Tension . . . 7

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Le quotidien reprendrai presque normalement son cours si le retour de Mathieu ne faisait pas planer un doute persistant, une éventuelle menace sur le foyer.

Fred se réveille de sa longue nuit revigorante. Il vient entourer sa belle de ses bras, déposant un tendre baiser sur sa tempe. Elle ouvre ses yeux verts et découvre son visage souriant.
- Bonjour, mon amour, marmonne t'elle, encore embuée par le sommeil.
- Bonjour, ma belle, répond-il, les yeux brillants. Désolé pour hier soir, j'me suis écroulé comme une pierre, se désole t'il.
- T'inquiètes pas, le rassure t'elle en lui offrant un tendre baiser et en plongeant dans ses bras.

Ils commencent à s'offrir des caresses langoureuses. Il tire la couette sur eux et s'y enfouient pour poursuivre leurs ébats mais de petits pas rapides se font entendre, la porte s'ouvre, ce qui les fait sursauter puis sortirent de leur antre intime.
- Bê, ptit Paul, qu'est-ce tu fais là, demande Fred essoufflé.
- Tu pourrais frapper quand même, mon chéri, rajoute sa mère.
- Pourquoi j'étais dans mon lit, ce matin, boude le bonhomme.
- Parce que c'est notre lit à nous : à Pipou et à maman, explique Alice.
Mais l'enfant semble ne pas apprécier ce changement. Il reste sur le pas de la porte, contrarié.
- Bon, ptit dej, propose Fred.
Il est sur le point de se lever mais elle le retient.
- Nan, le coupe t'elle, je m'en charge. Tu n'es pas en état, lui  murmure t'elle à l'oreille. Prend une douche, lui conseille t'elle, amusée.

Fred s'étire dans le lit vide et froid. Il est sur le point de se lever quand le portable d'Alice, resté sur sa table de chevet, vibre. Le nom du légiste s'y affiche. Il hésite mais se décide à décrocher.
- Ouais, Ravalec ... t'es matinal, dis donc, le pique t'il.
- Ah, Fred, s'étonne t'il. Je pensais tomber sur Alice, se désole t'il.
- Jme doute bien mais elle est occupée, ment-il. Qu'est-ce tu veux, s'impatiente t'il.
- J'ai des infos sur votre affaire, indique t'il.
- Ok, on va passer. À plus tard, toubib, conclut-il avant de raccrocher.

Fred rejoint sa ptite famille dans la cuisine en train de déjeuner. Il dépose un baiser sur le front de chaque enfant. Alice lui tend une tasse de chocolat.
- Ravalec vient d'appeler, il a des infos à nous transmettre, annonce t'il.
Elle le regarde, étonnée.
- Comment tu sais ça ?
- Il t'a appelé sur ton portable, dit-il en le lui tendant.
- Et tu t'es permis de répondre, demande t'elle, irritée .
Les enfants sentent la tension et s'échappent avant la dispute.
- Te fâches pas, chaton, minimise t'il en s'approchant d'elle.
Il tente de l'embrasser mais elle tourne la tête.
- Jme prépare et je vais à l'IML, annonce t'elle.
- J'viens avec toi, je lui raconterai notre soirée d'hier, s'amuse t'il.
Mais sa femme ne paraît pas prête à aller sur le terrain de l'humour. Elle le fixe d'un regard froid.
- T'en a déjà assez fait, le pique t'elle. Je peux y aller seule. J'te rejoins à la crim, dit-elle avant de tourner les talons sans même lui laisser le temps de répliquer. 

À la brigade, Fred n'arrive pas à se concentrer tant que sa ptite femme n'a pas refait son apparition. À chaque fois que la porte battante s'ouvre, il jette un oeil dans l'espoir de la voir apparaître mais en vain.

Alice rejoint Jérôme en salle d'autopsie.
- Ah, bonjour, ma belle, se ravit-il. Je suis content de te voir, dit-il en l'enlaçant.
Mais sa visiteuse ne semble pas de bonne humeur.
- Ça ne va pas, ptit chat, l'interroge t'il.
- Jérôme, les faits s'il te plaît, s'impatiente t'elle.
Le médecin est déçu de la tournure que prend cette rencontre mais s'exécute.
- J'ai jeté un oeil au dossier de Solanas, indique t'il. Je n'étais pas en charge de l'examen mais j'ai pu obtenir quelques infos : il a reçu 3 balles dont une directement dans le coeur. C'est du 9 millimètres. J'ai envoyé une copie du rapport à Victor et Djibril.
- Merci, Jérôme, dit-elle avant de sortir.
- Hé, Alice, n'oublies pas notre dîner, rappelle t'il.
Elle lui offre un sourire crispé, découragée par son insistance mais redevable du fait des services qu'il lui rend.
- On s'appelle, crie t'elle en partant.

Alice rejoint son bureau et y retrouve Victor, affolé.
- Mais vous étiez où, Alice ?
- Bonjour, Victor, rectifie t'elle.
- Ça fait deux heures que j'essaie de vous joindre et Fred aussi, indique t'il. On était inquiet.
- J'étais à la morgue, mon portable était sur vibreur, explique t'elle.
- Et vous y avez été sans moi, se fâche t'il en posant ses mains sur ses hanches, mécontent. Alice, qu'est-ce qu'on avait convenu ?
N'obtenant pas de réponse, il s'y résoud.
- Pas de visite à Ravalec toute seule, rappelle t'il.
Elle roule des yeux, agacée.
- Vous n'allez pas vous y mettre, s'agace t'elle en s'installant à son bureau.
Il l'imite en signe de résilience.
- Tout va bien à la maison, l'interroge t'il, penaud.
- Tout va pour le mieux, ironise t'elle au vue de la situation actuelle.

Mais il n'en saura pas davantage car Marquand entre sans frapper.
- Tu devais pas me rejoindre au 36, grogne t'il.
- Décidément, après mon téléphone, on s'approprie mon bureau, lui lance t'elle.
Victor constate que l'ambiance est électrique. Fred s'appuie sur le bureau d'Alice pour lui faire face.
- Je ne savais pas qu'on avait ce genre de limite, la pique t'il.
- Est-ce possible de garder un minimum d'intimité ?
- C'est possible, oui, râle t'il.
- Bien, conclut-elle. Du nouveau ?
- Ouais, boude t'il en s'asseyant. Kadiri a interrogé la base de données. L'arme est enregistrée au fichier d'identification balistique. Elle provient d'un ancien braquage qui a eu lieu l'année dernière.
- Un suspect ?
- Aucun. Pas d'emprunte, pas de nom. L'affaire a été classée sans suite.
La procureur fronce les sourcils.
- Je ne comprend pas ...
- Lorsqu'une affaire est classée sans suite, les pièces à conviction restent aux scellés et tombent aux oubliettes.
- Et ...
- Et il n'est pas impossible que quelqu'un qui y a accès se serve au passage pour faire du recel, insinue t'il.
- Quelqu'un comme Éric Solanas, par exemple ?
- Par exemple, oui : un commandant au banditisme qui est connu pour des pratiques pas très nettes.
- Ce serait là le mobile du meurtre, s'exclame t'elle.
- C'est à dire, demande t'il.
- Bê, s'il faisait ça régulièrement, il a pu se faire prendre par un collègue ou déclencher les foudres de ses acheteurs, propose t'elle. 
Puis se tournant vers Victor :
- Creusez dans ce sens : remontez ses anciennes enquêtes, les malfrats qu'il a arrêté, reliez-les aux affaires classées ... Â mon avis, on est sur une bonne piste, se ravit-elle.
- Et moi je vais passer quelques coups de fil à ses collègues, rajoute il. Mme retrouve sa bonne humeur, la taquine t'il. 
Elle plisse des yeux et pince ses lèvres, bougonne.
- Vous n'avez rien de mieux à faire, commandant, rétorque t'elle.
- Jsuis bien moi, là. Pas vrai, Victor, demande t'il en se tournant vers lui.
- Bê, c'est qu'on a du travail, nous, le contredit-il en grimaçant.
Il pensait trouver du soutien mais même le greffier défend ses précieux moments avec sa collègue.
- Bon, je retourne à la crim, alors, se résoud t'il, déçu. Vu que je dérange, se vexe t'il en partant.

Plongée dans ses autres affaires, Alice n'a pas vu le temps passer au point qu'elle n'a même pas mangé. Elle envoi un message à Fred puis quitte le palais vers les quais.

Assise sur leur banc, au bord de la Seine, elle le voit s'avancer. Elle reconnaîtrait sa démarche d'ours mal léché entre mille : assurée, dandinant, son buste en prédominance, le pas lourd. Un peu rustique de primes abords, pas très avenant mais c'est une manière qui lui est propre donc qui la pique au coeur. Elle l'acceuille avec le regard amoureux et un sourire franc.
Elle lui signe de s'assoir prêt d'elle en lui présentant une boîte de sushis.
- Ça ne te dérange pas de partager ton repas, la provoque t'il.
Elle grimace, ce qui laisse apparaître ses fossettes. Il craque déjà.
- Allé, fais pas ta mauvaise tête, le prie t'elle en faisant la moue. J'me suis sentie un peu trop ...
- Protégée, propose t'il, taquin en s'installant à ses côtés.
- Voilà, c'est ça, protégée, se moque t'elle.
- Tu ne peux pas m'en vouloir de veiller sur toi, explique t'il.
- Certes, mais songes à ne pas en faire trop, mon chéri. Je ne voudrais pas te donner trop de travail, rit-elle en lui offrant un baiser.
Ne voulant pas rompre cet instant, il tire sur le col de sa veste pour garder encore ses lèvres contre les siennes et accentuer leur étreinte.
Mais le portable de la procureur les interrompt.
- Oui, Victor, souffle t'elle.
Fred tend l'oreille et l'interroge du regard 
- Bien, j'arrive, annonce t'elle avant de raccrocher.
- Qu'est-ce qui se passe, demande t'il.
- Le capitaine Granier est à mon bureau. Il souhaite rapprocher les éléments de l'enquête et débrieffer ensemble, explique t'elle. 
- Ok, on se retrouve à la maison, se résoud t'il.
Elle est ravie de constater qu'il ne tente pas de s'inviter à l'entretien mais peinée qu'il retienne sa nature profonde.
- Tu ne m'accompagnes pas, feint-elle de s'étonner.
- Si, on y va, se satisfait-il en se levant d'un bond, ravi.

Ils rejoignent donc le palais ensemble, bien décidés à démêler les infos sur la mort de Solanas.

Nouvelle Saison 17 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant