Chapitre 19

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Je suis tranquillement allongée sur le lit, l'estomac repus quand tu es entrée dans la salle de bain. Je regarde autour de moi et ma main frotte doucement mon crâne à travers mes cheveux. Ma seconde main se promène sur la peau tendue de mon ventre. C'était un sacré petit-déjeuner. Je vais avoir l'air d'une obèse quand tu sortiras. Je tourne la tête vers la fenêtre dont le rideaux sont ouverts. Le ciel gris de Paris m'aurait fait râler habituellement. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, nous somme ensemble, de nouveau. Aujourd'hui, tout est parfaitement à sa place comme je me sens parfaitement à la mienne. 

Je souris, légèrement. Je me roule lentement sur le côté et attire le draps jusqu'à moi. Le visage collé à l'oreiller qui t'a accueilli cette nuit, je prends une grande respiration. Ton parfum s'est accroché dans les mailles du tissu, pour mon plus grand bonheur. 

Quelques souvenirs de cette nuit prennent place dans mon esprit. Les gestes tendres, les baisers passionnés, les regards révélateurs de toute la souffrance accumulée qui s'évaporait dans l'air en suivant les sons de nos souffles. Mon corps qui ne savaient plus comment réagir à nos interactions, mon âme qui se perdait dans tes yeux verts. Et après la tempête, le calme. Mes doigts parcourant ton visage, ta joue, ton nez, repassant tes tâches de rousseur estompées par le manque de soleil. Tes lèvres qui s'étirent en un fin sourire, ton souffle régulier, tes yeux qui me détaillaient. 

Mes cheveux mouillés me font frissonner. Je repousse le draps et m'étire sur le lit, façon Patrick l'Etoile de mer. La douche s'éteint pour la seconde fois, j'entends la porte de la cabine se fermer. Je baille, regarde le plafond où une fissure se dessine. Je craque mon cou et me reprends à bailler.  Je ferme les yeux un instant qui devient un dizaine de secondes. Et puis j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir et décide de laisser mes paupières closes. 

Je sens le lit s'affaisser entre mes jambes et te sens avancer doucement vers mon visage.  Tu déposes un doux baiser sur mes lèvres. Je pose mes mains sur tes hanches et viens chercher un autre baiser à ta bouche qui me le livre sans résistance. Tu te laisse finalement tomber à ma gauche, entourée de mes bras. Ton visage au creux de mon cou, je frissonne à tes expirations. Tu chuchotes :

-Esther?

-Mmh?

-Je repars dans deux jours. 

-Quoi?!

Je garde mon calme même si ma voix part légèrement dans les aigus. Je reste tout à fait immobile. Il est inutile de s'énerver, n'est-ce pas? Self-control, il y a sûrement une bonne raison. Sur le même ton, tu continues:

- Je prends l'avion pour Londres lundi après-midi. Je vais chez ma famille pour les fêtes.

-Tu reviendras? 

-Si tu veux bien.

-Quand?

-Mi-janvier.

La discussion se déroule quasiment du tac-au-tac, mais sans agressivité. Je n'ai pas envie que tu partes. J'ai envie de te le dire mais impossible de sortir ces mots de ma bouche. J'aimerai que tu comprennes tout le désarroi que ton départ créé en moi. Il faut que je réfléchisse à ce que nous pourrions faire jusqu'à lundi. On pourrait aller dans ce café que j'adore, se balader dans les parcs, on pourrait faire un laser game ! On pourrait aussi..

-Esther ?

-Mmh?

-Tu l'aimes?

-Hein?

-Damien. Tu l'aimes?

- Non.

Nous sauver de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant