●○ Partie IV ○●

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Le premier jour de travail à Auschwitz fût sûrement le moins dur mais il fût le plus traumatisant. Il commença avec l'appel qui dura une heure puis une fois en rang nous sommes partis au travail.Arrivés au travail, on nous donna des pelles et des pioches et pour ceux qui n'en avaient pas ils devaient effectuer le travail à la main. Nous devions aplanir le terrain et si nous nous arrêtions, ne serait-ce qu'un instant, nous étions battus à coup de bâtons...Si on n'allait pas assez vite on nous hurlait dessus, de même si on parlait. C'était un travail épuisant et on était torturé parla soif tandis que les surveillants buvaient du café devant nos yeux. Nous avions droit à une pause d'une heure, durant laquelle nous retournions au camp pour manger la soupe essentiellement composée d'eau et d'ingrédients de toute sorte. Pendant cette pause nous n'avions pas le droit de nous asseoir et aussitôt que nous avions fini de manger nous devions repartir au travail jusqu'à six heures. Nous rentrions et nous devions assister à un appel qui durait au moins trois quart d'heure, enfin nous allions, épuisés et morts de faim nous coucher dans des lits de 75cm de large sans couverture où bientôt on devrait dormir à deux ou trois.

Les jours s'enchaînaient, le suivant toujours plus dur que le précédent mais j'eus un réel choc lors d'un appel de nuit : un SS passait et a demandé au chef de Block "Combien de morts ?" -L'autre répondit "10" et le SS rétorqua "Comment ? si peu?". Dans le camp les conditions de vie étaient plus que pitoyables, on avait un lavabo pour tout le block mais on avait interdiction de s'y laver. Très vite, la maladie s'installa de même que les poux, les rats... La promiscuité, le travail forcé et la sous-nutrition n'arrangea pas les choses au contraire, de plus en plus de détenus mourraient. Plus les jours avançaient plus le nombre de morts grandissait, si bien que nous avions arrêté d'essayer de nous souvenir de chacun de nos camarades... Un détenu mourait et il était aussitôt remplacé par deux ou trois personnes.En effet, des trains ne cessaient d'arriver et Auschwitz s'agrandissait de plus en plus jusqu'à manquer de place. Cela a fait que nous nous sommes retrouvés à plus de 800 dans notre block mais c'était pareil pour chacun des 28 baraquements de la caserne.Nous essayions de nous rassurer comme nous pouvions mais personne ne comprenait ce que nous faisions là et surtout on ne comprenait pas comment personne ne se rendait compte de ce que nous faisait vivre les nazis. Pourquoi la disparition et la déportation de milliers de personnes passaient inaperçues ? J'eus ma réponse lors de ma libération : aucun pays n'était intervenu car certains collaboraient avec l'Allemagne tandis que les autres menaient une guerre.

La visite d'Heinrich Himmler,le 17 et 18 juillet 1942 marqua le tournant d'Auschwitz... Ce jour-là commença comme tous les autres : l'appel, le travail, la soupe... mais l'après-midi les SS vinrent nous chercher et nous alignèrent. Nous ne comprenions pas ce qu'il se passait mais les SS et les Kapos étaient beaucoup plus sévères et n'hésitaient pas à nous rouer de coups si quelqu'un osait parler. Nous sommes restés debout pendant près de quatre heures à attendre son passage mais il ne vint pas. Après cette attente nous dûmes retourner au travail où nous avons fini la journée. Le lendemain se reproduisit la même chose mais au lieu d'attendre quatre heures nous avons attendu huit heures sans avoir le droit de bouger, parler et manger.Nous ne savions pas pourquoi il était venu mais nous allions bientôt le savoir...

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Hans MüllerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant