C'est une soirée comme les autres. La Lune brille de toute sa splendeur, et les étoiles semblent dessiner une histoire dans le ciel sombre. L'air est frais, humide, mais la neige n'a pas encore pointé le bout de son nez. Au milieu de la rue, une jeune fille semble ne plus contrôler son corps tant elle grelotte. Elle porte pourtant une longue veste en fourrure, mais la couche inférieure n'est pas une tenue adaptée à la saison. Elle attend. Son appréhension est mitigée : d'un côté, elle adorerait se réchauffer, de l'autre, l'objectif de sa mission lui plaît de moins en moins.
Face à elle, un infirmier tente de négocier. Ce soir, il est habillé normalement, mais la jeune fille sait que c'est un homme dangereux. Lucien. Il se vante toujours de trouver des « bons plans » pour les plus pressés d'accéder à leur opération. Lucien cherche des arguments pour convaincre le videur de le laisser passer. Il assurait pourtant avoir un contact à l'intérieur, mais la porte reste close.
Alors que la jeune fille commence à penser qu'elle devrait rentrer, une adulte se présente finalement face à Lucien. Ce dernier n'a besoin de ne prononcer que trois mots pour obtenir le laisser-passer de la jeune fille frigorifiée.
Dans la pièce emplie de chaleur humaine et de fumées en tous genres, l'air est irrespirable pour les poumons encore neufs de la jeune fille. En traversant la pièce, elle se surpasse pour ne pas tousser, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux. Malgré le stress qui lui tord le ventre, elle ne peut s'empêcher de remarquer la démarche gracieuse et féminine de son guide, ainsi que son détachement face à la scène qui se trouve sous ses yeux : de tous côtés, des hommes jouent aux cartes, discutent un verre d'alcool à la main, et fument des substances inconnues. Les rires graves qui s'élèvent installent une ambiance qui terrifie la jeune fille. Au bout de la salle se trouve une petite pièce, dont la porte en excellent état contraste avec la grande salle, et est gardée par trois grands hommes.
La femme n'a pas besoin de dire un seul mot qu'un des gardes ouvre la porte et laisse passer les deux filles. Une fois à l'intérieur, la femme se retourne et dit sèchement à la jeune fille de se déshabiller. Cette dernière ne pose pas de questions, et se présente en maillot de bain face à un homme répugnant. Un cigare à la main, un verre d'alcool dans l'autre, et son gros ventre à l'air, il ressemble à une énorme larve. Les chaînes d'or qu'il porte renforcent son apparence de patron de la mafia.
« Danse, dit celui-ci. »
Et la jeune fille s'exécute, une peur évidente se reflétant dans ses yeux.
* * *
Au petit matin, alors que la lueur du Soleil n'atteint pas encore les immeubles de la ville, une portière de voiture claque. La jeune fille vient de remonter dans le minivan de Lucien, qui l'attendais en train de jouer sur son téléphone. Quand son visage apparaît, celui de Lucien s'illumine d'un sourire.
« Alors ? Tout s'est bien passé ? demande-t-il, impatient.
- C'était horrible, rétorque la jeune fille, manifestement écœurée. Je veux plus jamais faire ça.
- Tu es sûre ? Pourtant, tu viens de gagner beaucoup d'argent pour ton opération, tu seras bientôt normale, c'est pas génial ?
- Et qu'est-ce que tu vas écrire sur mon dossier ? « A dansé pour un gros pervers dans une boîte pleine de drogues » ? C'est sûr, ils vont m'accorder mon opération directement ! s'énerve-t-elle en faisant de grands gestes avec les mains.
- Je noterai « cours de danse », ne t'inquiète pas pour ça. Tu viens de gagner trois fois plus pour deux fois moins d'efforts, arrête donc de te plaindre, réplique sèchement l'infirmier avant de démarrer le moteur. »
VOUS LISEZ
Sensationnel
Science-FictionDeux inconnues que rien ne rassemble se retrouvent, sous la pression sociale, au sein d'un Programme miracle garantissant la guérison des maladies et blessures même les plus graves. Malgré de lourds handicaps, elles doivent se serrer les coudes et c...