Complication . . . 9

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Le couple stationne la voiture en bas de l'immeuble. Alice se précipite à l'intérieur, sous pression, sans prendre la peine d'attendre son compagnon.
Il la rejoint rapidement, qui gravit les escaliers à la hâte. Elle s'arrête devant la porte, stressée de ce qu'elle va y trouver, comme à chaque fois qu'elle y vient. Fred la sent hésitante, en panique. Il tambourinne donc violemment contre le bois.

Il tend l'oreille mais n'entend rien. Il sort de sa poche son kit de crochetage, Alice n'ayant pas pensé à prendre le double des clés. Mais avant qu'il n'insère l'outil dans la serrure, la porte s'ouvre. Alice se glisse dans l'entrebaillement et entre en appelant son fils, qui arrive en courant.
- Mamaaan, s'exclame t'il en lui sautant au cou.
Elle s'accroupit pour acceuillir son ptit garçon.
- Ça va, mon amour, demande t'elle en lui ébouriffant sa chevelure.
- Ça va super. Papa m'a acheté une crêpe au parc, se ravit-il, en témoigne le contour de sa bouche, maculée de chocolat.

Mathieu tente de les rejoindre mais Fred le plaque contre le mur et l'immobilise pour l'en empêcher. 
Alice se relève en tirant son fils par le bras et passe devant eux.
- Lâches le, Fred, demande une voix.
Ils se retournent et découvrent Dina.
- Tiens donc, commandant Marquezzi, s'amuse Fred. Tu ne le quitte plus ton protégé, dis-moi.
Leur échange de regards est froid.
- Vous vous rendez complice d'un enlèvement, indique la procureur.
- Ce n'en était pas un, se justifie t'elle. Il nous a suivi de son plein gré et on a prévenu la jeune fille qui l'accompagnait. De plus, vous saviez où le trouver, pour preuve, insinue t'elle.
Alice laisse échapper un rire nerveux devant le ridicule de sa réponse.
- Tu n'en as pas la garde, siffle t'elle en se tournant vers Mathieu, encore sous la coupe de Marquand.
- C'est mon fils aussi, Alice, s'énerve t'il. J'ai le droit de le voir !
- Tu as perdu ce droit quand tu as choisi les diamants plutôt que lui ! Quand tu as décidée de partir pour le Brésil en nous laissant ici, crie t'elle, son fils caché derrière elle.
- Ça t'arrangeait bien, hein, la pique t'elle en désignant Fred.

Le couple se regarde mais ne tombe pas dans le panneau, ne répondant pas à la provocation.
- Ne cherches pas d'excuses, Mathieu. Je te connais. Rien ne t'est gratuit ni désintéressé, dit-elle plus calmement mais le regard noir.
Sur ces mots, elle quitte l'appartement, son enfant dans ses pas.

Fred ne les suit pas immédiatement. 
- Restes sage, Brémont, avant que je ne sois obligé de m'occuper de ton cas, le menace t'il en bombant son buste.
Il est sur le point de partir mais Dina le rejoint sur le palier.
- Il faut que je te parle, Fred.
Il se retourne, étonné, mais l'invite d'un geste à s'expliquer.
- Son retour n'est pas anodin, en effet. Il a besoin d'un service, explique t'elle.
Il se rapproche pour lui poser une question délicate.
- Mais pourquoi tu fais tout ça pour lui, Dina ?
Elle parait gênée.
- Quand tu m'as demandé de le surveiller, je l'ai fait sans rien demander en retour. Tu avais demandé ta mutation, tu devais me rejoindre aux fraudes mais tu m'as planté pour rester avec ta juge. Je te demande donc juste de me rendre la pareille, demande t'elle.
Il sourit, signe d'ironie et d'incrédulité. 
- J'y crois pas, s'étonne t'il.
Elle parait mal à l'aise face à la découverte.
- C'est délicat, j'en suis consciente mais je n'ai rien prémédité, c'est comme ça, c'est arrivé, tout simplement. Et puis merde, Fred ! Après tout, c'est toi qui me l'a foutu dans les pattes, s'agace t'elle.

Marquand est amusé par la tournure de la situation.
- Hé, Dina, t'énerves pas. Tu ne me dois aucune explication. Tu n'as pas à te justifier, jsuis pas ton père, se moque t'il avant de tourner les talons et descendre les escaliers sous le regard incrédule de son homologue.
- Passe à la crim, je vais voir ce que je peux faire pour toi, dit-il sans même se retourner.

Le retour est moins silencieux que l'aller, le ptit Paulo racontant son excursion avec son père : la surprise de le voir à la sortie de l'école, la promenade jusqu'au parc, le bon goûter pris au bord du bassin avec les poissons et les canards, le nouvel appartement ... Alice prend sur elle, serrant la mâchoire, bouillonnante à l'intérieur. Fred, lui, ponctue le monologue de petites injonctions pour ne pas contrarier le bonhomme, qu'il se sente écouté. 

Fred mange avec les enfants mais Alice ne se joint pas à la famille, préférant cuver sa contrariété seule dans sa chambre en lisant un bouquin.
- Tu ne viens pas, l'incite Fred, soucieux.
- Je n'ai pas faim, répond-elle sans même lever les yeux de sa lecture.
- Allé, boudes pas, chaton, dit-il en s'asseyant à ses côtés. Tout s'est arrangé, Paulo est rentré, tout va bien, c'est fini, hein, conclut-il en lui offrant un furtif baiser.
- Tu crois ça, s'offusque t'elle en refermant son livre. Tu me prends virement pour une imbécile.
- Bien sûr que non, chaton, pourquoi tu dis ça, s'étonne t'il.
- Ils sont ensemble, j'me trompe, le défie t'elle.
Il aquiesce en opinant du chef.
- Donc les emmerdes ne font que commencer, moi jte le dis, s'agace t'elle.
- Hé, on redescend là, mon amour, on va pas se monter le melon. Positive attitude, dac, mon chaton, la motive t'elle en souriant de toutes ses dents.
Elle ne peut résister à ce faciès clownesque et finit par se détendre.
- Ok, se résoud-elle en l'embrassant. Mais j'suis fatiguée donc je vais rester là.
- J'te rejoins au plus vite, projette t'il en lui faisant un clin d'oeil avant de quitter la pièce.

Mais lorsqu'il revient après avoir fini le repas, rangé la cuisine et couché les enfants, il la retrouve endormie, le visage détendu, enfin, la respiration lente et l'air paisible. Elle est d'une beauté saisissante, malgré son teint pâle.
La situation actuelle l'atteint indéniablement, rongée par le stress, à lui en couper l'appétit, ne ménageant pas sa santé, manifestement déclinante. Il va donc devoir redoubler d'attention et de vigilance pour épargner sa belle.

Le portable de Fred vibre sur le chevet.
- Fred ... tu vibres ..., balbutie Alice dans son sommeil.
Il tâtonne pour l'attraper, vérifie l'heure et le contact avant de décrocher.
- Putain, Kadiri, il est 3h du mat là, râle t'il. Ça t'arrive de dormir des fois ou bien ?
Il écoute les indications avant se s'exclamer.
- Merde. Bon bê j'arrive.
Alice se tourne dans le lit et tend le bras vers lui.
- Qu'est-ce qui se passe, mon amour ?
- C'est rien. T'inquiètes pas.
- Pourquoi t'y vas alors si ce n'est rien, insiste t'elle.
A croire qu'il oublie parfois à qui il a à faire.
- Un proche collaborateur de Solanas a été tué. On pense qu'il y a peut-être un lien avec sa mort, explique t'il.
- Mais la crim n'est pas en charge de l'affaire, indique t'elle.
- Et tu crois que ça va m'empêcher de mener ma ptite enquête ? Avec Granier qui nous colle aux bask ?
Il aperçoit un sourire dans la pénombre de la chambre.
- Rendors toi, mon amour, dit-il en déposant un baiser sur son front. On se retrouve au palais pour le ptit dej, jte ferais un point, promet il avant de partir et après avoir tiré la couette sur elle.

Alice, ne pouvant plus tenir, le rejoint à la brigade à l'aube.
- Du nouveau, demande t'elle, appuyée contre le montant de la porte du bureau du commandant, des croissants à la main.
Fred est surpris de la voir aussi tôt mais pas vraiment étonné. La curiosité de la procureur est partie intégrante de son caractère.
- Tu me fais un topo ?
Il sourit, amusé et s'exécute.
- Marc Barleau, 46 ans, divorcé,  2 grands enfants. Il a été tué devant chez lui. Même mode opératoire : deux hommes casqués sur une sportive noire, 2 balles de même calibre, une dans la poitrine et une dans le coeur. Rapide, efficace. Ça ressemble fort à un contrat, comme Solanas.
Elle intègre les éléments et réfléchis.
- Il faisait parti de son réseau parallèle ?
- On suppose que oui, confirme Fred. Ils étaient proches, souvent sur les mêmes affaires, aussi tordus l'un que l'autre.
Un brigadier vient interrompre leur mise au point.
- Commandant, une femme vous demande à l'acceuil.

Ils s'interrogent du regard. Il se lève et d'un geste l'invite à la suivre. Ils sont surpris de trouver la mère d'Amaury.
- Mme Pèlerin, s'exclame Alice. Qu'est-ce qui se passe ?
- Je peux vous parler dans un endroit plus tranquille ?
- Bien sûr, suivez-nous.
Ils se dirigent tous vers une salle de réunion.
- On a dîné chez des amis, hier soir. En rentrant, j'ai constaté que la serrure avait été forcée, que l'appartement d'Éric avait été fouillé, explique t'elle.
Le couple se regarde, circonspect.
- Où en est l'enquête sur son meurtre, s'interroge t'elle.
- Il y a de nouveaux éléments mais l'affaire est entre les mains de L'IGPN. On vous tiendra informé de l'avancée mais pour l'instant, on ne peut pas vous en dire plus. En attendant, je vais envoyer chez vous une équipe relever d'éventuels indices et je vais vous placer, votre fils et vous, sous protection policière.

L'ex Mme Solanas quitte la brigade sous bonne escorte.
Les ennuis continuent . . .

Et dire que Fred pensait la situation apaisée, voilà que ça ne fait que se corser . . .

Nouvelle Saison 17 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant