Chess Genious ♟ [SUPERCORP]

Chapitre 19

L'échange des cadeaux avait été riche en émotion. Tous y étaient passés chacun leur tour. Cela avait bien sûr commencé par Ruby, qui était de loin la plus excitée de tous à découvrir ce que les adultes lui avaient acheté. S'il y a bien une fête que Kara affectionnait plus que les autres, c'était celle de Noël. Voir tous les visages de ses proches s'éclairer de joie et de bonheur lui mettait toujours du baume au coeur et elle aimait ressentir cette vague d'attendrissement. Elle se sentait plus humaine grâce à cela.

La journaliste avait attendue qu'elles soient seules pour offrir son cadeau à Lena. Lorsque tous leurs amis avaient enfin quittés la table pour se rendre dans le salon, Kara avait suivi sa compagne dans la cuisine en s'occupant de débarrasser la table. Elle posait les assiettes dans l'évier et, d'un geste lent et délicat, elle encerclait la taille de Lena avec son bras, en l'attirant un peu plus contre elle. Leurs regards se croisèrent alors et Kara tendit un petit écrin à la brune. Les yeux de la femme d'affaires s'ouvrirent un peu plus grand et elle saisit le présent de la super-héroïne. Son coeur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle découvrait le collier orné du pendentif en forme de reine d'échec. Ses yeux prirent une teinte nouvelle que Kara n'avait encore jamais vu dans son regard. Lena restait tout simplement sans voix. Ce simple geste avait une grande signification pour elle. Rare était les personnes à lui faire des cadeaux, et pour cause, elle n'avait pas reçu grand chose durant cette soirée.

Incapable de remercier la blonde avec des mots, la milliardaire posa le petit écrin sur le plan de travail derrière elle et passa ses deux mains dans la nuque de Kara. Elle s'empressa d'embrasser sa petite-amie en laissant passer tout ses sentiments. Des sentiments tellement forts qu'elle était incapable de leur donner un nom. La journaliste, malgré ses retissances et sa gêne envers les personnes dans la pièce, répondait à ce baiser sans demander son reste. Le contact des lèvres de Lena contre les siennes lui provoquait toujours de l'étourdissement. Aggripant les hanches de la brune, Kara se laissait aller dans cette étreinte passionnée en essayant de garder contenance. En vain. Aucun doute, elle aimait Lena de tout son être. Elle était juste déçue de ne pas l'avoir compris avant.

Alex se sentait défaillir elle-aussi. Le moment que sa soeur avait choisi pour témoigner son affection à la Luthor était aussi celui où Alex avait décidé de se retourner pour leur jeter un coup d'oeil. Elle avait même faillit recracher la gorgée de rosé qu'elle venait d'avaler l'instant. C'était la première fois qu'elle voyait sa soeur embrasser une femme et, le fait que celle-ci soit Lena avait fini de la refroidir.

- Je ne m'y ferais jamais, avoua la directrice du DEO à Sam, qui venait de se retourner pour lui parler.

- Elles s'aiment, affirma la brune. Si Kara est heureuse, tu dois respecter son choix.

- Je le fais. Mais je ne m'y ferais quand même jamais.

***

La nuit avait été courte pour les deux amantes. Le réveillon s'était terminé tard. A trois heures du matin seulement, les invités de Kara avaient commencés à quitter son appartement de banlieue. Eliza et Alex étaient restées jusque la fin pour les aider à débarrasser le reste de la table et ranger ce qui traînait. Elles n'étaient parties qu'aux alentours de quatre heure. La journaliste avait alors entraîner Lena vers son lit, décrétant qu'il était trop tard pour elle partir désormais. Elles s'étaient donc blotties l'une contre l'autre, avec tendresse. Aucune n'avait pipé mot. Kara s'était contentée de poser sa tête contre la poitrine de la milliardaire, l'enlacant d'un bras autour de sa taille, tandis que la brune jouait avec ses longs cheveux blonds distraitement. La jeune Danvers s'était endormie, et réveillée, ainsi.

A en juger par la position dans laquelle Lena se trouvait, la brune avait du la veiller une bonne partie de la nuit. Légèrement redressée, la tête reposée sur la tête de lit, la milliardaire avait tout l'apparence de quelqu'un s'étant assoupit. En toute délicatesse, Kara quitta délicatement les bras puissants de son amante, prenant garde de ne pas la réveillée. Dans le plus grand des silences, elle prépara le petit déjeuner de sa brune. Lena lui avait déjà reprochée de s'être sauvée sans la prévenir la veille, elle ne comptait pas refaire la même erreur ce matin-là.

Alors que les pancakes qu'elle avait mis tant de mal à préparer cuisaient, des vibrations sur le plan de travail attirèrent son attention. Cela provenait du téléphone de la femme d'affaires. Ne voulant pas apparaître comme une petite-amie curieuse aux yeux de Lena, elle fit taire sa curiosité et décida de ne pas jeter un oeil au nom s'affichant sur l'écran. Du moins... c'était le cas jusqu'au troisième appel consécutif sur le téléphone de Lena. La journaliste ne connaissait pas la personne qui appelait sa compagne mais, elle avait un mauvais pressentiment.

Quelques minutes plus tard, les bras de Lena l'étreignirent et les lèvres de la milliardaire se posèrent dans sa nuque. Mais Kara n'était pas en état d'apprécier pleinement cette attention matinale, et Lena le ressentait plus que la blonde ne l'aurait pensé.

- Est-ce que ça va Kara ?

La pointe d'inquiètude dans la voix de Lena serra le coeur de la super-héroïne.

- Une certaine Kelsea cherche à te joindre depuis tout à l'heure, expliqua Kara avec douceur. Est-ce que je dois m'inquièter ?

- Si tu m'avais posé la même question il y a dix ans, je t'aurais dit que oui. Mais ce n'est plus le cas maintenant. Tu n'as aucune raison de t'en faire.

- Qui est Kelsea ?

Kara attendait une réponse honnête. Plus que cela, elle en avait besoin. Après ce qu'il s'était produit avec Mon-El, elle avait beaucoup de mal à croire en la fidélité et l'honnêteté.

- C'est l'une de mes ex. La plus récente, avant Lena en prenant place sur le canapé le plus proche, très vite rejoint par Kara. Nous sommes restées ensemble cinq ans. Puis un jour, ses rêves ont été plus forts que nous et elle est partie pour suivre une carrière musicale en me brisant le coeur. Mais j'étais tellement amoureuse d'elle que je l'ai même aidée à percer dans le milieu avant que cela ne devienne beaucoup trop dur et que l'on coupe les ponts. Nous ne sommes plus du même monde Kara.

La milliardaire ne mentait pas. Kara en avait la certitude grâce à toute l'émotion qui régnait dans la voix de la brune lorsqu'elle lui expliquait son histoire. Peu de gens, pour ne pas dire personne, ne connaissait cette partie de la vie de Lena. En effet, si elle et Kelsea était restée ensemble durant cinq longues années, cela datait de l'adolescence et c'était une chose qui n'avait pas fait la une des tabloïds lorsque la famille Luthor fut arrêtée la première fois. C'était un bien, autant pour Lena que pour Kelsea. La milliardaire ne souhaitait pas que cette relation s'ébruite, non seulement pour ne pas mettre Kelsea en danger mais aussi pour ne pas ternir l'image que la chanteuse s'était donné beaucoup de mal à construire.

- Je dois déjeuner avec elle demain, continua Lena. Mais je ne me sens pas capable de lui faire face seule. Est-ce que tu voudrais bien m'accompagner ?

Kara, qui avait saisi les mains de Lena dans les siennes pendant ses explications, opina du chef. Elle entralaçait leur doigts en plongeant son regard plein d'empathie et de compréhension dans le sien.

- Bien sûr.

- Merci Kara.

- Merci à toi d'avoir été honnête.

La présidente directrice générale de L-Corp se blottit dans les bras de son amante. Cette femme ne cessait de la surprendre, faisant battre son coeur un peu plus à chaque fois. Leur relation naissante se renforçait autour de leur confiance mutuelle. Ni l'une, ni l'autre, ne pouvait se permettre d'entretenir des secrets. Cela les détruirait à coup sûr et elles en étaient parfaitement conscientes.

- Kara ? s'enquit Lena, le dos appuyé contre la poitrine de la blonde qui l'étreignait.

- Hum ?

- Je sais que c'est tôt pour le dire à voix haute mais... Je t'aime.

Un silence s'installa face aux paroles pleines de sens que venait de prononcer Lena d'une voix beaucoup trop douce pour ne pas mettre Kara dans tous ses états. Bouche bée, le coeur battant la chamade et les sens émoustillés, la jeune Danvers aurait voulu répondre la même chose à Lena. Mais prononcer ses mots aurait rendu la chose encore plus réelle qu'elle ne l'était déjà et Kara n'était pas encore prête pour ça.

- Tu n'es pas obligée de répondre, embraya Lena face au silence de la blonde ayant été prise au dépourvu. Mais je voulais juste que tu le saches.

- Et je le sais, confirma Kara avec douceur en déposant un baiser sur le crâne de son amante.