Chapitre 18

41 2 0
                                    

I don't ever wanna leave, I'll watch you sleep... [1]

Ces mots voguent sur leur mélodie qui se joue en boucle dans mon esprit. Je détaille ton visage éclairé par la lumière du pâle soleil hivernale depuis un laps de temps d'une longueur que je ne saurai définir avec précision. Quelque chose entre trois minutes et deux heures, peut être sept. Je n'en sais trop rien, et je pense que je ne veux pas le savoir. Je ne fais qu'observer ton visage endormi, si calme et apaisé. Mon regard passe de ton front, sur l'arrête de ton nez, ta pommette, ta joue, ton menton puis tes lèvres et les stries qui s'y sont gravées. Le soleil sublime ton teint, fais apparaître les détails les plus fins de ta peau. 

Sous la couette, je suis nue. Et toi aussi, très certainement. Comme des flashs, des sensations me reviennent pendant une fraction de seconde. Une caresse, un souffle dans mon cou. Le son de ton cœur sur lequel je me suis endormie hier. 

Et puis, finalement, tes yeux s'ouvrent. Deux océans verts dans lesquels je me perds totalement. Mon cœur bat plus fort, ma respiration s'accélère légèrement. Je suis enveloppée de douceur lorsque tu souris. Béate, je ne réussis qu'à sortir :

-Bonjour...

Tu ris et remonte la couette sur ton visage. Je fais de même et nos visages se retrouvent face à face dans l'obscurité. On se sourit. Le sentiment que cette couette nous protège de tout me rassure. J'entends quelque chose glisser sur le draps et sens ta main attraper la mienne. La pression s'accentue et tu me demande en souriant:

-Ça fait longtemps que tu me regarde ? 

Je lâche un soupir d'amusement et te souris à mon tour.

-Quelques secondes, pas plus.

Je t'observe encore, je me demande comment j'ai pu m'en sortir sans toi. Comment ai-je bien pu vivre après t'avoir goûté? Comment ai-je pu m'imaginer une seconde que tu étais oubliable?
Tu souffle du nez et avec le même petit sourire tu me questionne :

-Et en vérité?

Je ris en suis coupée par tes lèvres qui se sont alliées aux miennes. Le baiser se prolonge et peu à peu, tu viens me chevaucher.

-J'aime ton rire. Tu m'as manqué Esther.

Après ces paroles qui me font l'effet d'un feu d'artifice, tu m'embrasse dans le cou et le bouquet final part.
Nous roulons sous la couette, le sourire aux lèvres l'une de l'autre, les mains soudées.

Je finis par me réveiller seule. Je m'étends dans le lit et prends peur. Et si tu étais partie? Et si j'avais rêver ? Non, ça c'est impossible, mes muscles engourdis réfutent cette hypothèse avec un argument solide : le suçon de taille sur mon sein gauche. 

Ok, et si je me calmais? Tu ne serai pas venue pour partir aussitôt. Bon, partons du fait que tu ne sois pas partie loin. Tu pourrai être dans n'importe quel magasin. C'est grand Paris. Enfin, je doute que tu te sois promenée dans un autre arrondissement.  Tu pourrais...

Oh, et puis tant pis! Je me lève et ramasse quelques affaires qui traînent sur mon chemin vers la douche. Je me faufile dans la cabine et trouve des petits échantillons de gel douche et de shampoing. Orange Verte, c'est Hermès. Donc je suis dans un Sofitel. J'allume l'eau et ferme les yeux. Quelle nuit! 

J'ai eu l'impression d'être à ma place, tout en te redécouvrant. Je sens un léger sourire en coin se former sur mon visage. Je me sens moins morne. Je dirais même peut être satisfaite. Pas encore contente ou plus encore, heureuse. Mais je suis moins morne. J'éteins l'eau, dévisse le bouchon du petit tube de shampoing et en verse dans ma main pour l'appliquer sur ma tignasse. S'il mettait des distributeurs, ça utiliserait moins de plastique. c'est tout bête pourtant...

Nous sauver de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant