A neuf heures du matin la guilde s'était remplie, et Gray remontait lentement les marches qui le séparaient du hall déjà bruyant, se préparant mentalement à ce qui allait suivre. Mirajane avait dû l'abandonner dans la salle des archives avec un tas de paperasses à ranger afin d'accueillir les premiers arrivants, Macao et Roméo, mais le mage de glace avait préféré attendre un moment avant de les rejoindre même après qu'il eût fini de classer les derniers documents, se sachant indisposé à affronter les visages curieux et les regards indiscrets si vite.
Le tumulte tapageur venant de l'étage indiquait clairement la présence de la plupart des membres, et Gray ne pouvait maintenant plus retarder l'inévitable moment où il devrait se confronter à eux. Personne, pas même Jubia, n'était descendu le saluer ou le chercher au sous-sol, l'informant que Mirajane avait sûrement jugé bon de le laisser gérer les choses à son rythme en ne révélant pas sa présence, ce dont il lui était reconnaissant. Cette petite heure d'intimité lui avait été plus que bénéfique, et avec l'esprit occupé par les montagnes de livres et de documents à ranger, il n'avait pas eu le loisir de laisser les souvenirs ressurgir, ce qui lui avait fait un bien fou.
Le brouhaha devint presque assourdissant lorsqu'il émergea de l'escalier, lui envoyant un bref pic de douleur à travers le crâne qui l'aveugla presque. Après une courte inspection de la pièce durant laquelle il évita de poser les yeux sur une certaine chaise vide, il tenta une percée silencieuse à travers les rangées de tables et de chaises pour atteindre Erza qu'il avait détectée à leur table habituelle en compagnie de Lucy. Ce fut sans compter sur Jubia et son « Gray-radar », qui le repéra en une seconde.
- Gray-samaaaaa !
« Raté. »
Il poussa un soupir défait mais n'eut pas l'énergie nécessaire pour esquiver la charge de la jeune fille qui lui sauta dessus sans retenue, manquant de le faire tomber à la renverse. Son cri avait évidemment dirigé tous les regards vers lui et fait taire toutes les conversations, pour la plus grande frustration du jeune homme qui aujourd'hui plus que jamais aurait voulu passer inaperçu. Pourtant, ce fut un sourire qui apparut sur ses lèvres lorsqu'il salua la mage de l'eau.
- Salut, Jubia.
La jeune fille cligna plusieurs fois des yeux, hébétée par cette douceur inattendue émanant de son grand amour, puis plaqua deux mains sur ses joues devenues brûlantes de gêne en bafouillant des mots incompréhensibles, manquant de peu de s'évanouir dans le processus. Quelques gémissements de « Gray-sama » et une succession de syncopes plus tard, l'amoureuse transie se reprit suffisamment pour pouvoir aligner quelques mots cohérents, des étoiles brillant toujours dans les yeux.
- Que faisait Gray-sama en bas ? Jubia croyait qu'il n'était pas encore arrivé !
Le mage de glace ne tenta même pas de dégager son bras de l'étreinte de la sangsue humaine qui s'y était accrochée et répondit calmement, s'efforçant de ne pas avoir l'air trop tendu :
- Oh, juste quelques trucs pour Mirajane. Je suis arrivé très tôt ce matin et il n'y avait pas grand-chose à faire alors...
- Gray-sama... était seul avec Mira-san toute la matinée ?
Gray savait ce qui allait suivre, et il ne put s'empêcher de ricaner gentiment avant même que Jubia eût fait son premier geste, ce qui interrompit la jeune fille dans son projet « lancer des éclairs à sa rivale d'amour », ne s'attendant pas à cette réaction.
- Gray-sama ?
Le mage de glace s'arrêta de rire face au ton interrogateur qu'elle avait employé, y décelant un soupçon d'inquiétude qui l'informa qu'il n'avait probablement pas l'air aussi normal qu'il avait essayé de l'être. Maudit soit ce jour où il marchait totalement à côté de ses pompes. Il se racla la gorge pour retrouver un semblant de normalité, conscient des nombreux regards curieux posés sur eux.
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Quand les masques tombent, les vents tournent
FanficQuand deux êtres passent de l'exécration à la fraternité inconditionnelle du jour au lendemain, on se dit forcément qu'ils mentent. Mais pas eux. Il n'a pas suffi que d'un souffle de vent, que d'un petit rien, pour que de la haine naisse ce lien in...