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Harry.
Juste au moment où je pensais pouvoir profiter d'un moment seule pour pouvoir, je ne sais pas, profiter d'un peu de solitude afin de me concentrer sur la situation présente. Tout ce que je voulais était d'être seule pendant peut-être deux ou trois minutes ; le temps simplement de laisser les gouttes d'eau se répendre sur mon épiderme dans un écoulement délicieux et chaud. Mais non, je dois entendre la respiration saccadée de mon obsessionnel ex-copain, chaque seconde de chaque jour.
Oh merde.
Douche.
Harry.
Ensemble.
Je suis nue.
Je ne l'ai même pas entendu me rejoindre dans la douche. Et s'il m'a vu me déshabiller ? Mes joues s'abandonnent à une teinte rougeâtre alors qu'une vague d'humiliation m'envahit. Je suis devant lui, totalement nue, même si je suis tournée et que seul mon dos lui fait face.
La dernière chose que je souhaite, c'est être exposé face de lui, de l'autre côté. Je le crains plus que personne et il me terrifie au plus haut point, et aussi pharamineux que cela puisse être, je suis devant lui. Je me sens encore plus petite et vulnérable. Je suis mise à nue, sans mauvais jeu de mot. Aucun artifice peut me sauver ou peut me permettre de ressembler à quelqu'un que je ne suis pas. Ce n'est pas une question d'embarras, car je n'ai aucunement honte de mon corps : c'est moi, avec mes petites poignées d'amour, mon ventre légèrement rond et mes cuisses un peu potelées. Je ne veux simplement pas que cela pousse Harry à être en mesure de prendre avantage de moi.
Je ne peux pas bouger un seul membre de mon organisme et j'ai cette atroce sensation d'écho de mon poul dans mon crâne. Je suis en état de choc. Je n'ai jamais voulu qu'il me voit dans cette posture. Jamais.
"Vas-tu rester immobile comme ça ou vas-tu te laver, peut-être attends-tu même que je le fasse à ta place ?" Je suis dos à lui, pourtant je n'ai aucun mal à visualiser un sourire espiègle jouer sur ses lèvres. Mais derrière son amusement flagrant, je sais pertinemment que cette question est une façon de me demander indirectement s'il peut me toucher.
Mais c'est en particulier sa manière de prononcer cette phrase qui me consume de l'intérieur. C'est au moment où il a parlé que j'ai réalisé à quel point il était proche de moi. Son souffle dans mon oreille, sa voix à la fois mielleuse et profonde qui rendrait n'importe quelle fille à l'extase.
N'ayant aucune réponse de ma part, Harry prend ça comme mon consentement. Il presse la bouteille dans sa main afin d'en extraire une noisette de gel et applique le shampooing revitalisant à la racine de mes longs cheveux châtains puis il masse, très lentement. Le liquide mousse pour se concentrer en de petites grappes de bulles savonneuses sur la longueur de mon cuir chevelu alors que ses doigts commencent à peigner mes mèches ondulées. La mousse s'étend sur tout mon crâne pour venir chatouiller le haut de mon front alors que l'eau continue de frapper mes épaules de sorte à détendre un à un les muscles de mon corps hydraté. Ses paumes exécutent un travail de relaxation merveilleux et je me demande ce que ces mêmes mains pourraient bien faire d'autre. D'un mouvement de tête paresseux, je ôte ses pensées érotiques de mon esprit mais je sais qu'Harry a compris. Je sais aussi, sans l'once d'un doute, qu'un sourire énorme relie ses oreilles entre elles et creuse, au passage, ses joues trop peu dodues.
Je ne bouge pas, reste stoïque devant lui. Je l'observe du coin de l'oeil saisir le savon dont il émane une douce odeur de lavande afin de me laver, mais je l'arrête :
"Harry, je peux me laver toute seule." J'annonce, essayant de paraître la plus solennelle possible.
"Je sais que tu le peux, mais pas aujourd'hui."
