Chapitre 5

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On traversa encore quelques villes bien plus petites que Rial et de plus en plus de champs et de plaines. Mais l'ambiance changea, les habitants souriants, travaillants ou bavardants, laissèrent peu à peu place à des personnes avec des regards méfiants et fuyants. Les gens se cachaient chez eux, nous observant en silence. Le dernier village que nous quittâmes semblait vide de vie tellement le village semblait désert, alors que j'avais pu apercevoir des gens dans une peur totale. Le contraste entre cet endroit et le ciel magnifique avec son bleu et ses nuages blancs était saisissant.

Une odeur me prit au nez à la sortie du village, je crus que c'était les fruits et légumes pourris dans un premier temps, mais fus horrifié de voir une fosse commune avec des dizaines de morts dedans. Je mis mes mains devant ma bouche dans un cri d'effroi muet. Les larmes me montèrent et coulèrent sans que je ne puisse les retenir. C'était si marquant que je savais que cette image me poursuivrait longtemps dans mes cauchemars.

— Gabrielle, il faut y aller, souffla le roi Efray.

Malheureusement je n'avais pas la force de faire bouger mon cheval. Je le sentis cependant se mettre au pas et à travers mes larmes, je vis qu'Efray avait pris les rennes et le guidait.

Les sabots des chevaux résonnaient sur le sol et je ramenai un peu plus mes mains contre mon corps. Nous ne traversions que le premier des deux villages de mon royaume que nous avions ciblé et il était déjà dans cet état. Qu'allions-nous voir dans le second ? Était-il vraiment le lieu d'origine de l'épidémie?

La marche se fit de plus en plus lourde, de plus en plus silencieuse. Les minutes semblaient s'étirer et quelques croassements de corbeau semblaient se moquer de nous, genre humain qui tremblait face à une maladie.

— Pourquoi n'ont-ils pas demandé de l'aide, soufflai-je en repensant à ce village.

— Sûrement pour essayer de contenir la maladie, me répondit le roi. Certains villages ont un côté très patriote qui les pousse à se sacrifier pour leur pays.

— Mais...

Je n'allais pas au bout de ma protestation, un regard vers Efray suffisait à ma réponse. Nous n'aurions rien pu faire. Nous étions déjà dans le flou et venir nous alerter plutôt que rester en autarcie aurait répandu encore plus vite le problème. Mais finalement même en comprenant leur logique, l'épidémie c'était bel et bien propagée.

Le petit hameau d'agriculture commença à apparaître dans notre champ de vision. Une nausée me traversa à la vue de l'endroit. Il n'aurait pas été étrange de voir une énorme tête de mort fantomatique flotter au-dessus.

Comment allions-nous procéder pour trouver l'origine de l'épidémie ? On avança dans le village, une puanteur encore plus forte que dans le village précédent nous enveloppa.

Je descendis à la hâte de mon cheval, juste à temps avant de rendre le contenu de mon estomac. Elga sauta au sol ainsi que le roi Efray. Mais je n'étais visiblement pas le seul à me sentir mal. Aucun de nous ne put supporter cette odeur. Je tentais de distraire mon esprit en regardant autour de moi quand je vis un corps bouger.

Mon visage perdit toute couleur en croyant un instant qu'un mort revenait à la vie avant de comprendre que cet homme était encore vivant. Je me redressai en prenant le mouchoir tendu par Elga pour m'essuyer la bouche. Je pointais du doigt la personne et ils constatèrent tous les faits. Les guerriers sortirent leurs armes, mais un mouvement d'Efray les leurs fit ranger. Il avait raison, cet individu n'était clairement pas une menace, il était visiblement trop faible pour agir. Mais le son qu'avait produit les épées avait réveillé l'homme qui gémit et redressa difficilement la tête.

Le Prince et la quête de l'Hibiscus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant