Assise au bord du lit d'hôpital de Charles, voilà bientôt trois jours que j'ai pris ma décision. Je vais donner l'intégralité de l'argent que j'ai gagné pour lui permettre d'être opéré. Les yeux clos, plongé dans un profond sommeil, la poitrine se soulevant au rythme de sa respiration apaisée, il me paraît plus fragile que d'habitude. Je lui prends la main et la caresse comme pour le rassurer.
Enfin, arrive Hugo, signal que je dois laisser les infirmiers préparer Charles pour son opération. Je lui jette un dernier regard avant que la porte ne se referme sur sa silhouette allongée.
« Tout va bien se passer, affirme Hugo. »
Je le quitte pour me rendre dans ma chambre dans laquelle je laisse mon chagrin s'exprimer. Il est tard, et dehors, de maigres flocons tombent. Ils ne passeront pas la nuit, fragiles comme ils sont. La fatigue pèse sur mes épaules et mes yeux papillonnent. Je cède finalement et m'effondre sur mon lit.
Lorsque le sommeil commence à m'emporter, je réalise que j'ai tout perdu... Et pourtant je ne le regrette pas.
* * *
Deux jours plus tard, avant de rendre visite à Charles qui s'est sûrement remis de son opération, je me rends dès sept heures au bureau de Lucien. Je n'ai pas d'autres choix que de me donner corps et âme dans ces missions illégales pour rattraper ce retard que j'ai pris.
« C'est Léane, crié-je à travers la porte de son bureau. »
Le Lucien qui entrouvre le battant de sa porte a un teint cireux, les yeux cernés et un front recouvert de sueur. Il me sourit faiblement.
« Je ne peux pas te parler Léane, signe-t-il.
- Je dois vous voir, insisté-je.
- Léane, j'ai dit pas maintenant.
- Mais...
- NON ! hurle-t-il avant de me claquer la porte au nez. »
Je jure intérieurement en insultant Lucien de tous les noms avant de faire demi-tour. Ni une ni deux, je décide de me réfugier dans les bras de celui qui saura trouver les mots justes pour me rassurer et je me précipite jusqu'à la chambre d'hôpital de Charles.
« Léane, annoncé-je à la secrétaire. Je viens voir Charles. »
La femme qui m'accueille feuillette son calepin en mâchant négligemment un chewing-gum. Elle suit des yeux la liste des patients avant de pointer de son ongle rouge démesurément long le nom de Charles. Elle m'écrit le numéro de sa chambre sur une feuille qu'elle me tend en lâchant un soupir qui me fait hausser les sourcils. Je la quitte avec un sourire qui me coûte et me brûle les lèvres.
Arrivée devant la chambre de sa porte, je me permets d'ouvrir la porte sans m'annoncer. Charles est allongé sur son lit blanc, endormi et entouré d'engins que je ne connais pas qui clignotent et émettent probablement des sons aigus. A ses côtés, une femme plutôt âgée tourne son regard vers moi lorsque j'entre. Elle doit sûrement deviner qui je suis car elle m'indique de m'approcher d'un geste de la main. Face à elle, elle me serre dans ses bras avec force. Cette étreinte me réchauffe le cœur comme si des rayons de soleil estivaux me caressaient la poitrine. Finalement, elle me lâche et je sors mon carnet que je lui tends. Sans hésitation – ce qui me prouve qu'elle me connaît - elle le saisit et griffonne quelques mots.
« Tu dois être Léane. Je suis la maman de Charles. Il nous parle de toi depuis si longtemps. Je sais ce que tu as fait pour lui. Je ne pourrais jamais te remercier assez ma tendre Léane. »
Pour toute réponse, je lui adresse un sourire que j'espère aussi chaleureux que son étreinte. Nous continuons à discuter par le biais de mon cahier. Lorsque Charles commencer à bouger, nous nous levons précipitamment pour s'approcher de lui. Quand son regard croise respectivement le regard de sa mère puis le mien, son visage s'illumine malgré probablement la douleur et les vertiges. Il n'a plus rien de ce jeune garçon au style négligé et rock'n'roll tout droit sorti d'un concert de métal. Dans sa tunique blanche, les cheveux décoiffés, il me paraît métamorphosé.
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Sensationnel
Bilim KurguDeux inconnues que rien ne rassemble se retrouvent, sous la pression sociale, au sein d'un Programme miracle garantissant la guérison des maladies et blessures même les plus graves. Malgré de lourds handicaps, elles doivent se serrer les coudes et c...