#2- Cauchemars

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-Alors monsieur Kim... j'espère que cette thérapie vous a été bénéfique et que nous pouvons vous compter parmi nous...

Cet homme me faisait peur. Je n'avais pas envie d'y aller, pas dans des conditions comme celles là. J'étais épuisé, je voulais juste rentrer chez moi et ne voir personne. Il reprit:

-Bien, jetons un œil à votre dossier médical...

Il fronça les sourcils et débuta sa lecture, ses lunettes correctement placées sur le bout de son nez.

-La maladie persiste d'après les médecins...

Il releva son visage vers moi et me jaugea du regard, il me donna des sueurs froides. J'étais terrorisé de ce qu'il pouvait ou allait potentiellement me faire. Mais jamais je ne les aurais laissé gagner, jamais.

-Je ne suis pas... malade. Ce sont vos prétendus médecins qui le sont.

-Je te demande pardon ? Répète ce que tu viens de dire espèce de sale raté de pédé de merde ! Allez vas y !

Je n'en pouvais plus, j'étais humilié, éreinté et j'avais l'impression de devenir fou. Mais c'était bientôt fini, j'allais bientôt être libre. Alors je décidais de ne rien dire, il était de toute façon en position de force. Et je n'allais pas le faire changer en ouvrant ma bouche et en lui débalant mes beaux discours. Je baissais les yeux comme j'avais appris à le faire ces dernières semaines, en attendant.

-T'oses pas hein petit enculé de merde !

-Quand est-ce que je pourrais partir ? Pourquoi ne pas me décharger directement puisque je ne suis de toute façon pas apte au service militaire ?

Je soupirais, lassé de tout ça. Le flic se redressa de sa chaise et me regarda avec dégoût. M'insulter semblait toute fois l'avoir calmé.

-Si ça ne tenait qu'à moi tu serais rentré chez toi depuis le jour où tu t'es pointé ici. Des sous merdes comme toi y'en a d'autres et c'est toujours pareil. Vous êtes des causes perdues d'avance. Mais j'ai reçu des ordres.

-Quand est ce que je serais déchargé ?

-Tu l'es déjà. Si t'es ici aujourd'hui c'est pour autre chose.

Il me montra du menton la petite boîte posée sur la table face à moi. Il l'ouvrit et se remonta les manches.

-Allez, appuie ton index là dedans, c'est un p'tit souvenir avant ton départ.

J'obéis et mis mon doigt là où il me l'avait demandé. Je n'aimais pas savoir que mes empreintes étaient chez les flics sans raisons particulières mais je n'avais pas vraiment le choix. Est-ce qu'ils nous fichaient comme des criminels ? Il appuya sur mon doigt pour être bien sûr que je le fis correctement et essuya ensuite la main qui m'avait touché sur son pantalon pour bien me faire comprendre que je l'avais sali.

- Allez c'est bon, dégage.

Il se leva et n'attendit même pas que je fasse de même pour quitter la pièce. Ce cauchemar était enfin fini. Je quittais le commissariat en vitesse en jurant de ne plus jamais revenir ici. Après seulement quelques mètres dehors, la solitude, le vide et l'impression d'avoir été sali de tout ce que j'avais subi pendant ces trois semaines s'abattaient sur moi. Je marchais un moment dans une endroit désert pour me vider l'esprit avant de rejoindre une rue plus animée. Je ne me sentais pas prêt à croiser le regard des gens, comme s'ils allaient voir, comme s'ils allaient deviner ce que j'étais. Je n'en avais jamais eu honte, non, j'avais seulement honte de ce que j'avais subi là bas, et j'avais l'impression que ça se voyait sur moi. J'avais besoin de me libérer, de m'évader de tout ça. Je me rendis dans une petite supérette acheter quelques bouteilles. Je poussai la porte et la clochette se mit à tinter, le vendeur me jeta un bref regard qui me mit mal à l'aise. Il n'y avait que deux autres adolescentes dans le magasin. Je pris d'abord un pack de bières puis m'approcha du comptoir. Je demandais au vendeur de me rajouter une bouteille de vodka et une petite de rhum blanc. Il m'annonça le prix et mit les bouteilles dans un sac. Je payais et rentrais chez moi à pieds plutôt qu'en métro, voulant éviter la foule.

Depuis le Premier JourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant