De retour chez eux et après avoir donné congé à Djibril, le couple se pose sur la canapé.
- On va devoir annoncer à Amaury le décès de son père, se résoud Fred.
- Pas ce soir, décide Alice. Laissons lui encore une soirée d'innocence. Sa vie va changer, on doit appeler sa mère, il va devoir retourner vivre avec elle, s'attriste t'elle.
Il la sent peinée et pensive.
- Hé, chaton, t'inquiètes pas, ça va aller, la rassure t'il en lui offrant un doux baiser. Djibril a trouvé les coordonnées de son ex-femme. Céline Pèlerin. Elle vit en Russie.
- En Russie, s'exclame t'elle, surprise.
- Oui, elle y est interpréte, précise t'il. En attendant, jme coltine encore le canapé, boude t'il.
- C'est un moindre mal, mon chéri. Penses à cet adolescent qui vient de perdre son père.
Sa bouche se tord, elle a raison, ce n'est pas si grave.
- Je vais voir les enfants, dit-elle en se levant.
Elle entre d'abord dans la chambre d'Ada, endormie. Elle va devoir la soutenir dans son premier chagrin d'amour. Ce ne sera pas chose aisée mais le coeur est un organe solide. Amaury, lui, devra grandir sans père, cette référence indispensable dans la vie d'un jeune homme. Elle ne le sais que trop bien, elle qui a perdu sa mère dans son enfance, ce manque constant, qui ne s'atténue pas avec le temps, bien au contraire, il se renforce quand on devient femme, on se construit sans cette présence maternelle, que son père a bien tenté de combler mais qui est irremplaçable. Ce manque s'est approfondi lorsqu'elle est elle-même devenue mère, quand elle a donné la vie. Ce rôle précieux, ce lien indéfinissable qui lie une mère à son enfant et qu'elle n'a plus. Cette absence de soutien, de conseils et d'amour. Amaury devra apprendre à vivre sans. Mais ça le rendra plus fort.
Elle rejoint ensuite son fils qui dort dans le lit conjugal. Elle se cale à ses côtés, lui caresse les cheveux. Pour lui aussi, la situation ne va pas être évidente avec ce père qui revient de nul part, auquel il posera sûrement des tas de questions sur son absence, sa vie au Brésil, cette réapparition soudaine. Il mettra forcément son père biologique et son père de coeur en concurrence, rajoutée à celle qu'ils ont déjà la concernant. Et c'est dans ces doutes et ce questionnement qu'elle trouve le sommeil, exténuée, apaisée par l'odeur de son enfant.Au petit jour, après avoir préparé le déjeuner aux enfants, frustré par l'abandon de sa compagne la veille au soir, Fred se décide à aller la réveiller en douceur. Il se glisse derrière elle, sous la couette. Elle émerge doucement, espérant que cette nuit aura effacé les événements de la veille. Fred l'embrasse dans le cou, plaque son buste dans son dos. Il balade sa main sur sa peau, sa hanche, son ventre, ses seins. Ce doux contact, ferme et chaud lui procure une agréable sensation de bien-être, éveille ses sens.
- Bonjour, mon amour, lui chuchote t'il dans le creu de l'oreille.
Elle répond en un inodible murmure, encore embuée par le sommeil.
- Un ptit câlin, demande t'il.
- Les enfants, Fred ... rappelle t'elle.
- Ils sont presque prêts, ils ne vont pas tarder à aller à l'école, indique t'il.
- Huumm, se réjouit-elle en se retournant.
Elle lui enlève son t shirt, balade ses petites mains sur ce torse nu. Il adopte la même position qu'elle, les jambes emmêlées, face à face, comme s'ils ne faisaient qu'un, aimantés par l'attraction amoureuse et charnelle. Il simule des va-et-vient, avec son jean comme seule barrière, qu'elle imite à l'unisson, lentement, pour faire monter ce désir déjà très prenant quand un chahut les tire de leur bulle de plaisir. Ils pensent d'abord que les enfants sont sur le départ mais ils entendent une voix, celle de Mathieu. Alice se détache brusquement de leur étreinte.
- C'est pas possible, merde, jure t'elle en s'agitant comme prise en faute.
- Oohh putain, il manquait plus que ça, râle t'il. Il ne me l'avait pas encore faite celle-là : me couper en plein élan, s'énerve t'il.
- Chuuuut, Fred, lui ordonne t'elle en se levant. Rhabille toi !
Il s'exécute la mâchoire serrée. Elle fait de même, dans l'empressement et la confusion. Il s'apprête à sortir de la chambre mais elle l'en empêche au moment où il pose la main sur la poignée de la porte.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Bê je sors, s'étonne t'il.
- Mais tu ne peux pas, s'exclame t'elle les yeux écarquillés.
- Et pourquoi ça ?
- Bê ... Il va te voir sortir de ma chambre ...
- Et ... ?
- Et ... Il faut pas, bégaie t'elle.
Il reste bouche bée.
- Tu crois pas qu'il a déjà compris depuis longtemps qu'on été ensemble, s'offusque t'il.
- Je ne veux pas qu'il en ait la confirmation, Fred. Pas comme ça ! Pas devant les enfants !
Il fait volte face pour accuser sa remarque.
- Tu n'as pas de compte à lui rendre, Alice, se vexe t'il.
- Je sais bien, mais je ne veux pas en rajouter à tout ce qu'on a déjà à gèrer, explique t'elle. On ne sait pas vraiment ce qu'il est venu chercher donc autant ne pas lui donner matière à nous charger.
Il se passe la main dans les cheveux, perplexe et agacé.
- Et donc ... je reste caché là comme un vulgaire amant pris en faute, se fâche t'il.
- T'as cas sortir par la fenêtre, propose t'elle.
Il laisse échapper un rire nerveux, ahuri par le ridicule de sa demande.
- T'es sérieuse là ou bien ? Y a au moins trois mètres, constate t'il en se penchant vers l'extérieur.
- Mais nan, le rassure t'elle. Et puis ça met un peu de piment, c'est marrant, tente t'elle de le convaincre.
- Ouais bê j'en ai un peu marre d'en bouffer, moi, du piment, boude t'il en enjambant la fenêtre, incapable de la mettre en porte à faux ni de lui refuser quoi que ce soit, même ça.
Elle se précipite vers lui avant le grand saut, lui offre un baiser comme une princesse encourageant son valeureux chevalier. Il s'aggrippe au rebord, les jambes dans le vide et lâche prise en tombant lourdement au sol. Elle vérifie qu'il n'est pas blessé, il lève la tête pour lui lancer un regard foudroyant, elle lui sourit avant de rejoindre le salon.
Les adolescents sont pantois, ne sachant comment appréhender cette visite, comme la veille au soir, tandis que Paul acceuille chaleureusement son père.
- Qu'est-ce que tu fais là, Mathieu.
- Bonjour, Alice. Tu voulais qu'on parle, je suis là.
- Pas maintenant et pas ici, Mathieu, refuse t'elle.
Fred apparaît à ce moment-là, par la porte d'entrée, boiteux.
- Un souci, Marquand, le taquine son rival.
- Une planque qui a mal tourné, lui répond-il boudeur.
Alice lui montre un visage de réprimande pour éviter qu'il ne s'étale sur le sujet, les yeux écarquillés et la bouche pincée.
- Et toi, papa, tu as quoi à l'oeil, lui demande son fils en montrant sa pommette rougie.
Fred lui sourit, dans l'attente de sa réponse mais Alice coupe court.
- Bon, c'est l'heure d'aller à l'école, dit-elle en les invitant à sortir pour leur éviter d'assister à ce combat de lions.
Mais elle s'aperçoit que son fils n'est pas totalement prêt.
- Paul, ta veste, ton cartable, dépêches toi, l'encourage t'elle.
Le garçon s'exécute de mauvaise grâce, ce qui agace sa mère.
- Fais un effort, s'il te plaît, le gronde t'elle. Tu vas mettre les grands en retard.
- Ne le brusque pas comme ça, intervient Mathieu.
Alice se retourne et lui asséne un regard foudroyant. Elle attend que les enfants soient partis pour lui répondre.
- C'est une blague, s'exclame t'elle. Tu débarques ici après six ans d'absence et tu te permet de me donner des conseils, s'énerve t'elle.
- Ça m'a fait peine de le voir se faire bousculer, se justifie t'il.
- Ça t'as fait peine, répète t'elle décontenancée par l'ironie de sa remarque.
Fred intervient car il sent que sa compagne est en train de bouillir intérieurement tel un volcan en éruption sur le point d'exploser.
- Qu'est-ce tu fou encore là, Brémont.
- Je suis venu donner à Alice ce qu'elle attend de moi ...
- Des réponses à ses questions, précise le commandant pour indiquer qu'elle n'attend rien de plus venant de lui.
- On va aller à mon bureau, indique t'elle.
Le portable de Fred retentit. Il décroche sans cesser de fixer Mathieu puis raccroche.
- C'était Kadiri, dit-il à sa femme, j'ai une affaire. Jte dépose au palais ?
- Merci, je vais prendre ma voiture, décline t'elle.
Ils sortent tous les trois. Le couple laisse volontairement Mathieu les devancer dans l'allée pour échanger discrètement.
- Ouh, qu'est qu'il m'énerve, je vais me le faire, rage t'elle tout bas.
Fred s'amuse de ce langage qui lui ressemble davantage à lui qu'à elle.
- Pas dans le sens agréable du terme, j'espère, la taquine t'il.
Il parvient à la faire sourire, son regard se détend. Elle prend conscience de la chance qu'elle a d'avoir cet homme à ces côtés.
- Je t'aime, Fred, lui déclare t'elle en posant sa main sur son bras pour lui voler un furtif baiser.
- Moi aussi, répond-il. Mais j'en ai pas fini avec toi, ma ptite femme.
Ils sortent de leur voie privée, arrivent dans la rue et découvre Mathieu chevauchant une moto noire. Le couple se regarde simultanément, surpris.
Fred relève la plaque discrètement avant de soupirer. S'il n'est pas encore soupçonné, tous les éléments sont nettement contre lui. Leur gêne prouve que leurs pensées se rejoignent dans ce même sens.
Ils vont devoir rapidement faire la lumière sur ce désagréable retour lié à ces troublantes coïncidences . . .
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Nouvelle Saison 17
FanfictionLors d'un repas de famille, Mathieu Brémont refait surface après plusieurs années de silence. Paul est ravi de voir son père, ce qui n'est pas le cas d'Alice ni Fred, très surpris par cette visite inopinée. Éric Solanas a été victime d'une attaque...