Confrontation . . . 1

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Alice et Fred échangent un regard surpris, alliant incompréhension et stupéfaction. L'argument donné par Brémont venant accentuer cet aspect inattendu. Alice peut lire une multitude de réactions venant de son compagnon : colère, jalousie, panique, stupeur, interrogation ... Il doit bouillonner à l'intérieur mais garde son sang froid. Quant à elle, elle ne sait comment réagir. Elle n'était pas préparée à cette visite. Il réapparaît tel un fantôme qu'elle avait profondément enfoui en menant la vie qu'elle a aujourd'hui. Seul Paul est ravi de voir ce père en chair et en os, depuis sa fuite vers le Brésil alors qu'il avait à peine deux ans. Sa mère a fait le choix de garder un lien tant bien que mal, avec son géniteur, malgré l'absence et la distance ainsi que la place importante qu'à prise son Pipou, récupérant ce rôle parental. Elle lui a souvent montré les rares photos qu'elle avait de lui, raconté leur histoire, leur rencontre, en enjolivant les faits, bien évidement. Elle lui a expliqué qu'il était un chasseur de diamants dans un pays lointain mais pas qu'il en était devenu hors la loi.
Elle reprend ses esprits après ce rapide retour en arrière pris de plein fouet comme une gifle.
- Paul, mon amour, va finir de manger avec Ada et Amaury. Nous, les grands, on va discuter sur la terrasse.
Elle ouvre le chemin, passe par la cuisine pour accéder à la loggia, suivie de Mathieu, qui a posé son sac dans l'entrée, et chaperonné par un Fred faussement serein.
Elle fixe son ex compagnon, déterminée.
- Je peux savoir ce que tu fais là, Mathieu, l'interroge t'elle en croisant les bras, manifestement contrariée.
- Je te l'ai dit, Alice, vous me ...
Elle lève le doigt pour l'interrompre.
- Nan, la vraie raison, insiste t'elle.
Il la regarde, circonspect.
- Pourquoi tu en doutes, Alice, demande t'il.
- Parce que tout ce qui sort de ta bouche n'est que pur mensonge, s'interpose Fred.
Elle lui pose la main sur l'avant-bras, lui signifiant de ne pas s'en mêler pour ne pas envenimer la situation, devinant que sa seule présence doit avoir un effet suffisant sur leur visiteur. Elle poursuit.
- Tu es parti depuis six ans, et tu te rend compte, d'un coup, que tu as laissé une famille derrière toi ?
Il ne s'attendait pas à ce que ce soit chose aisée mais garde espoir.
- Famille qui a, depuis, fait sans toi, qui a évolué, qui s'est adapté, continue t'elle.
- Je vois ça, la pique t'il.
Elle laisse échapper un ricanement nerveux.
- Nan mais attends, tu t'attendais à quoi, sérieusement, Mathieu, s'agace t'elle. Que j'allais attendre ton retour toute ma vie ?
- Pas avec lui dans les parages, provoque t'il en fixant son rival.
- N'empêche qu'il était là, lui, répond l'intéressé, la mâchoire serrée. Et toi, tu étais où pendant son procès, quand elle a été opérée, quand elle a été enlevée, quand ton fils s'est retrouvé seul, crit-il.
- Fred, ne t'énerves pas, lui demande t'elle en le priant du regard.
Il se détourne pour calmer son impulsion, prêt à en venir aux mains.
- Quoi qu'il en soit, Paul reste mon fils, ajoute t'il.
- Tu as perdu tout droit en partant à l'autre bout du monde pendant des années, lui lance t'elle. Abandon du domicile conjugal, déchéance de l'autorité parentale, casier criminel, ça te parle, le pique t'elle.
- Tu vas pas me la jouer femme de loi, là, Alice, se désole t'il. Ce sont ces raisons là que tu vas donner à notre fils ? T'as pensé à lui ?
- Pfff, l'hôpital qui se fout de la charité, marmonne Fred dans sa barbe.
Alice pince sa bouche.
- Et pourquoi pas, bluffe t'elle.
Les idées se bousculent dans son esprit. Elle doit penser à tête reposée, échanger avec Fred, trouver une solution, sans pénaliser son enfant ni faciliter les choses à son ex compagnon.
Mais la sonnerie d'un portable retentit. Personne ne réagit, tous les trois figés comme des mercenaires de l'ouest américain en duel, prêts à dégainer leurs armes. Alice rompt cette animosité.
- Fred, ton portable.
Il le saisit dans sa poche sans quitter Mathieu des yeux.
- Marquand ...
Après un court instant à écouter son interlocuteur, son visage se fige, il coupe le contact visuel d'avec son ennemi et pousse un juron avant de raccrocher. Il la regarde. Elle comprend dans son langage muet que l'affaire n'est pas banale.
- On doit y allé, Mathieu. Et toi, tu ne peux pas rester ici, lui indique t'elle en prenant les devants.
- Et pour Paul ?
Elle pousse un large soupir.
- On poursuivra cette conversation plus tard, dit-elle, froidement.
Fred saisit le bras de Mathieu pour l'inviter à sortir mais il se défait de sa prise en un geste violent. Le caractère sanguin du commandant ne tarde pas à resurgir et il colle son visage au sien en guise de provocation, prêt à en découdre. Ils bombent leur torse, leur respiration devient bruyante, leurs poings se serrent, comme deux animaux gagnés par leur instinct sauvage, se battant pour un territoire ou une femelle. Alice glisse son bras entre les deux et les repoussent pour les séparer.
Elle montre le chemin au père de son fils qui prend soin de saluer son enfant avant de ressortir.
- Je reviens bientôt, mon fils, promet-il.
Le petit garçon regarde sa mère en attente de confirmation. Elle lui répond en un sourire forcé.
Mathieu redescend après avoir pris son sac. En entendant la porte claquer, Alice ferme les yeux pour retenir ses larmes, effacer ce mauvais moment, se réveiller après un cauchemar mais c'est bel et bien la réalité. Ada l'observe, inquiète.
- On a une affaire importante, on doit partir. Vous allez être bien sages tous les trois, j'appelle Mado pour qu'elle vous rejoigne, explique t'elle.
L'adolescente ne pipe pas mot, ne souhaitant pas en rajouter à cette situation tendue.
Alice se retourne et vois Fred, resté dehors, à faire les cent pas tel un fauve en cage. Son coeur se serre. Elle comprend son désarroi, sa crainte de voir réapparaître cet homme, sa colère maintenue. Même si elle est sûre d'elle-même, lui n'est pas si devin. Il a déjà vécu ce malheureux retour surprise qui hélas n'a jamais abouti en sa faveur. Mais les choses sont différentes aujourd'hui. Elle le sait mais lui a manifestement besoin de l'entendre, d'être rassuré.
Elle le rejoint et prend une grande inspiration.
- Je suis désolée, Fred, balbutie t'elle, les yeux embués.
Il se retourne et croise son beau regard vert emprunt de tristesse, perdu, apeuré. Il s'approche et prend son visage dans ses mains qu'il détend.
- Hé, ne t'en fais pas, mon amour, tu n'y es pour rien, lui chuchote t'il.
- Mais je suis désolée pour toi. De te faire subir ça, encore une fois.
Il est certes déstabilisé par cette réapparition mais ne souhaite entendre qu'une chose qu'elle devine.
- Je t'aime, Fred. Ne doute jamais de ça. C'est toi. Ça a toujours été toi. Et son retour n'y changera rien, lui déclare t'elle la gorge nouée. Il n'a plus sa place dans nos vies. Toi tu as largement mérité la tienne.
Il dépose alors un doux baiser sur ses lèvres humides par les larmes qui roulent sur ses joues et qu'il essuie du bout des doigts.
- Ne pleures pas, mon amour. On va gérer ça ensemble, se motive t'il. Mais en attendant, on a une autre merde à gérer, rajoute t'il.
Elle se détache de son étreinte, interrogative.
- C'est Solanas, il a été victime d'une attaque par balles, dit-il doucement en veillant à ne pas être entendu par les enfants.
Alice hausse les sourcils, abasourdie, sa bouche arrondie, avant de la masquer du plat de la main.
- On va devoir suivre l'affaire de très prêt, l'IGS est déjà sur le coup. Je vais appeler un contact sur place et par sécurité, avec Brémont dans les parages, je vais demander à Kadiri de planquer devant la maison.
Elle lève les yeux au ciel, agacée par cette idée exagérée.
- Si ça peut te rassurer ...
- Oui, ça me rassure, répond-il un peu sèchement. Et c'est légitime !
Elle ne pense pas Mathieu capable d'agir bêtement mais comprend la volonté de son compagnon de défendre sa famille.
La suite des événements va être complexe. Trouver un terrain d'entente, un juste milieu, entre raison et sentiments . . . Ils auront déjà passé sans heurt cette confrontation . . .

Nouvelle Saison 17 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant