Chapitre 7

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Les préparations prirent deux jours cette fois-ci, on traça avec mon père, Efray et le cartographe royal, la meilleure route. On décida d'envoyer au roi Isidore une lettre prévenant de notre venue et notre traversée. Mieux valait éviter une querelle entre royaumes surtout quand le but était de sauver des milliers de vies. Par précaution, deux autres expéditions vers les autres sites où pouvaient se trouver l'hibiscus des marais furent établies. Mieux valait maximiser nos chances.

Même si ce n'était pas pour les mêmes raisons, ma mère et ma sœur avaient si peur de ce voyage, qu'elles passèrent la nuit dans ma chambre. Enfin, c'était avant que la discussion ne s'oriente vers des conseils amoureux de la part de ma génitrice pour me donner un coup de pousse pour séduire le souverain Efray, me faisant virer au rouge cramoisi plus d'une fois.

Notre garde était la même que la dernière fois, mais cette fois-ci j'avais pu demander à Alexander des tenues adaptées pour monter le cheval. J'avais quelques vêtements pouvant changer de forme selon ma convenance. C'était une innovation incroyable qu'il m'avait dévoilée, cela faisait sa fierté et il m'avait confié vouloir en faire une collection. Il se voyait déjà révolutionner la mode féminine. Le haut et le bas étaient détachables, je pouvais donc mettre une jupe courte ou longue, un pantalon ou un short. Quant au haut, il pouvait être en tissu ou en cuir.

Cela me permettait de prendre des vêtements divers tout en voyageant léger. Même si j'étais le seul à véritablement se soucier de ce qu'il porterait pendant le voyage. Elga me montra à peine deux tenues qu'elle laverait en route comme toutes ses guerrières. J'avais peur d'imaginer ce que les hommes avaient emmené dans leur sac.

On partit au petit matin. Ils reprirent la même formation avec moi au centre, je les soupçonnais d'avoir comploté sur ce point. Je n'étais pas en sucre, bon sang !

Après quatre heures de trot, nous arrivâmes devant un pont en pierre cassé. Sa matière avait chuté dans la rivière, causant des petites rapides, mais surtout beaucoup de boue. Nos chevaux ne pouvaient pas sauter par-dessus. Regardant mes comparses, tous semblaient se demander quoi faire. Le roi Efray me fixait avec un air gêné.

— Nous allons devoir longer un peu pour trouver un endroit où traverser.

— Pourquoi ? m'étonnai-je. Nos montures ont pied.

Sa main passa dans sa nuque et une grimace apparut sur son visage.

— Vous seriez éclaboussé de boue si nous passons ici.

Que venait-il insinuer ?! Jetant un regard aux autres, je compris qu'il n'y avait qu'Elga qui n'y pensait pas. Alors comme ça, je suis douillet à tel point que me salir serait trop insupportable pour moi ? Nous avions voyagé ensemble une première fois et c'était ce qu'il en était ressorti? Je n'avais qu'une tenue à ce moment là! J'avais bien le droit de vouloir être propre! Mais pas au point de me défiler pour une petite épreuve et perdre du temps! Dans un mouvement mon cheval se remit au pas et doubla tous les autres. Quand un de ses sabots plongea dans l'eau, j'entendis :

— Princesse...

Avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, je me retournai et le fusillai du regard.

— Un mot de plus et je vous émascule tous !

Reprenant la traversée sans plus une once d'intérêt pour eux, je fus de l'autre côté rapidement. Le bas de ma tenue ainsi que mes bottes étaient couverts de terre humide, mais je n'en avais cure. Ils m'imitèrent et le roi Efray souffla en passant près de moi :

— Pardonnez mon attitude irrespectueuse Gabrielle.

— Vous serez pardonné quand vous arrêterez de me considérer comme une petite chose fragile.

Le Prince et la quête de l'Hibiscus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant