Chapitre 10 : L'arrivée

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— O... Octa... Octavia ? réussit finalement à articuler un Bellamy complètement décontenancé.

Sa voix se perd parmi les fracassements du vaisseau et les cris de dizaines de délinquants paniqués. Pourtant, la seule musique qui parvient à ses oreilles, c'est le rire ému de sa petite sœur qui attrape sa main pour la serrer si fort que son sang semble se bloquer dans son bras. Leurs retrouvailles sont vites écourtées par le côté apocalyptique de la situation.

L'intérieur du vaisseau est sombre, si bien que les yeux de Bellamy ne perçoivent que des ombres et des yeux affolés. Une odeur âcre de sueur et de peur se faufile jusqu'à ses narines. Mais surtout, des pleurs et des hurlement terrorisés parviennent jusqu'à ses oreilles. La main tremblante de Bellamy le détache lui et Octavia alors qu'ils se faufilent comme ils le peuvent parmi la foule jusqu'à arriver près de la porte de leur embarcation.

Ses doigts toujours fermement accrochés à ceux de son frère, la benjamine promène sa main valide jusqu'au levier censé ouvrir cet immense sas qui les sépare de la Terre. Son cœur tambourine dans sa poitrine lorsqu'elle se rend compte de la proximité entre son corps et la planète sur laquelle elle a toujours rêvé de se promener.

— Tu veux tous nous tuer ? interpelle une voix forte au fond du vaisseau. L'air peut être toxique !

Bellamy appose sa deuxième main contre celle d'Octavia, devenue hésitante.

— Si c'est le cas, on est morts dans tous les cas, balance-t-il avec dédain.

« Ensemble. », murmure le jeune homme à sa petite sœur. Leurs doigts abaissent petit à petit le levier jusqu'à ce que l'entrée de leur embarcation ne s'ouvre.

Par réflexe, le souffle de Bellamy se coince dans sa gorge, ayant dans un premier temps peur d'inspirer la moindre bouffée de cet air dont il ne connaît pas les effets. Finalement, il ose faire rentrer cet oxygène si pression dans ses poumons, savourant de pouvoir respirer à sa convenance pour la première fois depuis des semaines. Un halo aveuglant l'assaille alors, auquel il n'est absolument pas habitué. Sur l'Arche, la lumière était blanchâtre, et ne se dirigeait que dans une direction à la fois, si bien que sur la station, certains endroits étaient sombres quand d'autres étaient illuminés par cet éclaircissement déplorable. La lumière de la Terre est très différente, celle-ci est composée de rayons lumineux colorés allant dans toutes les directions imaginables. La sensation du Soleil sur sa peau hâlée transcende Bellamy qui ouvre petit à petit ses yeux cuivrés.

Ceux-ci lui offrent une vue majestueuse sur cette planète dont il rêvassait sans cesse. Deux pupilles ne semblent pas suffire pour tout observer si bien que celles-ci filent à travers la forêt qui s'étend devant lui, scrutant chaque élément. Une étendue d'herbe verte et de mousse moelleuse se déploie devant son regard fasciné. Des dizaines d'arbres dont il ne parvient pas à voir le sommet se dressent dans la clairière, arborant des feuilles allant d'une couleur olive, en passant par le vert sapin jusqu'à révéler des nuances rousses sur certains arbustes. Bellamy est subjugué lorsqu'une légère brise vient lui caresser le visage, le temps semble comme suspendu. Ce spectacle saisissant, l'adolescent se l'est imaginé durant des d'années, pourtant il n'a rien de comparable avec ce qu'il s'était représenté.

Au bout d'un moment qui lui paraît être passé en un claquement de doigt, Bellamy sort de sa torpeur tandis qu'un léger sourire se dessine sur ses lèvres.

— Tu veux être la première à poser le pied sur Terre depuis cent ans ? demande-t-il à une Octavia tout aussi conquise que lui.

Une expression fière sur le visage, sa petite sœur avance un pied, puis l'autre, avant de n'être qu'à quelques centimètres de la planète. Son cœur semble prêt à sortir de sa poitrine lorsqu'elle plie ses jambes avant d'atterrir sur Terre. Sur Terre.

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