Vaalka

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Les Gerudos n'ont pas peur de la chaleur, voilà ce qu'on avait toujours dit à Vaalka. Mais je ne suis qu'à moitié Gerudo, répliquait-elle à chaque fois. Et j'ai trop chaud!

Les autres s'amusaient dans l'eau, plongeaient et nageaient. Quels gamins... Mais ils avaient raison sur un point: la rivière. Vaalka n'avait aucun moyen de savoir la température mais elle suait déjà après quelques minutes passées dehors.

Vaalka plissa les yeux. Au loin, très loin, elle voyait la mer. Ou bien était-ce un mirage?

- Hé, Vaalka! Viens avec nous!

La jeune femme baissa la tête. Du bas de son rocher, Wenja l'appellait.

- Non, merci. Il fait trop chaud.

- Justement! s'écria le petit garçon. Reste pas griller comme un lézard sur ton rocher! Viens!

Vaalka renifla. Elle ne s'abaisserait jamais à jouer avec des enfants de six ans! Même par un temps pareil!

- J'ai dit non! Je vais voir la forêt.

Ignorant le soupir de déception de Wenja, Vaalka descendit du rocher d'un saut leste. Elle suivit le chemin de terre séchée jusqu'au bois, et elle regrettait déjà de n'avoir ni châle ni sandales: allant pieds nus comme d'habitude le sol et le soleil lui brûlaient la peau.

Arrivée dans le bois elle poussa un soupir de soulagement en s'arrêtant sous l'ombre des arbres. Enfin! Un peu de fraîcheur. Que ce soit dans la maison, sur un rocher ou près de la rivière, la chaleur la suivait comme son ombre. 

Vaalka s'approcha d'un ruisseau et plongea ses bras dans l'eau. Heureusement, elle était fraîche. Malgré tout, même sous le couvert des arbres, il faisait très chaud. Cette température n'était pas vraiment commune, à Elimith. Quand Vaalka était allée visiter la cité Gerudo avec sa mère, il y a des années de cela, elle avait connu des chaleurs bien pires mais les habitantes du désert y étaient habituées. Ici... Beaucoup moins. Les adultes restaient dans les maisons ou sous des tentes, affalés sur des transats comme le père de Vaalka avec des verres d'eau dans la main. Les enfants étaient agglutinés autour de la rivière, sauf Vaalka, mais pouvait-on vraiment la classer dans la catégorie 'enfant'?

La Gerudo s'assit, les pieds dans l'eau. Tout était si calme dans le bois. Quelques rares oiseaux chantaient, le bruit du vent dans les arbres l'apaisait. C'était tellement calme, loin d'Elimith. Le ruisseau murmurait doucement... 

Et puis plus rien.

Vaalka se redressa d'un coup. Pourquoi...? 

Un long cri, à peine perceptible, retentit. Un hurlement de rage, de haine, de vengeance, le pire cri qu'elle n'avait jamais entendu de sa vie. Un cri qui semblait s'étendre et se répandre sur Hyrule comme une vague, comme une onde gigantesque. 

Prise d'un soudain élan, Vaalka escalada le tronc d'un arbre. Elle était assez forte pour cela. Mais arrivée en haut, elle ne pouvait pas voir d'où venait cet abominable son. Peut être du désert, loin à l'ouest? Non, impossible... C'était plus au nord, à ce que Vaalka pouvait juger avec son ouïe aiguisée de Gerudo.

Alors que le cri s'éteignait en un soupir féroce, un sifflement retentit tout proche. Et ça! Vaalka savait ce que c'était, et d'où cela provenait. Un Gardien! 

Mais elle perdit vite son sourire et fronça les sourcils. Un Gardien arrivait justement dans les bois, elle le voyait du haut de son arbre. Mais il brillait d'une lueur rouge rosée, étrange. Il s'arrêta près du ruisseau où la jeune femme se trouvait il y a quelques secondes. 

Il tourna sa tête, ou ce qui pouvait être appelé sa tête, dans toutes les directions tout en piétinant le sol sur place. Il cherche quelque chose, compris Vaalka. Moi?

Prise d'un pressentiment, elle ne bougea pas. Cette étrange couleur... Pourquoi n'était-il pas en train de faire sa ronde, comme d'habitude? Le Gardien finit par rebrousser chemin, et Vaalka put enfin respirer. Quand il fut hors de vue elle descendit précautionneusement de son arbre et repartit vers Elimith, suivant le Gardien rouge.

Quand elle fut assez proche du village elle commença à entendre des bruits de tirs de Gardien. Non, décidément, il se passait quelque chose!

Vaalka se précipita sur le chemin, arrêtant de penser à la terre brûlante martelée d'empreintes de Gardiens. Un cri retentit à Elimith au moment où la jeune femme arrivait aux portes du village. Le Gardien de tout à l'heure était entré sur la place... Et tirait sur les habitants.

Voyant Vaalka et d'autres habitants arriver, le Gardien se tourna vers eux et visa quelqu'un au hasard. Le groupe se dispersa aussitôt... Et le tir passa au dessus d'eux. Vaalka hurla lorsqu'elle sentit un trait de feu passer près de sa tête et elle plongea à terre. Un deuxième Gardien! 

Mais qu'est-ce qu'ils ont?! pensa Vaalka.

Elle n'eut pas de réponse sur le moment, se contentant de courir tête baissée vers le premier abri possible - en l'occurrence un abri pour chevaux. Elle s'accroupit derrière, pendant que les habitants s'organisaient le plus rapidement possible pour repousser l'attaque.

Six habitants se ruèrent vers le premier Gardien et tentèrent de lui couper les pattes, mais le deuxième les mit en joue aussitôt... Jusqu'à ce qu'une flèche traverse l'air en sifflant pour se planter dans son œil.

Déstabilisé le Gardien recula mais c'était déjà trop tard pour lui: une autre flèche, et encore une autre. Il s'effondra dans la poussière avec un grincement des pattes. Le premier Gardien tournait dans tous les sens, envoyant les six habitants à terre, et encore une fois... Tchac ! Tchac ! Tchac ! Il s'arrêta d'un mouvement brusque et tomba, manquant d'écraser un homme.

- Personne n'est blessé?!

Vaalka se retourna vivement vers la personne qui avait parlé: c'était une soldate en armure, munie d'un arc qui faisait pratiquement sa taille et d'un bouclier frappé du sceau d'Hyrule. C'était Seko, chargée depuis peu de la défense d'Elimith. Elle sauta du toit sur lequel elle était et se rua vers les habitants qui avaient essayé d'attaquer le Gardien.

- C'est bon, Seko, répondit le père de Wenja, Drusso. Plus de peur que de mal.

- Ça aurait pu très mal finir, répliqua l'archère. Qu'est ce que ces Gardiens faisaient là? Pourquoi ont-ils attaqué?

- Ils sont devenus complètement fous, pleurait un enfant. Ils ont failli m'écraser!

Seko, sourcils froncés, s'approcha de la carcasse des deux Gardiens.

- Celui là, c'est le Gardien du bois, intervint Vaalka. Il a quitté son poste quand le... cri s'est fait entendre.

Seko se tourna vers elle et acquiesça. Tout le monde à Elimith savait que Vaalka passait ses journées à observer les Gardiens. Dès qu'ils avaient un problème on l'appelait tout de suite.

- J'étais au bois, continua Vaalka. Il est entré dans la clairière et on aurait dit qu'il me cherchait.

Seko ne répondit rien, observant un des deux Gardiens.

- Appellez Pru'ha, dit-elle enfin.

La foule, encore sous le choc, commençait à se disperser. Peut être la peur des deux carcasses énormes en plein milieu de leur place. 

Vaalka s'approcha d'un des Gardiens pendant que Seko, Drusso et les autres parlaient avec animation. Quelqu'un -Wenja- courait vers le laboratoire en haut de la colline qui surplombait Elimith.

La jeune femme plongea sa main après une brève hésitation dans l'interstice entre le corps et la patte. Elle fouilla un peu, enfonçant son bras jusqu'à l'épaule... Et finit par trouver ce qu'elle cherchait. 

Vaalka mit le cœur de pierre du Gardien dans sa sacoche, en espérant que personne ne l'ai vu, et repartit vers sa maison, plus loin de la place. Là, elle pourrait l'étudier tranquillement...

Breath of the Wild: le dernier des GardiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant