Chapitre XXIII

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Ce matin-là, je me réveillai dans les bras de Louis. Il dormait comme un bébé, la bouche grande ouverte et les cheveux en bataille, et ne cessait de geindre dans son sommeil, agrippant mon t-shirt avec une détermination sans précédent. Je passai une main dans ses cheveux pour dégager son visage et jetai un coup d'œil à l'horloge de mon téléphone portable, en veillant à ne pas l'aveugler. Six heures et demi. Nous bénéficiions d'un quart d'heure de tranquillité supplémentaire. Après quoi, il nous faudrait retrouver les Sullivan dans le salon et débiter des mondanités in English, please.
L'horreur absolue. J'avais horreur des conversations plates dès le matin. En plus, je ne savais jamais quoi dire. Vos céréales au chocolat sont excellentes. Comme il fait beau ce matin ! C'est un temps ravissant pour faire la conversation aux pigeons.

Louis grogna et ses jambes butèrent contre les miennes, m'arrachant un couinement de douleur. Il se réveilla en sursaut et regarda autour de lui d'un air agité avant d'enfoncer sa tête dans mon oreiller (qu'il m'avait volé pendant la nuit, le goujat) en marmonnant quelque chose d'indistinct.

« Pardon ?
- Je disais : t'as pris toute la couette, cette nuit. »

Il était gonflé, franchement. Déjà que c'était MON lit et que Monsieur avait délaissé le sien pour venir m'écraser de tout son long ! Non pas que ça me déplaisait mais...

« J'ai froid. »

Je me redressai et remettai la couverture en place - qui, soit dit en passant, était très bien répartie - mais Louis ne se satisfit pas de cet arrangement car il m'attrapa par le col de mon t-shirt avant d'enrouler ses bras autour de ma taille et de me plaquer contre son torse. Je restai paralysé face à cette brusque étreinte.

« Il fait trop froid ici, grogna Louis à mes oreilles.
- Ah bon ? Tu trouves ? » répliquai-je d'une voix chancelante.

J'avais plutôt l'impression que la canicule était déclarée. En plein mois de décembre, un comble. En tout cas, mes joues étaient aussi brûlantes que le désert du Sahara.

« J'ai rompu avec Clara. Juste avant le départ en Angleterre. »

Pardon ?

Louis me serra plus fort dans ses bras, comme s'il craignait que je ne m'échappe.

« Par SMS.
- Ce n'est pas très galant, dis-je d'un ton accusateur. Toi-même tu m'as dit que ça ne se faisait pas pendant l'une de nos leçons de normalité.
- Je sais.
- Tu t'es excusé ?
- Oui. Je lui ai fait envoyer des fleurs. C'est nul, hein ? ajouta-t-il après un léger silence.
- De quoi ? De rompre ou d'envoyer des fleurs après la rupture ? »

Louis gloussa et me sourit, plantant ses yeux bruns dans les miens.
Je me mordis les lèvres et sentis son regard glisser sur ma bouche. Mon cœur s'emballa dans ma poitrine.

« Les fleurs, finit-il par répondre. Notre rupture était inévitable.
- Après deux semaines de relation ?
- Après deux semaines de rien du tout. Clara est sympa, elle embrasse bien et tout mais elle n'est pas vraiment... Mon genre. »

Je me raclai la gorge devant l'intensité de son regard.

« Ah oui ? Mais je croyais que tu n'avais pas de genre de fille préféré ? »

Je faisais référence à notre première conversation sur la gente féminine et les tactiques de drague estudiantines que nous avions eue.

« Tu as raison, lâcha Louis en se frottant les yeux. Je n'ai pas de genre de fille préféré. »

Je n'osai pas continuer sur cette pente escarpée mais mon estomac enchaînait les loopings. ÉTAIT-CE BIEN CE QUE JE CROYAIS ?

«... Et puis je connais quelqu'un qui embrasse encore mieux qu'elle alors ce n'est pas vraiment une perte.
- Ça non plus, ce n'est pas très galant, fis-je remarquer d'une voix de clairon.
- T'es trop gentil, Aaron, soupira Louis en enroulant une mèche de mes cheveux autour de son index. Je me sens méchant à côté de toi. »

RAYONNANT [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant