Panser les plaies
— Comme vous voudrez, répondit Gabrielle. Je vous remercie d'être venu à mon secours. Je peux connaître votre prénom ?
— Maël.
— Je pense qu'il va falloir faire des points, précisa Gabrielle après avoir désinfecté et observé la plaie sur l'épaule de Maël qui hocha seulement la tête et demeura silencieux.
Gabrielle fit de son mieux pour ne pas prêter attention à la brûlure qu'elle avait ressentie au bout de ses doigts en effleurant la peau de Maël et se mit à recoudre les chairs avec finesse et précision. Elle resta penchée sur lui quelques minutes, l'air concentré, les lèvres pincées. Elle sentait pourtant sur elle le regard de Maël.
— Est-ce qu'il vous a fait mal ? finit-il par demander, une colère sourde dans la voix.
Gabrielle se redressa et le fixa.
— Non, il n'en a pas eu le temps. Grâce à vous.
Maël ne quitta pas son regard durant de longues secondes. Ses yeux semblaient être deux îles abandonnées, livrées au chaos et aux lamentations. Sombres, mystérieux. Ils étaient un lieu où il était facile de se perdre et de se noyer. Gabrielle en eut des frissons et baissa la tête avant de couper le fil.
— Voilà, c'est fini.
— Si vous ne veniez pas d'être agressée, je vous aurais allongée sur ce lit pour vous faire l'amour. Vous êtes très désirable et j'ai très envie de vous.
Sous le choc de ces paroles lâchées comme ça, sans préavis, sans signe annonciateur, Gabrielle laissa tomba son plateau de soins sur le sol. Il rebondit dans un bruit aigu et franchement désagréable.
— Je vous demande pardon ? répliqua-t-elle en se baissant pour ramasser ses affaires.
— Vous avez parfaitement entendu, répondit Maël en affichant un sourire brûlant.
— Vous êtes plutôt direct.
— Je n'aime pas perdre mon temps.
— Je vois, murmura Gabrielle, la gorge serrée.
Maël s'était approché d'elle, son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du sien. Il prit le plateau et le déposa sur le lit, conservant cet étrange sourire. Gabrielle recula mais son dos heurta le mur.
— Je vous fais peur ?
— Non. Vous ne m'avez pas aidée pour me faire du mal ensuite, ce serait ridicule, répondit-elle, davantage pour se persuader de la logique de sa réflexion que pour répondre à Maël.
— Sauf si je vous voulais pour moi tout seul, je n'aime pas partager.
Sur ces mots, Maël glissa sa main autour du cou de Gabrielle, se pencha à son oreille et se mit à rire doucement. La jeune femme demeura immobile, un incendie au creux du ventre. Il aurait très bien pu arracher sa blouse, là, tout de suite, maintenant, qu'elle n'aurait rien fait pour l'arrêter. L'attraction était bien trop intense, aux frontières de l'irréel et de la folie.
— Vous ne vous défendez pas ? murmura Maël.
Gabrielle ne répondit pas, elle avait perdu le fil de ses pensées. Maël attrapa ses poignets pour les bloquer au-dessus de sa tête sans ménagement. Sa violence fit sursauter Gabrielle, des images de son agression lui revinrent par fragments. Les bruits de pas, son cri étouffé, le poids de l'homme sur elle. Elle voulut se dégager mais Maël la retint d'une main, posant la seconde sous son menton. Il bloqua son visage de manière à croiser ses yeux et dit froidement :
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Kill me, baby
RomanceIl voulait se venger Mais il ignorait qui elle était réellement... L'amour peut-il vraiment tout surmonter ?