Toi Et Moi Ou Rien (Dylan O'Brien)

Chapitre 1

bip bip bip

Mon téléphone sonne. Mon téléphone sonne ?

Bip Bip Bip

J'ignore s'il sonne réellement, ou si je rêve toujours. Tout est noir ici.

BIP BIP BIP

J'ouvre enfin mes yeux et vois ma chambre apparaître autour de moi. Ces rideaux mauves hideux que j'ai été contrainte d'acheter puisqu'ils étaient à moitié prix, mon armoire pleine à craquer qui ne supportera bientôt plus le poids de mes vêtements qui s'entassent à l'intérieur, mon miroir en face du lit qui reflète mon image du matin. Je devrais définitivement le changer de place. Voir mes cheveux bruns emmêlés, mon maquillage de la veille que je n'ai pas eu le courage d'enlever et qui s'est étalé sous mes yeux, et bien évidemment ce pyjama vert vomi offert par ma mère, ça ne m'enchante pas dès le matin. En parlant de ma mère, c'est elle qui tente de m'appeler avec insistance depuis une dizaine de minutes. Je sais pourquoi elle m'appelle, pour la même raison que chaque matin depuis une semaine. Je réponds péniblement en baillant.

- Oui maman ?
- Bon sang ma chérie je me faisais un sang d'encre ! J'étais prête à appeler la police tu te rends compte ?!

Ça ne change pas de d'habitude.

- Je dormais maman, arrête de t'inquiéter.

Après m'être longuement étirée et avoir baillé de toutes mes forces, je sors du lit en traînant des pieds pour aller me poster devant mon petit calendrier et cocher la case d'aujourd'hui. Celle de demain me rappelle encore une fois qu'un nouveau lundi terrible m'attend. Mais est-ce que j'ai réellement le choix ?

- Comment ça va aujourd'hui ? m'interroge ma mère comme un disque rayé qui répète toujours la même chose.
- Mieux qu'hier et sûrement moins bien que demain.

Ce qui est bien sûr un mensonge. Si j'étais vraiment honnête avec elle, je lui dirais que ça ne fait qu'empirer jour après jour. Mais je ne le suis pas, de peur de devoir subir un nouvel interrogatoire intensif matinal et l'ordre immédiat de rentrer chez moi. Je sais que rester seule ici est loin d'être la chose la plus rassurante que j'ai vécu jusqu'ici, et que c'est très risqué, mais rentrer et subir les disputes incessantes avec mes parents n'arrangera pas mon cas.

- Tu sais que je déteste te savoir seule aussi loin.
- Je sais maman. Mais je ne rentrerai pas. Je suis bien là où je suis.
- Tu n'as que 17 ans Avery. Qui sait ce qui pourrait t'arriver à ton âge...
- S'il-te-plaît arrête. Je m'en sors très bien.

Je ne m'en sors absolument pas. Je fais tout mon possible pour faire bonne figure devant elle, mais en réalité je suis terrifiée. Il n'y a qu'une chose sur laquelle nous sommes d'accords, je déteste aussi être seule ici.

- Et puis de toute façon si je pars qui s'occupera de l'appartement ?

Les conditions de mon hébergement étaient simples. Je viens vivre ici, seulement si je participe à l'entretien des lieux. Ce que je crois au final être la seule à faire.

- Ma chérie...je sais que tu refuseras de revenir quoi que je dise. Alors j'ai parlé de ta situation à la voisine. Madame O'Brien.

Génial. Cette commère va assurément tout raconter au quartier et je vais très vite devenir la petite victimisée qui ne sait pas s'occuper d'elle-même. Raison de plus de ne pas vouloir rentrer chez moi.

- Et qu'est-ce que cette charmante femme t'a dit ?
- Elle m'a parlé de son fils. Tu te souviens de lui n'est-ce pas ?

Comment ne pas s'en souvenir ? Une vraie gueule d'ange, un sourire à en faire rêver plus d'une, un corps de rêve en acier...vivre à côté de chez lui était à la fois une torture et un régal. Ce canon étant plus âgé que moi de quatre ans, je ne pouvais me permettre de baver sur lui que de loin. Les seules fois où je lui adressais la parole, c'était lors des repas du nouvel an que nos deux familles passaient toujours ensemble. On riait bien ensemble pendant ces moments-là, mais le reste de l'année, nous étions de vrais étrangers l'un pour l'autre. Jusqu'à ce qu'il aille à l'université et que mon plaisir quotidien de l'admirer ne devienne plus qu'un simple et délicieux souvenir.