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Je m'assois au milieu du matelas démesuré et rabat mes jambes en tailleurs afin de contempler la pièce. Je n'ai rien de mieux à faire de toute manière. Bien sûre, j'ai élaboré d'autres stratégies de fuite pour partir d'ici à jamais, mais ces plans semblent inutiles surtout quand vous avez un fichu dispositif électronique qui indique votre position chaque seconde de votre maudit enfer, enroulé autour de votre cheville.
Et si diable vous pensez 'mais pourquoi je n'ai pas juste à l'enlever ?', et bien, tout n'est pas si simple. Je suis allongée ici depuis plus de 30 interminables minutes à attendre qu'il vienne, mais il ne s'est pas montré une seule fois. Et au cours de cette période solitaire et ennuyeuse, j'ai effectivement essayé sans trêve de retirer ce lourd et large appareil en bandeau autour du bas de mon mollet, en vain. Honnêtement, j'ignore comment il a réussi à me le mettre...
Je comprends ne serait-ce que légèrement pourquoi il me l'a enfilé mais c'est un peu abusif, et cela suffit à me prouver qu'il est conscient que je vais essayer de m'échapper à nouveau. Il prévoit mes actes avant même que je les planifie dans mon esprit ce qui a cette fâcheuse tendance à m'apeurer. Il me fait vraiment peur, tout le temps. Je n'adhère pas à la façon dont il parle de moi en employant des possessifs, la façon dont il croit savoir tout sur moi, ou comment il pense m'aimer. Il est dangereux et bien que je ne le connaisse depuis environ deux maudits jours, je sais qu'il va troubler mon existence. Il est au courant de ce que j'ai vécu et il savait que j'étais attachée à quelques personnes qui étaient devenues vitales, mais malheureusement il savait aussi qu'il pouvait facilement les éloigner de moi, et c'est exactement ce qu'il a fait.
Il parle à propos de m'avoir encore, sur la façon dont je l'aimais et dont je vais l'aimer encore.
Je pense qu'il est fou, c'est un fou, un total inconnu et je ne sais ni qui il est, ni qui il pense que je suis. Mais je suis convaincue qu'il détient la mauvaise fille. Je ne l'ai jamais rencontré dans ma vie, il est juste profondément attardé et il a seulement besoin de se rendre dans un hôpital psychiatrique, et bien sûr d'être emprisonné.
Après un long moment a attendre une venue manifestement impossible, je me couche et m'endors instinctivement sur mon flan droit.
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Je me réveille brusquement de ma sieste accidentellement prise. Je scanne les alentours de la vaste pièce et je remarque que l'ambiance est assez sombre et cette obscurité me rassure encore moins. Je roule sur "son" côté vide du lit afin de prendre connaissance de l'heure affichée sur le réveil qui gît sur la table de chevet en rotin et les aiguilles affichent 12:46, soit bientôt une heure du matin. Je saute hors du sommier, certes moelleux et très confortable, et tire cette plaisante conclusion : il n'est pas dans la chambre.
Sans réfléchir, je me dirige maladroitement vers la porte, mes jambes sont engourdies suite à mes heures passées à l'horizontale et ma cheville est meurtrie à cause de ce lourd dispositif high-tech digne des prisons les plus craintes. Je déploie mon bras pour que ma petite main saisisse la poignée en métal froid de l'imposante porte en bois, et à ma grande surprise, elle n'est pas verrouillée, ce qui est étrangement louche. Je franchi distraitement le seuil de la porte pour arriver dans un long et presque interminable couloir désert. Je n'ai jamais été ailleurs que dans la chambre et découvrir les autres pièces que renferme la maison est légèrement angoissant. Je tourne de nombreuses poignées, passe maintes cloisons et traverse beaucoup de pièces sans aucun objectif précis à part trouver une quelconque issu dans cette énorme demeure abandonnée.
Avant même de prendre conscience de mes actions, je me fraye un chemin jusqu'à un grand escalier en colimaçon et monte promptement les marche deux à deux sur la pointe des pieds.