La route commença à se paver et on sortit enfin de la forêt. Une tour de guet se présenta après quelques minutes sur notre gauche, mais aucun garde ne se présenta à notre vue.
— Le roi Isidore sait que nous sommes arrivés, déclara Efray. Restez sur vos gardes.
Ses propos m'étonnèrent, mais je devais avouer que n'avoir aucune sentinelle à ce poste pour un royaume aussi militarisé était suspicieux. Le temps nous donna raison quand un groupe d'une vingtaine de chevaliers arrivèrent à notre rencontre.
— Altesses. Le roi Isidore nous envoie vous servir d'escorte, nous interpella un homme chauve dans la quarantaine.
— Parfait, nous vous suivons, déclara Efray.
Ils commencèrent à nous encercler et mes guerrières se mirent sur leurs gardes instinctivement. Les individus gloussèrent, peu inquiets, et je fis un signe discret pour calmer mes gardiennes. Je n'appréciais clairement pas ces hommes non plus, mais mieux valait ne pas ouvrir les hostilités tant que nous n'avions pas la fleur en notre possession. Et dans cette étrange atmosphère, nous avançâmes dans les terres de l'Est.
Les gens que nous croisions sur notre route avaient un comportement qui me faisait trembler. Quand ils voyaient les soldats qui nous accompagnaient, ils baissaient la tête et ne bougeaient plus. Un tel signe de soumission n'augurait rien de bon. Une angoisse me traversa et je dus prendre sur moi pour ne rien laisser paraître.
La même scène se répéta en ville. Les villes de mon royaume me revinrent à l'esprit, avec leurs villageois riant, souriants, s'énervants et négociants. Le malaise était palpable et je plaignais les sujets de ce roi.
Le château s'imposa peu à peu à nous. Ses pierres blanches étaient plutôt belles, mais rien de plus ne démontrait une quelconque esthétique. Les fenêtres étaient plutôt petites et des pics entouraient le château à plusieurs pieds de hauteurs. Il était clairement fait pour supporter une guerre, solide et peu accessible autrement que par la porte d'entrée. Tout en lui imposait sa force écrasante aux visiteurs.
Les portes étaient protégées par deux gardes avec un air peu amène. On descendit de nos montures qui furent emmenées par des serviteurs vers une écurie pour se reposer. Une pointe de tristesse et de détresse me traversa en les voyant s'éloigner. Efray passa devant moi et me jeta un regard sévère, me rappelant que même parmi les miens, je n'étais pas en territoire allié.
Tournant ma tête vers Elga, elle hocha la tête et je lui rendis avec un léger sourire. Ma tutrice était d'un courage incroyable et d'un soutien redoutable. Je me dirigeais vers la porte avec mes guerrières près de moi, rassemblant toute la volonté que je possédais pour affronter ce souverain.
Une fois rentrée, je fus surpris par la lumière de l'endroit. Malgré les petites ouvertures, elles étaient finalement assez nombreuses pour éclairer l'endroit en les couplant à des bougies et autres chandeliers. La salle de réception du château s'offrit à notre vue, un classique pour ce genre d'endroit. Le trône au fond était impressionnant, mais celui qui était assis dessus l'était bien plus encore.
Appuyé nonchalamment contre le siège royal, ses yeux d'un vert clair nous détaillaient. En fait, j'avais l'impression que c'était moi qu'il analysait. Son regard était celui d'un prédateur ayant trouvé sa proie. Je ne pouvais y discerner que la haine et l'envie de tuer.
Sa chevelure était d'un blond foncé et ses vêtements n'étaient que faussement riches. C'était un tueur. Il embaumait la destruction et le plaisir de tuer. Un frisson de terreur me parcourut et même si je n'en avais rien fait paraître, un sourire malsain naquit sur ses lèvres.
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Le Prince et la quête de l'Hibiscus.
FantasyUn danger menace le royaume d'Erodal et tout ceux avoisinant, une épidémie se répand. Apprenant cela, le prince Gabriel décide de prendre la situation en main et de trouver l'antidote. Pour se faire, il devra aller plus loin qu'il n'a jamais était...