●○ Partie VI ○●

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Je me souviendrais toujours de mon premier jour de "travail", il a été le plus traumatisant de tous. Avant de vivre ce jour, je pensais que j'avais déjà vécu les pires horreurs mais je me trompais et ce jour-là allait me le faire réaliser. La journée a commencé à sept heures, comme tous les matins, mais cette fois le kapo qui nous surveillait nous a emmené dans un endroit que je ne connaissais pas.Il nous a ouvert un portail et nous a fait rentrer dans une cour.Ensuite, il nous a ordonné de désherber la cour et interdit de nous approcher du bâtiment. Malgré cette interdiction, un de mes camarades que je connaissais s'est approché d'une fenêtre et a observé ce qu'il y avait à l'intérieur... Lorsqu'il est revenu vers nous son visage était pétrifié de terreur on aurait dit qu'il avait vu un fantôme. Il nous a alors expliqué ce qu'il avait vu mais personne ne voulut le croire pas même moi. Je ne pouvais pas croire que des centaines de cadavres étaient entassés à moins de dix mètres de moi et surtout je ne comprenais pas pourquoi il y avait des cadavres ici... Le midi nous pûmes avoir notre pause.L'après-midi allait être le début d'un long cauchemar : le kapo nous a dirigé vers l'intérieur du bâtiment et malheureusement on prit conscience que ce que notre camarade nous avait raconté était vrai. Devant nous se trouvait une vision d'horreur, des centaines de cadavres étaient entremêlés les uns aux autres et il était impossible de distinguer à qui appartenait ce bras, cette jambe... Mais le pire était leur visage. Leur visage était déformé par des boursouflures, par la peur et la douleur.Certains d'entre nous reconnaissait des personnes du camp avec qui ils avaient travaillé et ils furent saisis, tout comme moi, de hauts le cœur et de vomissements. Cependant nous n'avons pas eu le temps de nous remettre de notre choc que déjà le kapo surveillant nous hurlait de déshabiller ces cadavres puis de les tirer jusqu'à une autre salle où, nous allions le découvrir, se trouvait des fours crématoires. Ceux qui étaient le plus proche de lui et qui étaient encore paralysés par la peur se firent rouer de coups. Nous commençâmes notre travail, c'était très dur de retirer les vêtements. Après cette tâche finie, on tira les cadavres d'abord par deux ou trois mais on se fit frapper car il fallait un homme par cadavre... Commença alors un véritable calvaire : tirer un cadavre à deux était très difficile mais tout seul la tâche paraissait impossible. Je ne sais pas comment, mais nous avons réussi et après cela il fallut couper les cheveux et retirer les dents en or des morts et les mettre dans des sacs à part. A nouveau il nous fallut tirer les corps, mais cette fois nous avons dû les jeter dans les fours crématoires. Nous avons eu le droit de quitter cet endroit de malheur que lorsque nous avions fini de brûler les corps. Nous sommes tous repartis vers notre block mais personne ne parlait, nous étions tous hantés par des images de notre journée. Cette nuit-là aucun de nous ne dormi et tous espérions nous réveiller de ce cauchemar. Malheureusement, ce n'était pas un cauchemar...

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Hans MüllerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant