●○ Partie VIII ○●

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Un jour de juin 1944, avant notre début de travail on nous a répartis en trois groupes de travail : je fus sélectionné dans l'équipe du crématoire II avec beaucoup de mes anciens camarades. Dans ce crématoire se trouvait une salle de dissection en plus des douches et des salles de déshabillage. Je ne savais pas réellement ce que se passait dans cette salle mais régulièrement je voyais des médecins arriver avec des détenus. Ma seule hypothèse était qu'ils subissaient des expériences mais à ce moment j'ignorais lesquelles. J'étais loin d'imaginer tout ce qu'il se passait dans ce camp. Le soir nous avons été emmenés dans les combles de notre "lieu de travail". Je supposais que c'était pour que nous puissions travailler plus rapidement. Dès lors, le travail devenait de plus en plus intensif, nos journées se confondaient et nous perdions le compte des jours nous savions juste que nous étions vers le milieu d'année 44. Avec ces arrivées incessantes de nouveaux convois nous avions remarqué que de nombreux détenus étaient des résistants de différents pays. Le Reich ne voulait aucune opposition mais ces déportations de plus en plus nombreuses eurent l'effet contraire : les petits réseaux de résistances augmentèrent jusqu'à devenir un réseau organisé et capable de défier le régime nazi. Quand j'étais dans le camp, j'ai commencé à croire que tout ce qui m'arrivait était mérité : le camp avait commencé à me briser. Cependant, au fond de moi, je savais que ce qui nous arrivait n'était pas de notre faute mais de celle du régime nazi mais personne n'avait la force de se révolter... du moins pas encore. L'arrivée de ces résistants allait tout changer et nous aussi allions mener notre révolte.

Dans quelques crématoires, s'était développé un groupe de résistance. Ces groupes étaient en contact entre eux et avec des groupes de résistants de Birkenau et du camp principal d'Auschwitz.Je faisais partis des résistants du crématoire II et nos chefs étaient des kommandos russes et les kapos Kaminski et Lemke.Nous passions de l'or et des devises à nos camarades pour qu'ils puissent organiser la résistance. Nous étions très actif. Vers juillet-août, de nombreux déportés juifs hongrois ont rejoint les rangs du Sonderkommando de même que les détenus arrivant de Lodz. A cette période, nous étions plus de 800 mais ça n'a pas duré...Effectivement, dès que l'action que l'on nommait action de Hongrie fut achevée les juifs hongrois du Sonderkommando furent gazés. Le sort des détenus de Lodz fut le même. Certains réussirent à survivre à ces actions car ils se trouvaient dans le crématoire II : les SS ont gazé les détenus des crématoires III et IV. Ce fut les SS eux mêmes qui brûlèrent les corps... Ils ne voulaient pas qu'on l'apprenne mais la disparition de près de deux cents camarades ne passait pas inaperçue. De plus, c'est nous qui avons trié leurs vêtements et nous avons reconnu les numéros des détenus. Après cela, tout s'est accéléré. Nous préparions notre révolte depuis un certain temps et le noyau de cette révolte se trouvait dans notre crématoire. On comprit que notre mort était proche lorsqu'en automne les actions d'exterminations furent arrêtées sur ordre de Berlin et qu'on nous donna pour tâche d'effacer toutes traces de cette extermination. Notre révolte devait empêcher notre mort mais tout ne se déroula pas comme prévu.

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Hans MüllerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant