Chapitre 4

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Vertiges nocturnes

Mylan remplit deux coupes et s'adossa au comptoir, un regard bienveillant posé sur les deux jeunes femmes qui lui faisaient face. Elles trinquèrent et vidèrent leur coupe dans un éclat de rire.

— Et bien les filles, si vous commencez comme ça la soirée, je n'imagine pas l'état dans lequel vous allez finir, s'exclama Mylan en les servant à nouveau.

—Ne joue pas les papas, répliqua Lucie. Nous sommes de grandes filles.

—De grandes filles inconscientes, oui.

Elles pouffèrent puis se levèrent pour rejoindre la piste de danse. Certaines filles faisaient leur show sur les estrades devant les regards médusés des clients. Lucie entraîna Gabrielle sur l'une d'elles, l'encourageant à monter avant de saisir la barre de métal qui trônait au milieu.

— Tu es folle, je ne vais pas danser là-dessus, s'inquiéta Gabrielle.

—Allez, lâche-toi, ce soir c'est la fête !

Elles restèrent au Luxury deux heures puis se rendirent ensuite sur le Cours Saleya à la recherche d'un autre pub. Il faisait froid mais l'alcool qui coulait dans leurs veines les réchauffait un peu. Tandis qu'elles pénétraient au Trois Diables, attirées comme des papillons par la musique, Lucie reçut un appel qui dura cinq minutes à peine. Elle raccrocha, prit la main de Gabrielle et la tira vers l'extérieur.

— Changement de programme ma belle, Franck passe nous prendre place Masséna. Il nous amène à une soirée privée dans une villa au-dessus de Villefranche. T'es partante, n'est-ce pas ?

—Tu me connais, répondit Gabrielle, d'un air entendu.

La villa dans laquelle Franck les avait conduites était immense. Grandiose semblait même être un mot plus approprié. Elle sentait le luxe à plein nez mais surtout les ennuis. Il devait y avoir une dizaine de pièces aux atmosphères différentes selon la musique proposée. Évidemment, la villa était pourvue d'un très grand jardin ainsi que d'une piscine. Des tables avaient été disposées dehors malgré l'hiver et des chauffages extérieurs encourageaient les invités à braver le froid pour boire leur verre ou fumer une cigarette.

Gabrielle était abasourdie, elle n'avait pas l'habitude de fréquenter ce genre d'endroit où l'argent devait pleuvoir sur le toit comme une averse automnale. Elle suivit Lucie dans une première salle assez vaste dans laquelle se trouvaient un sofa rouge ainsi que plusieurs poufs assortis. Sur une table basse en verre, elle aperçut plusieurs lignes de poudre blanche disposées de manière méthodique et quatre filles agenouillées devant, un billet roulé entre les doigts. Une musique plutôt douce s'élevait d'une chaîne placée à même le sol dans un coin de la pièce. Lucie écarquilla les yeux et recula en agrippant le poignet de Gabrielle.

— Oula, trop sinistre ici, viens on bouge, ça a l'air plus sympa près de la piscine.

Elles descendirent les escaliers qui menaient au jardin et se mêlèrent au reste des invités en se déhanchant sur l'air latino qui planait autour d'eux. Lucie parvint à obtenir deux mojitos, puis deux autres encore. Elles dansèrent longtemps, ivres d'insouciance et de liberté sans prêter attention à ceux qui les bousculaient pour se frayer un chemin. L'ambiance était plutôt légère, festive. Des groupes s'étaient formés, ceux qui restaient agglutinés près du comptoir improvisé, ceux qui ne quittaient pas leur table et ceux qui avaient décidé de brûler la piste jusqu'au bout de la nuit.

Assoiffée, Lucie et Gabrielle firent une pause. Franck et un autre homme leur firent un signe de la main pour qu'elles viennent rejoindre leur table sur laquelle une bouteille dans un seau à glace était posée. Elles n'hésitèrent pas et se faufilèrent jusqu'à eux.

Kill me, babyWhere stories live. Discover now