Christina est injoignable...
Je crois que je l'influence trop. Avant, elle n'aurait jamais osée ne pas décrocher son téléphone portable. Les temps ont bien changés.En arrivant au lycée, je passe voir ma responsable de division dans son bureau. Elle est exaspérée de ma désinvolture. Malgré tout, elle accepte de retirer mon retard sous réserve de ma bonne conduite.
En classe, je retrouve ma bande. Hector me fait un peu de l'œil depuis quelques temps, car j'adore ses cheveux effet « mouton de la prairie ». Mais, cela n'est pas convenable par rapport à Titouan, alors je cesse de penser à ma nouvelle proie. Je raconte ma mésaventure de ce matin à ma troupe de copains, falsifiant un peu la réalité pour rendre mon histoire plus palpitante. Depuis que je ne vole plus dans les magasins, ma vie paraît plus terne, et mentir sur mes nombreuses péripéties constitue un moyen assez facile pour y remédier.
Une heure plus tard, après avoir volé le contenu de la trousse de Christina, qui d'ailleurs n'a pas l'air ravie, je suis prise par un élan de culot et lui prends son stylo plume sans sa permission. Cette dernière aboie, me hurlant à pleins poumons de lui rendre son quelconque stylo.
- Rohh ça va!! Il te reste un stylo 4 couleurs!!
- Il marche pas! J'ai pas d'autres stylos vu que tu me les as tous pris, rends moi mon stylo plume!
Me sentant agressée, je sors de mes gonds et je rétorque à plusieurs reprises. Nos amies derrière nous se moquent de cette chamaillerie sans queue ni tête, et nous traitent même d'enfants de 6 ans.
Je gifle Christina, qui l'avait bien mérité, et me mets à rire nerveusement comme j'en ai l'habitude. La plupart du temps, cela passe mieux avec un ricanement. Elle me traite de folle. Elle a l'air en colère. Peut être s'est elle levée du pied gauche ce matin? Afin d'apaiser les tensions, je lui jette son stylo plume à la figure, comme signe d'armistice. Une fois de plus, je me fais traiter de tous les noms, ce n'est vraiment pas juste. Je marmonne un peu dans ma barbe, et me mets à écouter le cours de mathématiques. Aussitôt, je lève la main, redonnant un coup à Christina sans faire exprès. Je suis vraiment maladroite! Mais je ne vais pas m'excuser pour autant, j'ai une remarque à faire à mon professeur.
- Monsieur!!!!!!!!!
- Oui Jérémie?
- Vous avez fait une faute d'orthographe!!!
- Où ça?
- Vous avez écrit vecteur sans s! Je pense que vous vouliez certainement l'écrire avec un s et cela doit être une erreur d'inattention de votre part. Je ne pense pas que vous l'avez fait exprès, vous vouliez simplement voir si nous suivions le cours, bien que cette petite coquille dans le texte porte vraiment à confusion et m'empêche de résoudre mon équation car mes yeux ne veulent pas lâcher du regard cette erreur...
- Jérémie?
A bout de souffle, mon monologue ayant usé tout l'air de mes poumons meurtris par les Vogue que je fume de temps à autre, je puise dans mes dernières ressources pour répondre.
- Oui?
- Vous parlez trop.
Une gêne intense s'empare de mon corps. Tout s'embrase, même mes cils. Je deviens rouge comme une tomate et les gens me le font assez vite remarquer. J'ai peur de faire une crise d'épilepsie ou une double fracture au fémur mais je tiens bon, et me tais. Le roi du silence n'étant décidément pas un jeu pour moi, je m'allonge sur ma table et tombe dans les bras de Morphée, ignorant les jugements des autres sur mes ronflements aussi puissants qu'une moissonneuse batteuse.
***
Vers 17h, à la sortie des cours, je reste piailler dehors avec mes camarades. J'aperçois Arthur Prout au loin. C'est vrai qu'il est charmant. L'année dernière, nous avions un peu fricotés dans les toilettes, rien de plus. Enfin si, nous avions entremêlées nos langues pendant de longues minutes, mais cela n'est qu'un détail. Cela ne m'était pas arrivé depuis Sandro Tanti mais nous étions des amis sans ambiguïté, donc rien de grave. Ces baisers langoureux avec Arthur Prout m'avaient modifié. Je n'étais plus la même. Il était beau comme un lion, et j'avais même pu sentir sa Harley Davidson se redresser dans son pantalon. En rentrant chez moi, j'avais pris un bon gros goûter: des rillettes de thon bio, du quinoa bio, un hamburger bio, des carottes confites bio, et un yaourt allégé. Après, j'étais allé me laver les dents 372828483 fois car j'ai lu sur internet que les baisers peuvent engendrer la maladie du Paludisme.
Bref. Arthur Prout était la, et il ne me laissait pas indifférente.
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On m'avait pourtant demandé d'arrêter mes jérémiades
MizahJérémie Vagin, une fille bien dans ses baskets motif papier journal taille 36, nous raconte ses aventures à travers ce livre. Allez, venez, et entrez dans sa danse, allez, venez, c'est votre jour de chance RIRES GARANTIS⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️