Chapitre 12

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De roses et d'épines

Au Luxury, l'ambiance était plutôt morne ce soir-là. Peu de monde, le patron tirait la gueule parce qu'il venait de se disputer avec sa femme et les filles, d'ordinaire souriantes, semblaient, elles aussi porter la tristesse de Mylan. Cette atmosphère était assez désarmante mais Gabrielle ne fit aucune remarque lorsque le barman lui servit le cocktail qu'elle avait commandé en lui adressant un clin d'œil complice, comme s'il avait lu dans ses pensées. Lucie ne tarda pas à la rejoindre, elle venait tout juste d'achever son show et s'installa sur un tabouret à côté de son amie en s'essuyant délicatement le front d'un revers de la main. Elle demanda un verre d'eau qu'elle vida d'un trait avant de reporter toute son attention sur Gabrielle.

— Mauvaise soirée, lâcha-t-elle en soufflant. Mylan a le moral plus bas que terre et j'ai comme l'impression que sa baisse de forme affecte tout le personnel. Et toi ?

— Je n'ai pas encore tout à fait récupérer de ma journée d'hier mais bon, ça peut aller. Tu viens à la maison ? J'aimerais te parler un peu plus au calme.

Les yeux de Lucie se mirent à briller, elle se pencha vers Gabrielle en affichant un sourire béat.

— Je t'arrête tout de suite, je n'ai pas l'intention de te parler de Maël ni de la couleur de son caleçon, c'est clair ? Oublie ce mec, il ne s'est rien passé et il ne se passera jamais rien.

— C'est ce qu'elles disent toutes quand elles sont coupables ! s'exclama Lucie, triomphante. C'est ce qu'elles disent toutes !

Gabrielle leva les yeux en l'air en faisant mine d'être profondément désespérée par l'entêtement de son amie avant de lui répondre :

— Sérieusement Lucie, je l'ai déjà oublié. Je ne veux pas te parler de lui mais de nous, toi et moi.

— Oula Gaby, ne le prends pas mal mais t'es pas vraiment ma came ma poulette.

— Ce que tu peux être bête parfois, répliqua Gabrielle en riant. T'as très bien compris.

Le visage de Lucie s'assombrit un court instant. Bien sûr qu'elle avait compris. Ce qui l'étonnait vraiment d'ailleurs car elle savait que son amie n'aimait pas aborder le sujet et qu'elle faisait tout pour le fuir. Elle acquiesça et récupéra ses affaires derrière le comptoir avant de se diriger vers la sortie. Gabrielle lui emboîta le pas après avoir salué, d'un geste de la main, le pauvre Mylan qui paraissait vraiment abattu.

Gabrielle grimpa les escaliers à la hâte sans prêter attention aux plaintes répétitives de Lucie qui ne comprenait pas un tel empressement.

— Minute papillon, je suis vidée moi ! T'as vu à quelle allure tu marches depuis qu'on a quitté le bar. J'en peux plus, sérieux.

Arrivée sur le seuil de sa porte, Gabrielle se figea et Lucie manqua de la bousculer.

— Voilà qu'elle s'arrête sans prévenir maintenant ! T'as vu un fantôme ou quoi ?

Lucie passa devant mais elle adopta la même posture que son amie lorsqu'elle vit, posé sur le sol, un énorme bouquet de roses blanches. Elle se pencha pour le ramasser et le tendit à Gabrielle avant de lui faire face, les poings sur les hanches, adoptant l'attitude d'une personne qui serait en droit d'obtenir quelques informations supplémentaires quant à une situation qui lui échapperait quelque peu. Pour parfaire son rôle d'emmerdeuse, elle se mit même à taper du pied en rythme en faisant les gros yeux.

— Donc tu disais qu'il ne s'était absolument rien passé et qu'il ne se passerait jamais rien ? Mais bien sûr ! Tu me déçois Gaby. Je croyais qu'on pouvait tout se dire.

Kill me, babyWhere stories live. Discover now