Chapitre 8

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-Je suis obligée de te demander ce qui te tracasse ou tu vas me le dire comme une grande?
Je garde le silence. Je ne veux pas te faire de peine. Je me sens bien avec toi. Je ne veux pas briser tout ça en incluant Mathis et mes principes et, et toutes les contraintes qui m'écrasent. Des parents un peu trop chrétiens pour m'accepter, des amis un peu trop chrétiens pour me soutenir. Un copain carrément homophobe. Si je suis moi-même, si je me fiche de ces contraintes, je suis seule.
-C'est par rapport à Mathis ?
Je baisse la tête. Je ne veux pas te blesser. Je ne veux pas voir la déception dans tes yeux. Je ne fais qu'attendre le son de la porte qui se fermera. Tu ne te bats pour personne habituellement, non?

Pourtant, je sens ton doigt effleurer ma joue pour écraser une larme que je n'avais pas sentie s'échapper. Tes bras m'enserrent et je m'y love. J'y serai probablement restée tout ma vie si tu n'avais pas décidé:
-Allez viens, je connais un coin sympa sur la plage.

Je t'ai imitée en me levant et mis un dans un sac ce dont nous pourrions avoir besoin. En tongs, nous parcourons le chemin menant au village, vers la plage. Habituellement, j'évite de m'y rendre car la foule m'oppresse et m'empêche de m'y sentir l'aise. Je te suis pourtant, te dévorant des yeux. Il est neuf heures du matin selon mon téléphone, tu porte les lunettes de soleil que je t'ai prêté et je ne peux m'empêcher de te sourire. Il faut avouer que tu es belle, très belle.

Le voyage est silencieux, encore. Tu as le nez en l'air, tes joues pouvant alors se gorger de soleil. Le trait blanc que forme la route est peine sinueux, tu ne risque rien. De temps en temps, un fin sourire se dessine sur ta bouche. Je me demande alors à quoi tu penses. La route qui passe non loin nous remonte les échos de ronronnements des moteurs, couvrant parfois ceux des cigales.
Arrivé au village, le chemin se goudronne et nous oblige à marcher sur le trottoir où nos mains se frôlent de temps à autre, me procurant de petits électrochocs. Les effets de ce matin ne sont pas passés.

Nous passons devant le café. La même bande de gars est assise sur la même table. Je resserre ma main autour de mon tot-bag. Ils dégagent quelque chose d'inquiétant et je prie intérieurement pour qu'ils ne nous aperçoivent pas. Je tourne la tête vers toi et tu as perçu mon inquiétude soudaine. T'es doigts entrelacent les miens et tu tourne la tête. Plus que quelques pas. Allez, ce n'est rien, quelques pas. Laissez nous passer en paix. Ta main se resserre sur la mienne. Tu es aussi anxieuse que moi. Tes yeux tentent de cacher une lueur de panique mais je ne suis pas dupe. Pourquoi cette bande de gars te fait-elle réagir ainsi? Personnellement, j'éprouve une certaine peur mais bien moindre que celle que ton corps exprime. Tu semble remplie de mystère.
Enfin, nous sommes au coin de la rue. You win! Next level! Tu souffle en t'adossant au mur, ta main séparée de la mienne et plongée dans tes cheveux .
-Hé, Jasmine, ça va pas ?
Tes yeux verts embués se posent sur moi. Oh non.
- Non, non, non... Pleure pas...
Je m'approche et te prends dans mes bras. Tu poses ton front sur mon épaule et j'embrasse tendrement ta chevelure. Je ne sais vraiment pas quoi faire. Je te connais à peine et je me sens désarmée. Ne pleures pas, ne pleures pas. Je te berce doucement. Qu'est ce que je suis censée faire ?

Mais comment c'est possible d'avoir des jambes pareilles ? Elles s'entrecroisent de plus plus rapidement. Tes pieds s'enfoncent dans le sable alors que tu retires ton short. Je ris, à gorge déployée, quand tu te jettes dans les vagues. Je discerne tes dents d'ici, tu me fais de grands signes pour que je te rejoigne. Je pose mon sac, déplie ma serviette de plage, retire calment mes vêtements.
Les tissus glissent le long ma peau, le soleil frappe la frappe, dans un agréable combat. La chaleur m'envahit toute entière. La fraîcheur de l'eau salée de la mer m'appelle, ta voix aussi.
J'avance sans courir. Tu te retourne, dos à moi. J'ai une excellente idée. Je me mets alors à accélérer comme je peux dans les grains de sable. Arrivée derrière toi, je saute sur ton dos et nous restons en déséquilibre avant de nous écraser à terre. Aïe.
Allongées l'une à côté de l'autre, tu ris, te moquant de nous même. J'ai terriblement envie de t'embrasser. Est-ce anormal? Je m'approche de toi quand une vague a la bonne idée de frapper nos visages.
Ça pique le nez. Tu tousse, et repars de plus belle dans une hilarité sans fin. Je me lève et pars vers ma serviette.

J'ai beaucoup plus chaud qu'à notre arrivée. Je pense que ce n'est pas que le soleil. Tu es restée allongée sur le sable. L'écume rencontrer régulièrement tes mollets et tu fermes les yeux, illuminée par le soleil. Peut être dors tu déjà. Tes sous-vêtements collent à ta peau, te sculptant merveilleusement bien la poitrine. Je décide de venir te voir. Je me lève. En marchant vers toi, je me fais mentalement des phrases dans ma tête. C'est tout pourri, faut que je trouve quelque chose à dire!
Trop tard, me voilà devant toi. Je m'allonge à tes côtés.
- Tu vas cramer...
-Mmh?
- Oh tu dors
-Comment ?
-Rien. Dors Jaz.
J'entreprends de me relever mais tu attrapes mon poignet.
-Reste. S'il te plaît.
- Je ne vais pas très ..
-..S'il te plaît.
Je te souris et me repositionne à tes côtés. Je ferme les yeux et sens un poids sur mon épaule et en déduit la présence de ta tête sur moi. Je me sens bien. J'embrasse le haut de ton crâne alors que tu commence à retomber dans les bras de Morphée. Un sourire se dessine sur ton magnifique visage. Je m'endors à mon tour, sous le soleil du Sud de la France.

Mes paupières s'ouvrent doucement après que j'ai senti des lèvres sur les miennes. Tes lèvres sur les miennes. Tu me regardes, souriante, appuyée sur ton coude.
- Tu ressemble à un bébé quand tu dors.
Je souffle du nez et m'appuie sur mon coude à mon tour. Je te vole un second baiser. Ma main glisse dans ton cou et je ressens tant de bonheur que je refuse de démarier à nouveau nos lèvres. Quelque chose se réveille dans mon bas-ventre.

Je me place au-dessus de toi rapidement, te chevauche. Mes mains de chaque côté de ton visage, je m'empare sauvagement de tes lèvres. Tu lâches un petit bruit qui faire naître une folle chaleur dans mon corps. J'embrasse ton cou, ton oreille. C'est quand tu articule :"Esther, tu me rends folle" que les choses s'accélèrent.

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Merci pour lecture :)

Image:
"Summer feels" TyneBobier
(extrait de Walli)

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