Le Prince et la quête de l'Hibiscus.

Chapitre 3

— Tu as vraiment fait ça ? dit ma soeur en riant.

Mon propre rire faisait écho au sien pendant que j'acquiesçai. Après avoir laissé le souverain, j'étais allé parler à mon père de nos découvertes et de ma décision. Mais malgré toutes mes protestations, il avait ordonné que nous ne partions que le lendemain avec une garde renforcée et qu'en aucun cas, je ne devrais toucher quelqu'un. On avait aussi discuté du fait ou non d'informer le peuple. Des rumeurs avaient déjà dû se répandre et notre silence pourrait nous coûter extrêmement cher. Père me promit de s'entretenir avec les médecins pour mettre en place un système visant à protéger la population de cette maladie.

Après ce débat, j'étais parti dans ma chambre où m'attendait ma petite sœur. Gardant sous silence les véritables causes de mon départ pour ne pas l'inquiéter, je lui racontai une partie de ce qu'il s'était passé avec le roi Efray et la fin principalement.

— Tu n'as pas peur qu'il essaye d'en profiter ? chuchota-t-elle avec un regard subjectif.

— Bien sûr que non ! protestai-je avec trop de force.

— Oh ! Tu peux avouer qu'il ne te laisse pas indifférent.

Je rougis en repensant à lui, ses yeux qui me dévoraient, mais le souvenir de lui me prenant pour une femme revint également. Un profond soupir franchit mes lèvres laissant entendre ma déception.

— Sauf qu'il n'est pas pour moi. Il aime les femmes et je n'en suis pas une. Il s'entête à ne pas me croire.

Ma sœur posa sa main sur mon bras en signe de soutien. Je ne savais même pas pourquoi cela me perturbait. Jamais quelqu'un ne m'avait fait ressentir ce genre d'attirance, de magnétisme comme lui. Beaucoup avaient essayé de me séduire, mais mon cœur restait froid à leurs attentes au point où je me demandais si un jour mon être s'enflammerait pour quelqu'un. Ce qu'Efray me provoquait était si nouveau que je me retrouvais démuni face à son attitude.

Je le savais, c'était une cause perdue de toute façon. Ddès qu'il réaliserait son erreur, il s'éloignerait. Mieux valait rester distant et me protéger au mieux ou je risquais de souffrir.

Pigri sauta avec élégance sur le lit et vint se blottir contre moi en ronronnant. Je le caressai appréciant toujours autant son contact.

— Je vais devoir m'absenter quelques jours Pigri. Sois sage en mon absence.

Il me répondit d'un « miaou » fâché. Je savais qu'il n'était pas content, mais qu'il me pardonnerait vite. On était fusionnel lui et moi, depuis son arrivé, on ne se quittait pas.

Après avoir parlé d'Efray, détournant mon esprit de mon voyage et de son importance, nous partîmes manger avec nos parents et notre invité. Mon père nous prit à part un instant pour nous demander de ne pas créer d'incident diplomatique à cause de ce que notre hôte pensait de moi. Cette demande s'adressait surtout à ma mère qui avait entendu ce qu'il s'était passé et qui voulait y mettre son grain de sel.

Il fallait dire que ma génitrice avait un très fort caractère, l'expression une main de fer dans un gant de velours n'avait jamais mieux convenu pour décrire quelqu'un. Elle n'avait pas d'origine royale, mais avait rencontré mon père lors d'un concours équestre où elle avait participé, se grimant en homme pour démontrer qu' une femme pouvait être aussi douée qu'un cavalier. Sacrée histoire en y repensant. Père me disait souvent que j'étais la copie de ma mère et que cela le terrifiait un peu.

Finalement le dîner s'était déroulé sans souci, même si mon père fit les gros yeux à ma mère dès que celle-ci voulut reprendre le roi Efray quand il m'appelait « princesse ». Ce dernier nous parlait d'ailleurs de son royaume pour détendre l'atmosphère. J'appris ainsi qu'il était agriculteur d'origine. Cela ne m'avait qu'à moitié surpris de par mon précédent constat sur ses mains abîmées. Cependant, tout dans son allure laissait transparaître le chef qu'il était. L'envie d'en connaître plus sur sa vie et sur lui me prit. Peut-être que nous pourrions en discuter pendant notre trajet ?