Chapitre 7

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Le connaître

Gabrielle leva les bras et Maël fit glisser son pull avant de le jeter au sol. La sensation du tissu sur sa peau éveilla en elle un désir étrange et incontrôlable. Elle avait beau être en colère contre Maël, elle ne parvenait pas à maîtriser l'attirance qui la reliait à lui. Il agissait sur elle comme un aimant et rien ne semblait capable de mettre un terme à cette force attractive, animale et féline qui noyait son esprit lorsqu'il se trouvait à quelques centimètres d'elle. Gabrielle avait tenté de raisonner, de réfléchir quant au désir qu'elle éprouvait pour lui en se répétant qu'il s'agissait d'une sorte de syndrome du chevalier blanc parce qu'il lui était venu en aide, mais même cet argument n'était pas de taille à balayer son visage de ses pensées nocturnes, de ses pensées secrètes.

Maël fit ensuite glisser ses mains jusqu'à sa taille et déboutonna son jeans sans la moindre hésitation. Il le baissa jusqu'à ses chevilles, Gabrielle retira un pied puis l'autre avant de se retourner pour planter son regard dans celui de Maël.

— Il ne se passera rien, dit-elle, plus pour se convaincre elle-même que pour avertir Maël.

— Sois tranquille, je ne te forcerai pas, répondit Maël, un léger sourire sur les lèvres. C'est toi qui me supplieras d'éteindre le feu que je sens naître en toi à chaque fois que je m'approche.

— Tu es un prétentieux, rétorqua Gabrielle.

— Non, juste observateur. Allez, rentre là-dedans.

Maël la poussa doucement vers le jacuzzi et Gabrielle y entra sans se faire prier. L'eau était délicieusement chaude sur sa peau et contrastait avec la fraîcheur de l'hiver qui tardait à s'en aller. Elle observa Maël se dévêtir et constata qu'il n'avait pas qu'un seul tatouage comme elle le pensait mais que son dos était également recouvert d'encre. Elle n'eut pas le temps de tout détailler mais vit des écritures latines, des ombres, des sortes de flammes, les aiguilles d'une horloge. Tout ceci formait une fresque cohérente et plutôt sombre. Gabrielle aperçut les cicatrices et détourna le regard. L'envie de connaître leur provenance était trop forte. Maël vint s'asseoir à côté d'elle et posa ses coudes sur le rebord.

— Alors ce cauchemar ? On en parle ? lança-t-il sur un ton désinvolte.

— Et si on parlait de toi plutôt ?

— Que veux-tu savoir ?

— Tu fais quoi dans la vie ? Ce serait un bon début, tu sais que je suis infirmière, nous serions à égalité.

Maël sourit, pencha légèrement la tête, sembla réfléchir quelques secondes et acquiesça.

— Tu as raison. Je suis tatoueur. J'ai ouvert mon propre salon il y a deux ans. Il est situé dans le Vieux-Nice.

— Tatoueur ? Comment as-tu pu t'offrir une maison pareille ? Je m'attendais à te découvrir patron d'une grande chaîne, avocat, chirurgien ou banquier ! s'exclama Gabrielle en éclatant de rire devant l'expression incrédule de Maël.

— Tu crois vraiment que j'ai une tête à être banquier !

— Non, c'est vrai. Tatoueur te va comme un gant.

Le visage de Maël s'assombrit soudainement, un voile se déposa sur ses yeux et il détourna le visage avant de dire :

— La maison...c'est un héritage familial. Mes parents sont morts dans un accident de voiture. Mon frère était avec eux. J'ai tout perdu d'un seul coup.

— Je suis vraiment désolée, je me sens très mal là. Je n'aurais pas dû te parler de la maison, ça ne me regardait pas en plus. C'était déplacé.

— T'inquiète. Je vis avec depuis cinq ans. J'ai réussi à dépasser la douleur. Il ne me reste que la colère.

Gabrielle sentit sa gorge se serrer et son cœur bondir dans sa poitrine. Quelque chose clochait dans les révélations faites par Maël. La conversation qu'elle avait eue la veille avec sa meilleure amie surgit dans son esprit comme une lame froide et subtile enfoncée dans les chairs. Un voile se déposa sur ses yeux et obscurcit sa vue. Était-ce possible ? Le hasard était trop grand, trop vertigineux pour n'être qu'une coïncidence innocente. Elle voulut se lever pour quitter le jacuzzi, se revêtir et s'éloigner des doutes qui la rongeait insidieusement mais Maël lui barra le passage de sa carrure imposante.

— Où comptes-tu aller comme ça ? demanda-t-il d'une voix douce et grave.

— J'ai un peu froid, répondit Gabrielle en se frottant les épaules pour joindre le geste à la parole et donner un peu de véracité à ses propos.

— Si tu es mal à l'aise à cause de ce que je viens de te révéler, j'aimerais mieux que tu oublies. Je n'ai pas envie que tu t'en ailles. Reste encore un peu.

Gabrielle hésita, haussa les épaules puis finit par accepter de reprendre sa place aux côtés de Maël. Une fois la tension apaisée, ils discutèrent durant de longues minutes. Gabrielle fut surprise de constater que, sous ses airs de dom juan moderne, Maël était un homme cultivé, passionné d'arts et de littérature. Ils quittèrent le jacuzzi pour se rendre dans une pièce qui servait de bureau, lieu de toutes les créations de Maël. Il possédait également une belle bibliothèque où les classiques littéraires s'empilaient. Gabrielle caressa du bout des doigts une feuille sur laquelle était dessinée, au crayon gris, une étrange créature mythologique.

— Tu as beaucoup de talent, murmura-t-elle, conquise par les traits précis et délicats, la puissance de l'imagination. Tu dessines tous tes modèles ?

— Généralement. Ceux qui viennent se faire tatouer aime la singularité. J'ai aussi des demandes de reproduction mais ça m'éclate moins, c'est sûr.

—C'est douloureux ?

—Un tatouage ?

Gabrielle acquiesça.

— Non, répondit Maël, un sourire coquin sur les lèvres. Tu veux essayer ?

— Tu me dis ça pour me convaincre. Je n'ai aucune idée de ce que j'aimerais de toute façon. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère.

— Je pourrais te dessiner quelque chose qui te ressemble.

— Tu ne me connais pas assez pour ça.

— J'espère bientôt te connaître davantage.

La réponse de Maël troubla Gabrielle et elle eut beaucoup de mal à le dissimuler. Lorsqu'il prenait cet air sûr de lui et confiant, il était encore plus séduisant. Cet homme était redoutable, magnétique, à fuir de toute urgence...

Kill me, babyWhere stories live. Discover now