Malgré l'anxiété qui torturait son estomac pour ce qu'il avait décidé de faire ce jour, éprouvée à tous les instants à travers le contact de ses doigts sur le livre qu'il serrait dans sa main, Natsu courrait en direction de la guilde avec entrain, un immense sourire sur les lèvres. Les rues de Magnolia s'éveillaient à peine à cette heure précoce de la matinée, mais même si le garçon savait comme chaque matin que son nouveau foyer serait encore somnolent voire endormi, il ne pouvait se résoudre à attendre une minute de plus pour s'y rendre.
Car pour la première fois depuis la disparition d'Igneel, il avait de nouveau un endroit où revenir, un endroit qu'il pouvait appeler « maison ».
Cela ne faisait que dix-sept jours qu'il avait rejoint Fairy Tail, mais malgré la « petite » note négative nommée Gray, Natsu s'y sentait déjà à sa place comme jamais il ne l'avait été depuis onze mois que son père adoptif l'avait abandonné. Après autant de temps à survivre par ses propres moyens dans les montagnes et les forêts avec la faim, la soif et le froid pour seules partenaires, chaque minute passée loin d'une quelconque présence devenait plus étouffante que la précédente et le rapprochait de la crise de panique, et il lui suffisait de seulement quelques heures pour que la douleur de la solitude qu'il avait déjà bien trop côtoyée n'atteigne son niveau maximal. Pour soulager son petit cœur en manque de compagnie avant qu'il ne cède, il n'avait d'autre choix que de remplir les vides qui s'y formaient avec la présence de sa nouvelle famille le plus vite possible. C'est pourquoi il était toujours l'un des premiers à arriver.
Dès que leurs visages lui apparaissaient et lui souriaient, la douleur s'envolait instantanément.
Et puisque Fairy Tail soignait ses blessures, il faisait tout pour soigner les siennes, pour lui être utile et la faire flamboyer de joie. Il savait mieux que quiconque où le moindre faux-pas le conduirait pour l'avoir déjà vécu à deux reprises et il ne survivrait pas à une troisième occurrence, alors il savait ce qui lui restait à faire. Il ne serait jamais plus un poids pour personne quitte à sacrifier tout ce qu'il possédait. Il n'avait d'intérêt que pour la prospérité de ceux qui l'entouraient et il ferait tout pour la préserver, c'était maintenant son unique raison de vivre. Leur bonheur faisait le sien.
Aujourd'hui encore, il allait se dévouer à sa raison d'être corps et âme. Faire exploser les sourires, les protéger de son mieux pour qu'ils ne tarissent jamais, et rendre tout le monde heureux au maximum. Enfin tout le monde... sauf un.
Sa relation avec Gray ne s'était pas améliorée depuis leur première rencontre, et Natsu se trouvait de plus en plus affecté par l'hostilité que l'autre garçon lui vouait. Qu'avait-il fait, pour qu'il le méprise et le déteste à ce point ? Plus il y réfléchissait, moins cela n'avait de sens. Et moins cela n'avait de sens, plus il se disait qu'il n'arriverait jamais à y mettre un terme. Comment pouvait-il arranger les choses s'il ne savait même pas ce qui devait être changé ? Gray le considérait indubitablement comme une menace mais... une menace à quoi ? A son honneur, son bonheur, sa guérison ? Ou peut-être était-il, d'une quelconque façon, déjà en train de lui faire du mal ? Et si oui, comment ?
Il ne lui avait pas adressé la parole pour le laisser s'habituer à sa présence et se faire sa propre opinion de sa personne, qu'il apprenne à le connaître suffisamment pour qu'il réalise, avec un peu de chance, qu'il n'était pas quelqu'un de qui il devait se méfier, sans aucun résultat. Gray allait de mal en pis malgré tout.
Il se fermait aux autres de plus en plus chaque jour, personne n'arrivait plus à lui arracher un seul mot, même pour les repousser. Lorsque quelqu'un essayait de lui parler, il ne se contentait que d'un grognement ou d'un geste désinvolte pour les congédier, sans jamais lever les yeux de sa lecture. Natsu était le seul capable, bien malgré lui, de le sortir de son mutisme pour prononcer des obscénités.
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Quand les masques tombent, les vents tournent
FanfictionQuand deux êtres passent de l'exécration à la fraternité inconditionnelle du jour au lendemain, on se dit forcément qu'ils mentent. Mais pas eux. Il n'a pas suffi que d'un souffle de vent, que d'un petit rien, pour que de la haine naisse ce lien in...