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Fred rattrappe Alice à l'extérieur du palais, qui dévale les marches, pressée et énervée.
- Ne te précipites pas comme ça, mon amour, s'inquiète t'il en la retenant par le bras. Tu risques de tomber.
Elle se retourne le regard fou de rage.
- Qu'est-ce que tu foutais avec Dina Marquezzi, crie t'elle.
Il hausse les yeux au ciel.
- Hé, oh, tu me l'a déjà faite celle-là, s'agace t'il. Ça va pas recommencer ? T'es sérieuse ?
Puis devant son air insistant, les mains sur les hanches, il précise :
- Je comprend que tu sois contrariée par les agissements de Brémont mais j'y suis pour rien moi, boude t'il. Et puis, tu ne te laisse pas faire, je suis fière de toi, elle est trop forte ma ptite femme, dit-il en lui donnant un chaste baiser.
Mais voyant qu'elle n'est pas d'humeur, il poursuit dans le cadre professionnel.
- Elle est venue chercher son indic. Il t'a expliqué, le Brémont, non, grogne t'il, lui aussi jaloux de savoir qu'ils ont passé du temps ensemble.
- Il m'a raconté, oui, confirme t'elle, plus calme. Cocasse comme situation, tu trouves pas ?
- Si, grotesque même. Mais Dina m'a confirmé et j'ai lu le dossier. Les fraudes avaient un gros poisson à ferrer, l'informe t'il. Un diamantaire à Anvers qui trafiquait en France. Mathieu s'est infiltré et a servi d'appât. Elle a négocié pour lui obtenir l'immunité.
Elle grimace, suspicieuse.
- Ça ne va pas, lui demande t'il.
- J'ai l'impression que ça cache autre chose, pressent-elle.
- C'est-à-dire, développes ...
- Je ne sais pas encore, un sensation, un pressentiment, mais on va le découvrir ...

Après avoir passé la journée à la brigade à chercher des éléments pouvant lier Solanas à Mathieu, en vain, la procureur met fin à cette tension.
- Bon, on n'aura rien de plus aujourd'hui, conclut-elle. J'ai mis Jérôme sur le coup, il va essayer d'obtenir des infos à l'IML sur les conclusions d'autopsie. En attendant, il faut annoncer à Amaury la mort de son père, dit-elle à Fred, peinée.
Leurs mines se défont, la tâche ne va pas être aisée, d'autant plus de leur implication personnelle.
- Ouais, il faut s'y coller, se résoud Fred.

Ils quittent le 36 dans une ambiance pesante. Durant le trajet, Victor contacte Alice sur son portable
- Céline Pèlerin vient d'atterrir à Roissy, annonce t'il.
- Bien. Envoyez une voiture la récupérer, ordonne la procureur.
- Djibril l'accompagnera ensuite chez nous, précise Fred qui a assisté à la conversation par haut-parleur.
Le greffier prend acte des instructions et raccroche après avoir encouragé leurs collègues.

- Mais dis-moi, se remémore Fred. Tu n'étais pas jalouse de Dina quand même, l'interroge t'il .
- Pourquoi, je ne devrais pas ?
- Bê nan, y a aucune raison, la rassure t'il.
- Aahh bon ? Vraiment, insiste t'elle.
Il devient pensif.
- Vraiment, oui, confirme t'il sans hésitation.
Elle fait une grimace.
- Tu n'as pas l'air convaincue, constate t'il. Expliques . . .
Elle hésite mais se lance.
- Il faut dire que vous étiez proches à l'époque de ta demande de mutation, non ? Puis l'affaire de Mathieu vous a réuni, dit-elle.
- Qu'est-ce ce que je devrai dire du cas Brémont alors, râle t'il.
- Ça n'a rien à voir, Fred. C'est le père de mon fils, que je le veuille ou non, se fâche t'elle.
Il laisse échapper un pouffement entre la fatalité et la moquerie.
- Et puis, je vous ai vu vous embrasser, un soir, dans sa voiture, devant le palais, avoue t'elle.
Il hoche la tête, étonné, et amusé par sa jalousie, puis tente de dissimuler son sourire.
- Ça t'amuse, se vexe t'elle.
- Un peu oui car on parlait justement de Brémont et tu es passé devant nous donc c'était un subterfuge pour que tu ne me vois pas. Une idée à elle d'ailleurs.
- Ça a raté, le pique t'elle.
Il arrête la voiture sur le bas côté.
- Mon amour, murmure t'il en se tournant vers elle, déjà, il ne s'est strictement rien passé avec elle, je t'avais déjà bien encré dans la tête et dans le coeur. Et quand bien même, on a tous les deux eu une vie avant l'autre. Ça n'enlève en rien l'amour que l'on se porte. Et malgré tout ce que nous avons traversé, les années qui sont passées, tu en doutes encore, toi, Alice ? Tu as encore besoin d'être rassurée ?
Elle lui sourit, consciente du ridicule de sa réaction.
- Mais je te comprend car moi aussi je ne peux m'empêcher de ressentir de la jalousie envers Brémont, avoue t'il en lui caressant le visage. Surtout quand il passe un moment dans ton bureau et qu'il joue de toi. Mais on s'aime et on se fait confiance.
Ils se penchent l'un vers l'autre et échangent un chaste baiser ressoudant.

Ils arrivent à leur domicile à l'heure du goûter. Les enfants sont attablés, sous la surveillance de Mado, des livres et des cahiers jonchés autour d'eux, mêlés à leur collation : jus de fruits, brioche et chocolat. Paul saute dans les bras de sa mère.
- Oh la, la, doucement mon amour, l'acceuille t'elle. Quel bazard vous avez mis, remarque t'elle.
Les ados sont assidus et souriants.
Malheureusement, ça ne va pas durer longtemps.
- Et si tu allais prendre un ptit bain, propose Alice à son fils, ravi.
Puis elle interpelle le ptit couple d'amoureux et les invite au salon. Ils sentent qu'il y a un problème.
Alice s'asseoit sur le canapé à côté du jeune homme, Ada se tient derrière lui, en soutien.
- Ton père a été victime d'une attaque par arme à feu, débute t'elle clairement mais avec une voix douce. Il n'a pas survécu, lâche t'elle en posant affectueusement sa main sur son épaule.
Ada l'entoure de ses bras dans son dos et accole sa tête sur son autre épaule. Les larmes roulent silencieusement sur ses joues, Ada balaie les siennes.
- Je me doutais que ça allait mal finir, hoquete t'il.
Alice jette un oeil à Fred. Elle lui transmet alors ses doutes.
- Je te promet qu'on va faire notre possible pour trouver le responsable, le rassure t'elle.
Le jeune homme s'effondre dans ses bras.
La sonnerie de la porte retentit. Djibril conduit l'ex Mme Solanas à l'étage. Amaury l'aperçoit et se précipite vers elle, dévasté. Le couple est soulagé de cette présence signifiant la fin de leur responsabilité envers le jeune homme.
Ada accompagne son copain rassembler ses affaires, laissant les adultes se présenter.
- Je suis le procureur Alice Nevers, dit-elle en tendant la main. La mère adoptive d'Ada. Et voici mon compagnon, le commandant Frédéric Marquand.
Elle incline la tête, ravie de faire leur connaissance malgré les circonstances.
- Merci à vous d'avoir pris soin de mon garçon, dit-elle, émue.
Par déformation professionnelle, la rencontre tourne rapidement mais subtilement à l'interrogatoire. Mais mis à part les aléas classiques d'un divorce avec la complexité d'une garde d'enfant à distance, aucun élément probant ne ressort de cet entretien.
Elle se doutait des magouilles et des mauvaises fréquentations de son conjoint mais n'en a jamais eu la preuve.
Elle repart donc avec son fils, après une dure séparation entre les deux adolescents et informe s'installer dans l'appartement d'Éric le temps de l'instruction et d'organiser les événements.

La fin de journée est bien morne. Ada s'est isolée dans sa chambre, le repas s'est tenu dans un silence de cathédrale. Seul Paul est épargné de ce souci, innocent.
Alice donne congé à la nounou mais celle-ci regarde Fred en souriant.
- Mado va rester encore un peu car on est de sortie, j'ai une surprise pour toi, mon amour . . .

Nouvelle Saison 17 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant