrait me réserver, peut-être même que si je me comportais ainsi, il me tuerait comme Naomi et ce n'est pas vraiment le genre de mort à laquelle je m'étais destinée.
Je le sens retirer sa main droite de ma taille pour fouiller dans la poche de son manteau en daim noir d'où il en extirpe un chiffon blanc.
Mon souffle martele dans ma gorge pendant qu'il positionne le tissu devant ma bouche et je tente alors de retenir ma respiration le plus longtemps.
"Allez bébé, inspire avec moi." Il continue de fredonner au creux de mon oreille.
En raison de mon manque flagrant d'oxygène je respire comme il me l'indique, tenant à la vie. J'ouvre la bouche et inhale la drogue tandis que l'obscurité s'empare de ma vue et l'inconscience de mon esprit.
"Bonne fille." L'homme murmura à nouveau près de ma tempe et ce fut les dernières paroles que j'entendis avant que mes muscles ne se détendent unanimement.
***
C'est quoi ce bordel ?
J'ouvre les paupière et mes yeux me piquent immédiatement suite à la lumière violente qui s'est glissée entre les stores de la fenêtre.
Je scanne les alentours et je tire l'affolante conclusion que je ne connais pas cet endroit, cette chambre.
Seigneur, comment me suis-je retrouvée ici -oh.
La pièce est très moderne avec ses murs peints dans des couleurs sombres telles que gris foncé et son mobilier blanc et noir, créant ainsi une ambiance très épurée.
Je roule sur le côté et manque de m'écraser au sol.
C'était lui.
Je l'observe intensément, n'ayant pas eu l'occasion de voir son visage auparavant, et je ne peux le nier : il est absolument magnifique ; ses boucles brunes semblables aux miennes et qui retombent pour chatouiller son front mais laissent tout de même dévoiler ses merveilleux yeux verts qui pourrait vous hypnotiser.
Mais, outre sa beauté, c'est un monstre.
"As-tu fini de me regarder chaton ?" Il parlait lentement. Sa voix était éraillée et profonde, capable de faire fondre n'importe quelle fille, mais là encore, c'est un assassin.
Je réfléchi en silence, n'ayant absolument aucune idée de la réaction qu'il faut adopter.
Que feriez-vous si un homme, venu par pur hasard dans votre maison, a tué puis pendu la seule personne qui comptait pour vous, vous drogue pour vous enlever ?
Je rassemble tout mon courage et mon culot pour enfin éclaircir ce sujet :
"Où suis-je ?" demandais-je en fixant le plafond, le coude sous mon crâne de façon à ne pas échanger de contact visuel avec l'homme, attendant une réponse.
"Tu es à la maison." dit-il de sa voix rappeuse et il enveloppe ses bras autour de ma taille afin de rapprocher mon corps si vulnérable près du sien.
J'ai une unique envie : celle de pleurer, de me détacher de l'étreinte de ce fou qui pensait que cette maison était la mienne.
"Mais ce n'est pas ma maison, je ne vous connais pas."murmurais-je en essayant de retenir mes larmes qui gisent au coin de mes yeux.
"Chut, chut. C'est va aller. Ne pleure pas chaton et tu me connais très bien." artucla-t-il dans mon oreille en essayant de me calmer, mais en réalité, il ne fait qu'empirer les choses.
"S'il vous plaît, par pitié laissez-moi tranquille, je veux juste rentrer chez moi, vous vous trompez de fille."
Je pleure dans sa poitrine. Je ne voulais pas que mes larmes iodées ne touchent son t-shirt mais la position qu'il m'avait fait prendre ne m'en laisse pas le choix.
"Chut, ne dis pas ça.Tu es la bonne fille, ma fille. Et tu es chez toi." La façon dont il marque l'exclusivité m'effraye davantage."Je vais aller te chercher à manger. Tu ferais mieux de ne pas t'échapper, sinon il y aura une sanction."
Une sanction ?
Il retira délicatement ses bras trapus de mon corps et sauta hors du lit double sur lequel nous étions encore allongés. Il se dirigea vers sa commode pour saisir un jean slim noir et un t-shirt assorti. Quand il eut fini d'enfiler sa tenue minutieusement choisie, il s'approcha de moi et déposa un baiser sur mon front en sueur.
Après cette douce action, il piétine jusqu'à la porte et son regard méprisant se porte sur moi en guise d'avertissement pour ne pas fuir cette maison je suppose, il franchit le seuil et ferme la porte après son passage.
J'entends un cliquetis dans la serrure de la massive porte d'entrée suivi par ses pas qui s'éloignent rapidement.
Je prends alors l'initiative de sortir d'ici, ou en tous cas de tenter de m'évader mais c'est en sortant du lit que mes poils s'hérissent et que je sens le froid glacial de la pièce me frapper.
Je baisse les yeux pour examiner mon corps qui gèle sur place et laisse échapper un cri profond du fond de ma gorge.
Il a changé mes vêtements ?!
Je ne portais plus que mes sous-vêtements en fine dentelle noire.
Mais c'est quoi son problème ?
Ce qui m'effraie le plus c'est qu'il s'y adapte parfaitement, comme si cette situation est normal. Mais c'est tout sauf normal.
Mon scandale se canalise légèrement quand j'entends des pas qui s'emboîtent à une cadence précipitée à l'extérieur, le bruit d'une clef qui s'enfonce dans la porte et enfin, l'ouverture brutale de la cloison qui me permet de découvrir l'homme qui courrait et essayant à présent de retrouver une respiration régulière.
"Ça va ? Es-tu tombée ? Qu'est ce qui ne va pas ?! Pourquoi as-tu crié ?" Il me bombarde de ces questions comme si il était inquiet.
"Non... hum... J'ai pris peur je crois..." je bagaye ces mots en essayant de me recouvrir mon corps dénudé.
"Ok Court. Sois prudente. Je reviens dans quelques minutes, ne bouge pas."
Sur ces mots, il retourne près de la porte et sors une nouvelle fois, tout en prenant soin de bien la verrouiller.
Je marche lentement vers l'entrée et tente vainement d'exercer une pression sur la poignée.
Je dois partir.
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