#1- Joyeux anniversaire !

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-Joyeux anniversaire Jungkook !!

- Merci ! Répondis-je quelque peu mal à l'aise.

Mes parents, ma sœur et mes collègues les plus proches, que je n'osais pas appeler «amis», étaient tous là pour mes vingt huit ans. Le temps avait filé à une vitesse incroyable, il m'arrivait souvent de penser que j'avais encore vingt ans. Ma mère me serra dans ses bras en me regardant avec fierté tandis que mon père me fit un large sourire. C'est lui qui avait préparé la soupe d'algues que je m'apprêtais à boire. Comme tous les ans, je la bu d'une traite et comme tous les ans, j'allais ensuite me courber devant ma mère puis mon père. Ils étaient heureux de me voir sourire et peut être aurais-je été heureux moi aussi si seulement ce sourire n'avais pas été forcé. J'essayais de profiter du moment présent malgré tout mais leur mentir sur ma vie commençait vraiment à peser lourd sur mes épaules. Avant l'arrivée des invités, j'avais fait du tri dans mon appartement. J'avais pour l'occasion rangé deux trois items dérangeant comme par exemple le cadre photo de lui et moi lors de notre voyage à Jeju ou ses livres de sciences dans des tiroirs tandis que lui s'était occupé de mettre notre chat en pension le temps des festivités. Je n'avais jamais voulu de chat et mes parents le savaient mais j'avais finalement craqué face à sa demande plus qu'insistante à longueur de journées. J'avais tenu trois mois avant de finalement l'accompagner chez une grand-mère qui avait affiché chez un glacier une petite annonce disant qu'elle donnait les chatons d'une portée.

La journée fut plus longue qu'agréable. Je n'aimais pas mentir et pourtant je passais ma vie à vivre dans un mensonge. J'avais dis à mes parents qu'à cause du boulot je n'avais pas le temps de me trouver une copine alors ils s'inquiétaient. Ils me disaient que je commençais à être vieux pour ne pas être marié et heureusement pour eux, je n'étais pas une femme. Si j'en avais été une, en soufflant mes bougies j'aurais également gagné le statut de «vieille fille», mais puisque ce n'était pas le cas, j'avais encore quelques années devant moi. Je leur avais raconté que tout se passait bien professionnellement alors qu'hier soir encore je pleurais la mort d'une de mes patiente que je n'avais pas réussis à convaincre que la vie valait la peine d'être vécue. Le suicide d'un patient était la pire chose qu'il puisse arriver en tant que psychologue et malheureusement, cela arrivait trop souvent. Je travaillais dans un cabinet à mon nom depuis peu mais je m'étais fait une place dans le milieu assez rapidement. Malheureusement, psychologues et psychanalystes étaient regroupés dans le même building et cela créait forcément des rivalités. C'était à celui qui aurait la plus longue file d'attente devant son cabinet et je subissais constamment les remarques désobligeantes de mes collègues, étant le dernier arrivé et plus jeune du bâtiment. J'aimais les gens et je voulais les aider, c'est pour cela que j'avais choisis ce métier mais l'argent avait fait perdre la tête à la grande majorité de mes collègues.

Lorsque je vis les dernières voitures s'éloigner depuis ma fenêtre je pris mon téléphone et appela mon petit-ami pour lui dire qu'il pouvait rentrer.

-Allô ?

- Oui mon amour ? Ils sont partis ?

- Oui... Excuse moi pour hier, ils ne devaient rester que trois jours, je te paierai la nuit d'hôtel en plus.

-T'en fais pas pour ça Kook'. Le temps de choper un métro et marcher jusqu'à l'appart'... je devrais arriver d'ici une heure !

- D'accord, n'oublie pas le chat.

-Tu t'inquiètes pour lui maintenant ?

-Tu n'as pas dit que tu irais le récupérer c'est tout...

-Mouais...Je sais que tu lui parles lorsque je ne suis pas là !

-...

-Tu vois ! Je le savais !

Nous discutions encore un peu avant de finalement raccrocher. J'avais rencontré Sangwook au cabinet. Il avait été l'un de mes premiers patients. La première fois qu'il était venu, c'était au début de l'hiver, comme la plupart des gens, c'est la période du «début de la fin» moralement parlant. Il avait avoué à sa famille son homosexualité et avait été rejeté de ce qui fut un temps sa maison. A l'époque, il se croyait malade et n'avait personne à qui parler, personne pour lui dire que tout allait bien, que c'était la société dans laquelle nous vivions qui n'allait pas bien. C'est ainsi qu'il se retrouva à la rue, les températures atteignant parfois les degrés négatifs. Je lui avais offert un toit et plus tard mon cœur. J'avais je crois, toujours eu le chic de m'enticher de ce que je n'avais pas le droit d'aimer. Je disais souvent à mes patients que nos erreurs nous étaient bénéfiques si l'on en tirait des leçons alors que je n'étais manifestement moi même pas capable. Comme si mon histoire d'amour avec mon ancien professeur de littérature au lycée m'avait empêchée de tomber amoureux de l'un de mes patients.

Depuis le Premier JourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant